Il y a un mois, des slogans étaient scandés à tue-tête à travers la Suisse entière. Des pancartes ont été levées, des bras se sont croisés à 15h24. Des sourires ont été échangés entre celles* et ceux* qui se reconnaissaient à leurs bracelets, à leurs badges, ou à leur foulard et t-shirt violet. Partout, des voix s’élevaient, des voix multiples portant des revendications variées, mais qui convergeaient toutes vers le point suivant: une véritable égalité entre les genres. 

Le 14 juin marque l’aboutissement d’un travail de longue haleine effectué par les collectifs, les syndicats, certainES politicienES, et d’une manière générale par toutes celles et ceux qui ont participé de près ou de loin à cette date historique. Car au-delà de la coordination et de l’organisation de l’événement, il a fallu persuader. Il a fallu conscientiser sur son lieu de travail, expliquer au beau milieu d’une soirée pourquoi on portait un badge violet sur notre sac. Il a fallu donner des cours improvisés sur les stéréotypes de genre et leurs dégâts, avoir constamment les chiffres et les pourcentages sur les violences sexuelles en tête pour les ressortir aux sceptiques (et il y en a eu, beaucoup). Il a fallu développer des trésors de rhétorique pour ne pas se faire asséner le fameux «tu nuis à la cause!» quand le débat se transformait en langue de bois, et rester calme face à la satisfaction des interlocuteuRICES quand ielles parvenaient à placer cette petite phrase.

 

© Marie Winzap – Pancarte, Sion, 14 juin 2019

 

Cet événement doit surtout donner le signal pour une éducation plus égalitaire, dès le plus jeune âge. Parce que le besoin se fait crucial. Parce que dans les discussions parfois houleuses sur l’utilité des grèves, sur le sacro-saint mythe du «en Suisse tout va bien, pourquoi vous vous plaignez» ou encore sur les raisons de l’invisibilité des femmes dans les domaines littéraires, historiques et scientifiques, il se cache surtout des carences importantes en informations sur les questions touchant à l’égalité, au sexisme, aux stéréotypes de genre. Alors, professeurES, parents, amiES, si vous avez bel et bien mérité un repos après le 14 juin, il est temps de reprendre la lutte. Et celle-ci peut prendre différentes formes: au sein de vos bibliothèques, pendant les histoires du soir racontées aux petitES, sur une plage du Léman, lors d’une discussion avec vos voisinES de palier ou avec vos libraires préféréES. Et justement, avec notre sélection personnelle et celle de la librairie Librophoros à Fribourg, cet été s’annonce définitivement dans la continuité du 14 juin 2019. En espérant que l’éducation et l’ouverture d’esprit se propageront comme l’énergie de cette Grève des femmes* 2019, cette liste de lecture (non exhaustive) est un premier pas vers une sensibilisation sur les questions liées à l’égalité.

 

L’importance d’une école pour tousTES: 

Girl rising – Tanya Lee Stone

Dans le monde, 62 millions de filles ne vont pas à l’école. Ce livre dresse le portrait de 9 jeunes femmes vivant dans des pays en voie de développement. Il a pour but de montrer comment l’éducation scolaire accessible à tousTES pourrait résoudre bien des problèmes.
Petit plus: il est possible d’acheter le documentaire Girl Rising ici, disponible en plus de 30 langues différentes.

 

Moi, Malala – Malala Yousafzai

La biographie officielle de la lauréate du prix Nobel de la paix 2014. Une histoire de courage et de force à raconter encore et encore, à se remémorer. Un récit émouvant et accessible.

 

Devenir – Michelle Obama 

Oui, vous l’avez peut-être vu en vitrine des kiosques de gare et oui, vous avez peut-être esquissé une moue dubitative. Il n’empêche que l’autobiographie de Michelle Obama raconte avant tout l’histoire d’une femme qui s’est battue et se bat encore pour une éducation inclusive , égalitaire et accessible. Elle amène aussi à réfléchir  sur les discriminations multiples que vivent des millions de femmes aujourd’hui et pose la question essentielle: qui voulons-nous devenir?

 

Des représentations qui comptent

Pionnières de la Suisse moderne – Tibère Adler, Verena Parzer Epp et Claudia Wirz (éditrices)

Parce qu’on a tendance à parfois les oublier sur la scène internationale féministe, les Suissesses se sont pourtant battues pour pénétrer des bastions considérés longtemps comme exclusivement masculins. Ce livre dresse le portrait de 40 femmes (dont Iris von Roten ou Ella Maillart) en rendant hommage à leur activisme.

 

J’aimerais te parler d’elles – Sophie Carquain

Un documentaire jeunesse qui fait le portrait de 50 femmes inspirantes, de Calamity Jane à Simone Veil en passant par Agnès Varda. On y trouve aussi une petite note à la fin de chaque portrait sur la façon dont ces femmes peuvent nous inspirer aujourd’hui.

