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Poison Tree Design: une ode aux portraits féminins

Poison Tree Design: une ode aux portraits féminins

Auteurice Paloma Lopez, 1 août 2019
Illustrateurice

Poison Tree Design, de son vrai nom Christelle Genier, est une artiste autodidacte lausannoise spécialisée dans les portraits de femmes qu’elle peint tout en détails et avec passion. Zoom sur ses créations et son engagement féministe.

© Christelle Genier

 

DécadréE: Que peux-tu nous dire sur ton art?

PTD: Aujourd’hui, j’aime toujours essayer plein de choses, de nouvelles techniques, mais le dénominateur commun est le sujet de mes œuvres: je réalise surtout des portraits de femmes. Même si je fais de l’art depuis très longtemps, j’ai vraiment commencé à envisager mon travail de manière plus professionnelle assez récemment. J’ai fait ma première exposition en 2018 à la clinique Ardentis de Renens, puis la deuxième au café-restaurant les Alliés à Lausanne début 2019. Je présenterai une œuvre à l’exposition collective l’Art Byrinthe sur le thème de l’absinthe entre juillet et septembre, à Fleurier. J’ai aussi réalisé des visuels pour différents projets, comme pour une application mobile ou des pochettes de livres et de CD.

 

© Christelle Genier

 

DécadréE: Où puises-tu l’inspiration pour créer ces portraits?

PTD: Je me laisse beaucoup guider par mon ressenti. Le choix de m’orienter vers le portrait s’est fait naturellement: j’ai toujours dessiné des personnes, et c’est ce que je préfère représenter. C’est une démarche très instinctive. Parfois, j’essaie de faire autre chose, mais je reviens toujours au portrait.

Je travaille d’après des photos. Je cherche des images qui m’inspirent ou m’évoquent quelque chose, et je pars de là pour créer une œuvre. Les images que j’utilise servent surtout de base pour poser les ombres par exemple, ou pour la forme globale du visage Je n’aime pas forcément planifier lorsque je dessine ou je peins, je commence rarement avec des croquis – même si j’en fais davantage aujourd’hui qu’auparavant. Je pars d’une base mais, au final, l’œuvre évolue toujours par rapport à ce que j’avais en tête. Mais le portrait, une fois terminé, est parfois assez différent du modèle. Je ne suis pas forcément inspirée par un modèle spécifique en particulier, comme une personne célèbre, mais plutôt par l’univers d’autres artistes, en particulier des artistes contemporains comme Richey Beckett ou Zbigniew Bielak. J’aime la façon dont ils s’inspirent des maîtres du XIXe siècle, notamment Gustave Doré, tout en créant une ambiance dark. Dans la peinture, c’est plutôt des artistes comme Erik Jones et Ryan Hewett qui m’interpellent.

 

DécadréE: Pourquoi te focalises-tu sur le visage?

PTD: Le visage, c’est ce que j’ai toujours le plus aimé représenter. J’aime comment une touche de couleur ou un dégradé de crayon permettent de créer soudainement l’impression que le visage dessiné est presque réel. C’est vrai que je représente presque uniquement des femmes jeunes et très féminines. J’aime mettre en avant la féminité de cette manière.

 

© Christelle Genier

 

DécadréE: Quels messages souhaites-tu faire passer au travers de tes oeuvres?

PTD: Je ne fais pas forcément passer de messages à travers les œuvres que je crée en solo. Ce sont surtout des travaux qui me permettent d’exprimer ma vision artistique. Mais c’est important de faire passer les messages que l’on souhaite défendre par tous les moyens possibles et l’art en est un: l’art est destiné à être vu, il peut donc avoir un impact sur l’opinion des gens. De plus, je fais partie du collectif d’artistes Marcelle, et ce que je fais dans ce cadre a davantage vocation à délivrer un message. Cette manière de faire est nouvelle pour moi, mais je trouve cela très important. Et le message que l’on fait passer est plutôt en lien avec le féminisme.

DécadréE: Peux-tu en dire un peu plus sur ce collectif?

PTD: Marcelle est un collectif artistique composé de femmes et de féministes. Il a été créé en 2017, et je l’ai intégré en 2018. On est actuellement 9 artistes dans le groupe. L’idée derrière Marcelle est de mettre en avant le travail artistique des femmes, dans un esprit de bienveillance et de soutien. C’est aussi un espace où chacune peut s’exprimer librement. L’aspect féministe est également important chez Marcelle: en tant que collectif féminin, il est essentiel pour nous de délivrer un message en faveur des femmes. Pour ce qui est des réalisations artistiques du collectif, elles sont assez variées: nous avons notamment monté des expositions, participé à un marché de créateurs ou encore réalisé un cahier de coloriages pour le Panier culturel. Ce qui est génial dans ce collectif, c’est qu’à plusieurs on a la force et l’audace de se lancer dans des projets nouveaux que l’on n’aurait pas forcément faits seules. Là, par exemple, on réalise une fresque murale pour LE GRAM à Renens, un espace qui regroupe un marché urbain, un café et un lieu pour des expos et des ateliers.

© Christelle Genier

DécadréE: Te définis-tu comme féministe? Crois-tu que la grève des femmes du 14 juin dernier aura un impact durable sur l’égalité entre femmes et hommes?

PTD: Oui, bien sûr, même si je ne suis pas forcément très militante. Pour moi, on est féministe à partir du moment où l’on souhaite défendre le droit des femmes et s’opposer à toute forme de discrimination ou d’oppression. Peu importe comment on le fait, il n’y a pas qu’une manière d’être féministe.

La grève en elle-même ne va pas tout résoudre, mais c’est une action de plus dans le bon sens. C’est bien de voir que les femmes, mais aussi les hommes, sont prêtEs à se mobiliser. Je pense que cet évènement peut être un déclencheur pour motiver les gens à se battre davantage pour faire avancer les choses.

 

DécadréE: Pourquoi avoir choisi Instagram comme support pour promouvoir tes œuvres?

PTD: Instagram, c’est le réseau de l’image. Pour unE artiste, c’est donc un endroit privilégié pour faire connaître son travail. Avec les hashtags, on peut atteindre un large public et attirer l’attention des personnes qui sont réceptives à ce que l’on propose. Au final, c’est l’endroit où j’ai le plus de retours sur ce que je fais. Et ça ne coûte rien, contrairement à Facebook où il est aujourd’hui difficile de se faire connaître sans investir dans la publicité, sachant que les artistes n’ont pas forcément les moyens pour le faire.

 

DécadréE: Que penses-tu des réseaux sociaux et de leur impact sur la société?

PTD: Bien sûr, on est dans une société de l’image et les réseaux sociaux amplifient ce phénomène. Mais ils ont deux facettes: d’un côté, ils peuvent participer à l’exagération des représentations stéréotypées que l’on peut avoir des femmes. Mais d’un autre côté, ils permettent aussi aux personnes qui ont une vision différente de s’exprimer, et donc de contrer certains stéréotypes.

 

© Christelle Genier

 

DécadréE: Tu vends aussi des objets décorés. Qu’apporte ce type de supports à tes créations?

PTD:  Faire du merchandising est une manière de diversifier mon offre et d’atteindre un autre public. Certaines personnes n’ont pas forcément les moyens d’acheter une œuvre originale. D’autres, même si elles aiment mon travail, préfèrent investir dans un objet plus «pratique». Et l’avantage, c’est qu’un objet comme un sac ou un T-shirt sera vu par un grand nombre de personnes, ce qui n’est pas négligeable pour unE artiste.

 

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