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Et les femmes se saisissent du ballon!

Et les femmes se saisissent du ballon!

Auteurice Margaux Cardis, 6 juillet 2019
Illustrateurice Manon Boschard

Deux joueuses de football, Séverine Pouly, Lausanne Sport, et Valentine Cardis, Lausanne Université Club, nous racontent leur perception du football féminin en Suisse, alors que ce sport est particulièrement mis en lumière ces temps-ci avec la Coupe du monde féminine. Petit aperçu des coulisses.

 

Quel intérêt suscite le football féminin en Suisse?

Valentine: C’est difficile de qualifier l’intérêt que le football féminin crée en Suisse étant donné que la plupart du temps, personne ne vient nous voir jouer, mon équipe et moi. Mais c’est normal, nous ne sommes qu’un petit club amateur.

Séverine: Pour mon équipe, en deuxième ligue impaire, les conditions sont les mêmes. Pas grand monde ne venait nous voir jusqu’à présent, si ce n’est la famille et les amiEs. Il y avait très peu de spectateurs. Mais je vois du changement depuis quelques temps: de plus en plus de gens viennent nous voir. Même si le football masculin  prend encore beaucoup de place par rapport au féminin.
Même au niveau national et dans les équipes de première ligues, A et B, le public n’est pas au rendez-vous. C’est dommage, parce qu’il rate de belles parties au niveau technique, parce que, dans le fond, c’est ce qui différencie principalement le jeu des femmes de celui des hommes: moins de roulé-boulé dans l’herbe et plus de technique. Il y a moins de cinéma.
Ce que je trouve beau à voir dans le football féminin, c’est la dimension humaine. Contrairement aux hommes, les femmes montrent leur souffrance lors de la partie, ce ne sont pas des tas de muscles. J’ai l’impression que l’effort sportif est plus visible et plus réel.

 

Comment le football féminin est-il promu?

Séverine: Le Lausanne Sport a plusieurs projets en cours pour promouvoir le football féminin. La promotion et la formation sont deux pôles particulièrement développés en ce moment. De nouvelles équipes de football juniors féminins vont voir le jour. Il y a d’ailleurs beaucoup plus de filles maintenant que lorsque j’ai commencé. Le Lausanne Sport essaie petit à petit de promouvoir le foot auprès des filles, en offrant les mêmes possibilités que les garçons

Valentine: Pour ma part, j’ai moins le sentiment qu’une promotion ait réellement lieu. Au LUC, les femmes doivent vraiment faire preuve de patience. Si nos séances d’entraînement tombent en même temps qu’un match d’hommes, par exemple, il sera très facile de déplacer nos séances. L’inverse est plus compliqué. Il y a aussi la question des ballons. On nous donne les anciens ballons, alors que les hommes ont droit aux nouveaux. Selon moi, cette différence de traitement peut s’expliquer par  le stéréotype selon lequel le foot est un sport pour les garçons, mais aussi parce que les équipes masculines ont plus de public au LUC. Malgré tout, l’équipe reste super et très motivée, on est d’ailleurs toujours ravis de recevoir de nouveaux membres.

 

© Lausanne Université Club – L’équipe de Valentine Cardis

 

Que pensez-vous de la Coupe du monde féminine?

Valentine: La Coupe du monde reste un moyen de promouvoir le football auprès des filles. Mais c’est dommage et presque contradictoire que les matchs ne soient pas tous diffusés. Trouver une chaîne pour les regarder reste difficile.  Je me dis que si les matchs des hommes subissaient le même traitement, l’intérêt pour leur Coupe du monde serait moins important. Je pense que les équipes de télévision ne s’attendaient pas à un tel engouement pour le football féminin. Ce serait tellement bien que les matchs soient diffusés à Ouchy sur les écrans géants!

Séverine: Effectivement, les questions de diffusion sont un scandale et c’est un peu paradoxal de vouloir promouvoir le football féminin à travers la Coupe du monde sans pouvoir la voir sur nos écrans. Je trouve un peu ironique de lire dans la presse qu’on ne s’attendait pas à un tel accueil. Je suis sincèrement choquée que les matchs ne soient pas diffusés par au moins une chaîne. Que la RTS n’ait acheté que quelques matchs, passe encore, puisque la Suisse n’y joue pas cette année. Mais la France, c’est absurde.
Pourtant, on peut quand même voir que les femmes jouent techniquement mieux que les garçons. L’équipe française, par exemple, comprend d’excellentes joueuses . J’aurais bien voulu y jouer. J’ai l’impression qu’en France et dans certains pays anglo-saxons, comme les Etats-Unis ou l’Angleterre, football et femmes ne sont pas contradictoires. Peut-être est-ce dû à la différence entre le Soccer et le football américain: l’un serait pour les filles et l’autre pour les garçons.

 

Est-ce une option de passer pro en Suisse?

Valentine: Même si je l’avais voulu, je n’aurais tout simplement pas pu vivre de ce métier. C’est quand même aberrant, le salaire des femmes dans le sport.

Séverine: C’est vrai que les femmes ne sont pas du tout aussi bien payées que les hommes. Dans certains articles sur la Coupe du monde, des écarts très importants ont pu être mis en lumière, mais dans le fond, ces différences sont visibles dans n’importe quel sport et dans n’importe quelle profession. Le fait que les femmes ne soient pas autant payées que les hommes ne pousse pas les jeunes filles à tenter de passer pro. Elles sont vite découragées par le manque de formation et d’ouverture salariale.

– Pour en savoir plus –

 

 

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