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L’effet Weinstein : doit-on dissocier l’art de l’artiste, ou comment les hommes s’en sortent-ils souvent indemnes

L’effet Weinstein : doit-on dissocier l’art de l’artiste, ou comment les hommes s’en sortent-ils souvent indemnes

Auteurice Alexandra Tavares Agostinho, 1 janvier 2023
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Weinstein, Spacey, Polanski, Allen, Cantat, la liste est longue. Être un homme riche et célèbre semble être devenu la clef pour échapper à la justice. DécadréE analyse pour vous la situation.

Publié le 28.11.2017 par Alexandra Tavares Agostinho Illustration par Alison Rachel Stewart, @recipesforselflove

Si vous avez suivi un tant soit peu l’actualité ces derniers temps, vous n’avez pas pu passer à côté des scandales qui sont venus secouer tout Hollywood. Harvey Weinstein est enfin tombé de son pied d’estale. Le 5 octobre 2017, le New York Times publie un article qui révèle des actes de harcèlements sexuels de la part du producteur. Depuis, de nombreuses femmes ont également accusé Weinstein. Le 31 octobre 2017, c’est officiel: Weinstein, jusqu’alors considéré comme le producteur de films le plus puissant de toute l’industrie, est exclu du syndicat des producteurs et éloigné définitivement du cinéma. Pourtant, toutes les histoires ne se terminent pas ainsi.

Il semble qu’une narrative se soit installée au sein du monde sélectif des célébrités, et elle se répète constamment, et ce depuis bien des années.

En 1977, Roman Polanski plaide coupable dans une affaire de viol sur mineur et est condamné à 90 jours de prisons. Pendant les mois d’octobre et novembre de cette année, la Cinémathèque Française organise une rétrospective sur sa carrière, malgré une nouvelle allégation de viol.

En 1987, Sean Penn envoie sa femme Madonna à l’hôpital après l’avoir battue avec une batte de baseball. Celle-ci ne portera pas plainte. Depuis, Penn a gagné deux Oscars et reçu en 2014 le César d’honneur. [3]

En 1999, Woody Allen est accusé d’abus envers sa fille adoptive Dylan Farrow alors âgée de 7 ans mais les charges sont ensuite abandonnées par l’instruction. En 2014, Allen reçoit un Golden Globe d’honneur pour sa carrière.[4]

En 2003, Bertrand Cantat, chanteur français de Noir Désir, tue sa compagne Marie Trintignant et est condamné à 8 ans de réclusion. Le 11 octobre 2017, Cantat fait la une des Inrockuptibles, journal de musique qui se vend à près de 30 milles exemplaires par semaine. [5]

En 2016, Johnny Depp est accusé de violences conjugales envers sa femme Amber Heard. Ils divorcent, mais les charges ne sont pas poursuivies. En 2018 sortira Les Animaux Fantastiques 2 : Les Crimes de Grindelwald, un film dérivé de la saga Harry Potter, dans lequel Depp tient le rôle principal.[6]

Et la liste ne s’arrête pas là…..Tous sont des hommes qui qui ont été accusés et / ou jugés coupables de violence domestique par leurs conjointEs. Tous sont des hommes dont les carrières et réputations sont restées quasiment intactes.

La société voit ces hommes comme irremplaçables. Leur génie et leur talent, de pair avec leur richesse et leur pouvoir, semblent leur donner une immunité quasi sans faille. De l’autre côté, les femmes sont, elles, victimes de reproches, considérées comme des menteuses, ou ne cherchant qu’à se procurer de l’argent. Quand l’une d’elles décide de trouver le courage de parler de ses propres expériences vécues, elle est toujours soumise à un examen beaucoup plus minutieux que l’homme qu’elle accuse. Même lorsque ces accusations ne lui apportent pourtant rien en retour. Taylor Swift, une de femmes les plus établies du monde de la musique, en a fait les frais plus tôt cette année. Celle-ci a engagé une poursuite contre un DJ pour agression sexuelle, et sitôt, les médias du monde entier ont remis en cause sa parole, l’accusant de vouloir ruiner la carrière du DJ, plutôt que de remettre en cause les actions de ce dernier.

Aujourd’hui, il ne suffit plus simplement d’exposer les actions de ces hommes. En tant que consommateursTRICES, certains choix ont un réel poids. Lorsque la justice légale semble ne pas réussir à jouer parfaitement son rôle, une sorte de justice “sociale” pourrait s’établir. Arrêter de soutenir les productions, c’est arrêter de soutenir les hommes qui les produisent. Aujourd’hui, il faut réfléchir au message qui est transmis en préférant mettre le confort de ces hommes au dessus de la sécurité des femmes qu’ils ont agressé par le passé, et de celles qui sont en danger au présent et au futur.

A partir du mois de décembre, DécadréE a décidé de visibiliser les survivantEs, et de tenir ces hommes responsables des actes qu’ils commettent. Une nouvelle mini-série d’articles vous présentera à chaque fois un problème, avec une situation bien réelle que l’histoire a décidé de faire passer comme un simple fait divers. Être riche n’est pas une porte ouverte pour commettre des actes de violence envers les femmes, il est temps d’en discuter.

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