Les figures de l’ombre, adapté du livre du même nom de Margot Lee Shetterly, est sorti dans les cinémas romands le 6 mars 2017. DécadréE vous donne son avis.
Publié le 06.04.2017 par Catarina Cordeiro
Hidden Figures porte bien son nom. Ses trois personnages principales ont été cachées dans l’ombre de l’Histoire pendant quelques décennies. Toutes trois ont commencé leurs carrières dans l’état de Virginia dans les années 60 et ont beaucoup contribué au succès des États-Unis dans la course de l’espace lors de la Guerre Froide.
Katherine Johnson, physicienne et mathématicienne, brillamment jouée par la radieuse Taraji P. Henson, est le personnage principal et de ce fait a le plus de temps à l’écran, mais malgré cela, le réalisateur, Theodore Melfi a su rendre hommage à Dorothy Vaughn ainsi qu’à Mary Jackson. Chacun de ces personnages affronte un défi bien précis, mais elles ont une chose en commun : elles sont des femmes Noires, en pleine ségrégation raciale aux États-Unis dans les années 60.
Toutes trois sont ce que la NASA appelle des ‘’ordinateurs humains’’ qui ont pour but d’effectuer des calculs importants pour les ingénieurs, à une époque où les ordinateurs n’étaient pas encore programmés pour les faire à leur place. Katherine Johnson, brillantissime, se fait transférer dans un des programmes les plus importants de l’agence : la recherche en aviation de Langley. Grâce aux calculs de Katherine et à ses idées, les États-Unis ont pu lancer et surtout ramener le premier homme à avoir conclu la première orbite autour de la terre. En effet, le film insiste non seulement sur sa capacité fulgurante à résoudre des équations, mais également sur sa capacité à créer, à “voir plus loin que les chiffres” et à rendre l’abstrait réel.
Mary Jackson est quant à elle, mathématicienne et première ingénieure Noire de la NASA. Le film retrace son parcours plus que difficile. Son superviseur dans le film, Kazimierz Czarnecki lui donne une place dans l’équipe d’ingénieurs et la pousse à suivre la formation, obligatoire pour devenir une ingénieure. Résumant le climat ségrégationniste, Czarnecki lui demande : “Si vous étiez un homme blanc voudriez-vous être ingénieur ? ». Ce à quoi le personnage joué par Janelle Monáe lui répond « Si j’étais un homme blanc, je serais déjà ingénieur. ». Elle doit ainsi non seulement faire accepter son désir à la NASA, mais plus encore se battre et aller jusqu’au tribunal pour avoir le droit d’intégrer les cours du soir d’un collège réservé aux blancs.
Dorothy Vaughan est la superviseure de l’équipe d’ordinateurEs Noires en tout, sauf en titre, car la NASA refusait de le lui accorder. Alors que l’agence achète sa première machine IBM capable de faire des calculs beaucoup plus vite que n’importe quel humainE, Dorothy décide de s’intéresser à la programmation de la machine et réussit ainsi à dépasser les hommes blancs en charge de la programmation de celle-ci et partager son savoir-faire avec ses collègues ordinateurEs. Elle garde ainsi son emploi et permet le transfert de son équipe.
Malgré, leur intellect, les personnages ne sont pas torturées ou marginalisées dû à leurs connaissances hors du commun. Hidden Figures est l’histoire de trois femmes fortes qui, malgré les adversités et la manière dont elles sont traitées, ne se retiennent jamais de mettre leurs talents à disposition de ceux qui les entourent et de leur pays. Ce n’est pas une histoire d’ego que l’on retrouve si facilement dans d’autres biopics tels que The Imitation Game, ou The Theory of Everything, mais bien un récit d’une amitié entre trois femmes Noires, intelligentes et altruistes, qui tout au long du film font preuve de force et de persistance, tout en se serrant les coudes de manière désintéressée.