 

Il était une fois des femmes fabuleuses – Epoux Von Grüt

Au-delà de l’objet en lui-même, grand format et belles illustrations qui tiennent sur une page entière. Le texte aéré et accessible permet de toucher des lecteuTRICES plus jeunes (à partir de 8 ans). Un beau cadeau à (s’)offrir.

 

Femmes: 40 combattantes pour l’égalité – Isabelle Motrot 

Dans l’esprit de la Grève des femmes*, un livre dressant le portrait de 40 militantes féministes par-delà le monde et à travers les époques: Flora Tristan, Angela Davis, Malala Yousafzai pour ne citer qu’elles. Ce documentaire jeunesse a le mérite de dépasser l’eurocentrisme et d’ouvrir de nouveaux horizons aux plus jeunes.

 

Comme un million de papillons noirs – Laura Nsafou 

Sous forme d’album, cet ouvrage jeunesse (dont les illustrations sont magnifiques) est une belle leçon d’’estime de soi. Dans une littérature jeunesse qui manque cruellement de diversité, Laura Nsafou explique sa démarche « J’ai voulu transmettre un message d’émancipation, de rêverie et d’insouciance. C’est difficile d’être insouciant quand on est un enfant racisé. » Et c’est réussi !

 

Coup de  💜 : Histoires du soir pour filles rebelles, tome 1 et 2  Elena Favilli et Francesca Cavallo

Ce livre, qui est composé de petites histoires tenant sur une page, présente des femmes qui ont marqué d’une manière ou d’une autre leur époque, et est également une mine d’informations pour les adultes. Un vocabulaire simple, avec des illustrations et un graphisme qui ravissent petitES et grandES.

 

Défier les sexisme:

Les mots qui combattent le sexisme – Jessie Magana et Alexandre Messager

Sous la forme d’un abécédaire de 60 mots, ce livre décrypte les aspects du sexisme, avec des mots allant de «Zizi/Zézette» à «Beauté» en passant par «Amazone». A nouveau écrit de manière simple et limpide, il permet de décortiquer le sexisme ordinaire présent un peu partout dans notre quotidien. A partir de 12 ans.

 

Je me défends du sexisme – Emmanuelle Piquet

Un recueil destiné aux 10-15 ans qui ne tombe jamais dans la culpabilisation des victimes. Il se présente sous la forme de quatorze récits de filles qui trouvent des solutions pour faire face au sexisme. Il comporte également des conseils de psychologues et ainsi que des exercices de dialogues fictifs afin de trouver des réparties en situation.

 

Questions de genres:

La différence des sexes – Françoise Héritier

Un livre clair et bien écrit à visée pédagogique car il s’adressait à des élèves. Jamais bêtifiant, il explique et passe en revue les inégalités multiples et leurs origines. Les adultes en apprennent aussi beaucoup.

 

Petit manuel du genre à l’usage de toutes les générations – Charlie Galibert

Un manuel simple qui permet de déconstruire des clichés, de s’informer à travers des exemples de situations sexistes  pris dans les cinquante dernières années.

 

L’égalité filles-garçons: pas bête – Stéphanie Duval et Sandra Laboucarie

Destiné aux plus jeunes, ce livre est composé de réflexions d’enfants recueillies dans des classes de primaire. Il cherche à déconstruire les clichés de manière simple, en utilisant des anecdotes pour mieux comprendre les mécanismes et les codes genrés de notre société.

 

Truc de fille ou de garçon? – Clémentine du Pontavice

Un livre destiné aux tous jeunes, avec de petites illustrations colorées et poétiques pour mieux exposer les stéréotypes de genre.

 

Une histoire à réinventer:

Il était une fois les filles – Patrick Banon

Ce livre, publié chez Actes Sud, peut être lu comme un roman. Il reprend les différents mythes, croyances et stéréotypes qui ont façonné les civilisations et ont participé à la construction de représentations collectives sexistes. Dès 13 ans.

 

Le Mythe de la virilité – Olivia Gazalé

Pour les plus grandES: Olivia Gazalé, une philosophe française, reprend l’histoire d’une virilité construite depuis des millénaires et montre que les hommes ont également beaucoup à perdre du fait de vouloir se conformer à tout prix à une idée de virilité. Cet essai féministe révèle avec brio les impératifs pervers de la virilité dans un ouvrage très synthétique.

 

La fabrique de filles – Laure Mistral

Laure Mistral pose dans cet ouvrage des questions essentielles sur la fabrique des stéréotypes. De nombreuses interventions (notamment Françoise Héritier ou encore Christine Bard) viennent compléter cette mine d’informations et les témoignages de femmes issues de différentes générations et milieux sociaux. Dès 13 ans.