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Sport, viol et célébrité: Comment bien traiter ces affaires qui défrayent la chronique ?

Sport, viol et célébrité: Comment bien traiter ces affaires qui défrayent la chronique ?


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Lorsque l’accusé sort de l’anonymat et est une célébrité, d’autant plus sportive, les enjeux du traitement des violences sexistes se cristallisent. Quels sont les écueils à éviter et comment bien traiter de ces affaires ?

 Il y a eu l’affaire Ronaldo et c’est maintenant également au tour du joueur de Foot Neymar d’être accusé de viol. Il serait faux de prétendre que ces affaires sont des affaires de viol comme les autres. Autour de ces hommes, il y a un milieu particulier qu’est le foot professionnel : beaucoup d’argent, des professionnelLES en communication et surtout une aura et une image de sportif vendues par des sponsors. Ces données-ci ne peuvent pas être écartées lorsque l’on aborde la question du traitement médiatique de ces affaires.

Il faut tout d’abord avoir conscience des enjeux puissants qui se cachent derrière ces affaires. On le sait, les médias ont un impact sur la diffusion des idées reçues sur le viol et ces mêmes idées reçues vont influencer l’opinion publique sur la légitimité de l’accusation en tant que victime et de l’accusé en tant qu’auteur de violence. Cet impact est décuplé lorsque l’affaire touche à des personnalités célèbres. Ces personnes jouent le rôle de modèle. Or les comportements qui seront admis ou non, les idées reçues qu’ils vont véhiculer seront partie intégrante de ce modèle. La question est encore plus prégnante pour les sportifs. En effet, ils véhiculent essentiellement des valeurs positives d’une vie saine, structurée dédiée à l’effort et au dépassement de soi. Une image est décryptée, modifiée, marketée par les sponsors. Il y a donc un choc important entre l’image et l’accusation de viol, dont il fait l’objet. Autrement dit, entre le sportif modèle et le violeur typique.

 Se distancer de la célébrité

 Cette distance, on l’observe dans la description de l’accusé fourni dans les articles. On cite les récompenses, les victoires et la carrière formidable. On met également des images qui renvoient à cette image de sportif, parfois même en accentuant sur le succès, lorsqu’on les voit brandir un trophée ou une récompense. Inconsciemment, on diffuse alors une image complètement différente du « mythe du parfait violeur » et on dit : regarder cet homme, il a tout, pourquoi violerait-il ? C’est pourtant une fausse question, qui omet le caractère systémique et structurel des violences. Il serait bon de distancer la carrière du sportif et ses succès de l’accusation de violence. Une question d’autant plus importante lorsque l’on sait que ces hommes sont entourés de professionnelLES de la communication qui n’hésiteront pas à convoquer les mythes et les stéréotypes pour déplacer l’attention, excuser l’agression et justifier les faits.

Mettre l’accusation au centre

 La question de la carrière du sportif pose aussi la question des conséquences pour l’accusé. Mis en avant à travers la fuite des sponsors pour Ronaldo et la blessure de Neymar, les conséquences de l’accusation des violences fait couler beaucoup d’encre. Ce réflexe aura pourtant tendance à reléguer l’affaire de violence au second plan, voir à la poser dans une succession de malheurs, comme ce fut le cas pour Neymar. Les violences sont ici ainsi minimisées. Plus encore, ce traitement aura tendance à victimiser l’accusé et à invisibiliser l’accusation. On oublie également de parler des conséquences pour la victime qui elle aussi se retrouve bien souvent reléguée en second plan face à la célébrité.

Donner une place à la parole de la plaignante

Il est en effet important de donner dans chaque article une place à la parole de la plaignante et à sa version. Un travail délicat puisque parfois l’anonymat de la plaignante participe également à son invisibilisation face à la célébrité de l’accusé. Il est pourtant du travail duDE LA journaliste de donner une place à chaque version des faits sans prendre parti. Tout comme, il faut avoir conscience des mythes concernant l’auteur des violences, il faut également être attentifVE aux stéréotypes et aux mythes pouvant s’accrocher à la victime. La question de l’argent, très présente dans ce type d’affaires, cristallise ainsi les mythes autour de la femme vénale, qui profiterait du succès d’un homme. Un écueil à éviter à tout prix.

Eviter les feuilletons et mettre en perspective

Le traitement de telles affaires demande ainsi du temps et de la réflexion. Une chose difficile à faire lorsque les articles se succèdent en feuilleton. Il est ainsi bon d’éviter de type de série et de se concentrer sur des articles plus fournis qui permettent de révéler les enjeux de pouvoir, de donner la parole tant à l’accusé qu’à la plaignante et de neutraliser les stéréotypes et les mythes qui pourraient être convoqués. Un article de fond permet également de mettre en perspective et de questionner les affaires dans leur fondement. Que révèlent-elles du milieu du sport et du foot en général ? Il est conseillé dans ce cas-ci de faire appel à unE expertE qui déconstruit et donne une autre lecture de l’affaire. Un dernier conseil qui permet d’utiliser ses affaires pour questionner la société et sensibiliser.

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