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Suicide chez les LGBT*IQ: un tabou à briser

Suicide chez les LGBT*IQ: un tabou à briser

Auteurice Fanny Scuderi, 18 novembre 2017
Illustrateurice
Type de publication

Les jeunes LGBT*IQ[1] sont plus touchés par les risques de suicide qu’unE jeune hétérosexuelLE et cisgenre. Au sein de la communauté arc-en-ciel, des mesures ont été mises en place afin de prévenir les comportements à risque et offrir des structures d’aide et d’accueil. Explications.

Par Fanny Scuderi publié le 18.11.2017, photo ©Ludovic Bertron

De manière générale, chez les jeunes SuisseSSEs, les premières causes de mortalité sont les accidents de voiture et le suicide. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes: le risque de tentatives de suicide est 2 à 4 fois plus élevé chez les jeunes lesbiennes et bisexuelles[2] et 2 à 5 fois plus élevé chez les jeunes gays et bisexuels que chez les jeunes hétérosexuelLEs, selon une étude menée par Dialogai et l’Université de Zurich. Pourquoi sont-ilsELLES plus exposéEs? “Car l’homophobie et la transphobie sont encore trop présents dans notre environnement”, nous répond Delphine Roux, coordinatrice de la Fédération genevoise des associations LGBT*. D’ailleurs, “la moitié des jeunes LGBT*IQ disent avoir été victimes, au cours des 12 derniers mois, d’au moins une forme de violence (agressions verbales et physiques, harcèlement sexuel)”, précise-t-elle. La période adolescente est pour touTEs un moment crucial pour le développement des jeunes adultes, chez les LGBT*IQ , elle l’est encore plus. La puberté est une période difficile pour les personnes trans* car le corps dans lequel ilsELLEs ne se reconnaissent pas se modifie. “Tous les signes du sexe dans lequel ils ne s’identifient pas apparaissent, s’intensifient et c’est insupportable pour eux. C’est d’ailleurs pourquoi les bloqueurs de puberté ont tout leur sens.” explique Alexia Scappaticci, coordinatrice du Refuge Genève, un espace d’accueil pour les jeunes LGBT*IQ en difficulté. Un enfant prend conscience de son attirance pour une personne du même sexe que lui à environ 12 ans. En moyenne, le coming out se fait à l’âge de 17 ans nous dit Alexi Scappaticci. Ces chiffres peuvent différer, mais ils permettent de comprendre qu’entre la prise de conscience et son coming-out, unE jeune LGBT*IQ est isoléE. Et l’isolement est l’un des facteurs les plus importants pour le moral du/de la jeune.

 

Et ceci, Alexia Scappaticci l’a noté lors de son travail. Tout d’abord, lorsque quelque chose ne va pas et qu’unE jeune se fait du souci, ilELLE peut généralement trouver du soutien auprès de sa famille. Hors, dans le cas d’unE jeune LGBT*IQ, le rejet et la peur du rejet l’isolent et l’empêchent de se confier. La famille est généralement source de soutien, mais dans ce cas-ci, le rejet familial ou la peur du rejet a un impact très important sur le moral du jeune. La période autour de la première annonce à son entourage présente d’ailleurs le plus grand risque de suicides. Et à l’école, l’environnement est aussi difficile pour ces jeunes. Delphine Roux nous le rappelle: être LGBT*IQ est la deuxième cause de harcèlement dans les établissements scolaires. La première cause est l’apparence et elle va souvent de paire si l’orientation sexuelle réelle ou supposée de l’élève n’est pas hétérosexuelle. L’homophobie et la transphobie touchent une part importante des étudiantEs: un tiers des élèves se définissant comme hétérosexuelLEs sont aussi cibléEs par l’homophobie et la transphobie. Durant la période scolaire, les jeunes LGBT*IQ sont isoléEs et les écoles ne sont pas toujours formées pour appréhender cette problématique. Des ateliers donnés par la Fédération genevoise des associations LGBT* ont lieu, mais ils ne sont pas systématiques, car ils dépendent de la demande des écoles. De plus, ils sont donnés principalement au post-obligatoire, soit lorsque les élèves ont entre 15 et 18 ans.

 

D’autres mesures sont prises au sein des établissements, comme utiliser les prénoms d’usage, faire les changements administratifs nécessaires au bien-être du/de la jeune et former les enseignantEs. Mais la puberté reste une période cruciale pour ces jeunes. Rejeter car ilsELLES sont trans*, l’enquête révèle que 89% des élèves trans* ont été injuriéEs à l’école, 55% physiquement harceléEs durant les 12 mois précédant l’enquête. La situation des jeunes lesbiennes, gays et bisexuelLEs et trans* reste ainsi inquiétante. L’homophobie et la transphobie tuent. Une étude montre qu’un tiers des jeunes trans* a fait une tentative de suicide, explique la coordinatrice du Refuge. Ces derniers ont 10 fois plus de risques de se suicider que les personnes cisgenres[3] selon un document de l’association Stop Suicide. Et leur situation est invisibilisée, souligne Delphine Roux: les recherches concernant les situations de ces jeunes sont rares. Selon le document de Stop Suicide, les tentatives de suicide ont majoritairement lieu avant une possible transition de genre, ou lorsque celle-ci est souhaitée mais pas possible. C’est pourquoi rendre possible les transitions plus tôt est nécessaire.

Les institutions politiques sont, elles, au courant de ces problématiques. Elles s’allient au côté des associations, comme le montre les premières Assises contre l’homophobie, qui, en 2009, réunissaient les organismes publics en lien avec l’éducation. Depuis 2013, la Ville de Genève met en place une campagne de sensibilisation le 17 mai, Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. La Ville s’est d’ailleurs dotée d’un poste dédié aux questions LGBT*. Bien que ces actions soient positives, les remarques homophobes que tiennent certainEs éluEs, à l’instar de Laurent Leisi, confirment qu’un travail de fond doit être réalisé au sein des institutions. Augmenter la visibilité de cette question, améliorer la prise en charge, sensibiliser les institutions publiques et médiatiques est une lutte de tous les jours que les associations entreprennent avec conviction.

 

 

Les coordonnées du Refuge Genève:

Refuge Genève

Rue de la Navigation, 13 1201 Genève

+41 22 906 40 35

+41 76 439 52 49 (WhatsApp)

accueil@refuge-geneve.ch

https://refuge-geneve.ch/

 

 

[1] LGBT*IQ: lesbiennes, gays, bisexuelLEs, trans*, intersexe et queer.

[2] Selon une étude de la Fondation PROFA.

[3] Cisgenre: personne dont l’identité de genre correspond au sexe de naissance.

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