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Tester l’écriture inclusive

Tester l’écriture inclusive

Auteurice Sonia Imsang, 8 novembre 2018
Type de publication

La rédaction française de Spectrum, le journal universitaire de Fribourg, a décidé de tester l’écriture inclusive. Retour sur ce changement.

«Nous vous proposons (…) d’établir un équilibre scriptural dans lequel les femmes seront à nouveau rendues visibles»

«Nous en sommes convaincus: la justesse des mots, de leur utilisation compte et impacte notre regard sur le monde».

Voici une partie des explications du magazine universitaire fribourgeois Spectrum après l’annonce de l’utilisation de l’écriture épicène et inclusive dans ses futurs numéros, en mai dernier, et ce pour une phase test.

 

L’importance de l’écriture

Cerise Drompt est la rédactrice en chef de la partie francophone du magazine Spectrum depuis février 2018. Elle a «insufflé les premières brises d’un débat» sur l’écriture inclusive au sein de la rédaction: «Je ne voulais pas arriver directement avec mon idée et que tout le monde soit d’accord, mais avoir une démarche de réflexion en ayant des discussions sur plusieurs séances. Cela a créé des débats vraiment intéressants», raconte cette étudiante en économie politique. Pour cette dernière, l’écriture représente le cœur d’un journal, il est donc important d’y réfléchir: «Il faut dépasser l’aspect esthétique de l’écriture inclusive et penser à ce que cela va permettre et ce que cela va induire».

Au sein de son équipe, Cerise Drompt a récolté des avis plutôt tranchés après avoir amené l’idée sur la table. Ceux-ci sont allés des grands encouragements à des refus affirmés. Elle nous fait remarquer que dans la rédaction, il y a eu des filles contre et des garçons pour. Mais au final, la phase test a commencé et tout le monde a joué le jeu.

 

©Spectrum – Equipe du magazine

 

Aujourd’hui, la rédaction semble s’être habituée à ce changement, «c’est un effort d’attention plus que de réflexion et tout le monde s’y est bien accoutumé», explique l’étudiante. «Finalement, ceux qui étaient le plus réfractaires au changement d’écriture, sont ceux qui vont réussir au mieux l’exercice, c’est assez paradoxal». Une réussite qui viendrait d’un effort supplémentaire de leur part, ces derniers cherchant à éviter les points médians et utilisant des mots ficelles, ce qui va faciliter la lecture finale.

 

Des avis tranchés

Quand la rédaction de Spectrum s’est lancée dans l’aventure de l’écriture inclusive, cette dernière a demandé l’avis de ses lecteurs et ses lectrices en postant un appel dans leur journal, mais aussi sur leur site internet. Seul deux avis ont été publié sur le site : l’un négatif, l’autre positif. Le premier, rédigé par un homme, dénonce une «nouvelle dérive d’un féminisme ayant tourné à l’hystérie jusqu’au-boutiste», l’autre, rédigé par une lectrice, les félicitant, tout en relevant plusieurs masculins génériques encore présent dans le numéro. Deux avis à l’opposé, qui démontrent d’une certaine tension autour du propos.

 

© Spectrum – Spectrum le magazine des étudiant-e-s de l’Unifr

 

En dehors des avis du site, différents lecteurs et lectrices ont répondu à l’appel en écrivant à Spectrum. Selon la rédactrice en chef, parmis les répondantEs : «Les hommes étaient contre et les femmes étaient pour». Cela vient, d’après elle, du fait que les personnes qui prennent le temps de répondre à ce genre d’annonce ont souvent un avis très catégorique et ne vont pas exprimer une certaine neutralité.

«Je conseille à toutes les rédactions de tester l’écriture inclusive, je ne regrette pas ce choix et c’est un passage important, mais nous ne souhaitons pas montrer un exemple qu’il faudrait forcément suivre ni être dans une démarche purement politique», a précisé Cerise Drompt. Selon elle, le milieu universitaire permettrait particulièrement ce genre d’exercice, le risque de perte de lecteurs et lectrices étant moins grand en comparaison à un journal traditionnel qui ferait le choix de passer à l’écriture inclusive.

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