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ChroNique – ce que prostate(s) et plaisir(s) ont affaire ensemble 

ChroNique – ce que prostate(s) et plaisir(s) ont affaire ensemble 

Auteurice Romy Siegrist, 12 mai 2021
Illustrateurice

Chaque mois, Romy Siegrist vous propose une réflexion/discussion autour d’un thème sexo particulier. De la pluralité des expériences aux vécus singuliers, n’hésitez pas à échanger avec nous!

Bonjour à tou-te-x-s, j’espère que vous vous portez bien, et que vous êtes heureux-ses tel l’escargot avec toute cette pluie. Dans la mouvance de Martin Page qui précise que si la sexualité était une question de plaisir, les femmes seraient moins pénétrées et les hommes le seraient davantage, je choisis de vous parler aujourd’hui des plaisirs prostatiques. Que l’on soit un homme cis, une femme trans, une personne non-binaire, …, en fait, on a tou-te-x-s quelque chose de T̶e̶n̶e̶s̶s̶e̶e̶ prostatique en soi (si si! Mais pas l’Impératrice). (Promis, je fais moins de jeux de mots par la suite).

Tout d’abord, un peu d’anatomie: la glande prostatique mâle (en rouge ci-dessous) se trouve sous la vessie, derrière l’urètre, un peu en demi-lune autour d’elle, à peu près à deux phalanges si l’on passe par le rectum pour l’atteindre (oui, car nous verrons plus loin qu’on peut la stimuler de pleinnnn de manières différentes). Elle sert notamment à sécréter et stocker une partie du liquide séminal qui, couplé aux spermatozoïdes, va donner le sperme.

A noter que les personnes avec une vulve et une anatomie plutôt femelle ont aussi des tissus prostatiques (en carmin/fuchsia ci-dessous). D’ailleurs, la fameuse «zone G» correspondrait à une zone striée que l’on peut sentir à une ou deux phalanges de l’orifice vaginal, côté ventre, et qui touche notamment les bulbes du clitoris, l’urètre et les glandes para-urétrales (tissus prostatiques): parfaite recette cocktail pour un plaisir bien spécifique! Pour en savoir plus, il existe notamment des ateliers «Check ta chatte» à SexopraxiS.

Illustration tirée de Nos sexes sont politiques : Manuel illustré d’anatomie génitale (2020), p.40

Si de plus en plus de personnes osent parler de plaisirs prostatiques, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’idées reçues persistent, notamment sur le fait qu’il faudrait être pénétré-e-x pour pouvoir le ressentir… Oui et non. En fait, il faut dans un tout premier temps «activer» les sensations liées à la prostate! Eh oui, parce que la prostate, en tant que glande interne – et comme beaucoup de nos autres organes internes –, est mise d’office en «sourdine» par notre cerveau, qui aurait beaucoup trop d’informations à gérer s’il les traitait toutes.

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Éveiller sa prostate, alors, ça se fait comment? Pour les personnes avec une prostate mâle, plusieurs indications sont proposées par exemple dans le Traité d’Anéros, rédigé par une personne concernée. Entre témoignage et pistes concrètes, ce petit traité est un bon premier support pour se faire une idée du processus d’éveil!

Pour aller stimuler sa prostate les premières fois, il est plus aisé de la toucher «directement», via le rectum, en utilisant du lubrifiant: avec un sextoy adapté ou avec un doigt, que l’on recourbe légèrement direction le ventre, et que l’on peut ganter si l’on est stressé-e-x sur les aspects hygiène – ou si l’on n’a pas les ongles coupés afin d’éviter de se blesser.

De plus, se trouver dans un état de détente, de relaxation, facilite le fait de sentir ces prémices de sensations, de s’ouvrir à elles, de les laisser prendre place et grandir: entamer cette découverte seul-e-x peut être dès lors préférable. Éviter de toucher son pénis (si l’on en a un) en même temps est également conseillé, afin de ne pas «parasiter» le processus d’éveil: par contre, se caresser le reste du corps, les tétons, l’intérieur des cuisses, peut au contraire aider. A noter qu’il est tout à fait normal de ne pas sentir grand-chose les premières fois! Il faut érotiser la zone, créer de nouvelles connexions nerveuses, être dans un double-processus de sentir et imaginer la sensation de plaisir en même temps. Puis, l’on peut apprendre à la faire grandir, pourquoi pas en visualisant de la lumière à cet endroit-là, et en la faisant augmenter petit à petit!

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Une fois que vos sensations sont éveillées, que vous vous les êtes appropriées (ce qui peut prendre plusieurs essais), ça devient le Luna Park! Encore que vous obtenez là un plaisir gratuit et un peu anticapitaliste, tant il a demandé de la détente et de la relaxation, du temps pour soi. L’orgasme prostatique, compañeres, est un acte politique et révolutionnaire! (Qui plus est, les personnes qui l’expérimentent rapportent dès lors mieux comprendre le fonctionnement des autres corps et comment les approcher/stimuler… Tout le monde y gagne).

Pour revenir à nos moutons, il y a en effet plusieurs manières de pouvoir provoquer/ressentir des orgasmes prostatiques:

par voie rectale: comme lors du processus d’activation les premiers temps, par pression et massages appuyés. Mais aussi par pegging (avec un gode-ceinture). A noter que les vibrations (par exemple des sextoys) sont parfois rapportées comme «anesthésiant» les sensations…

par voie périnéale (entre les testicules et l’anus): par des jeux de (dé)contraction des muscles de la zone, ou simple caresse/pression externe sur celle-ci…

par voie urétrale: à l’aide de tiges plus ou moins fines et souples, qui se glissent dans le pénis avec beaucoup de lubrifiant (et après avoir été désinfectées, bien sûr)

par les canaux inguinaux: en mode muffing!

– … Et par tout endroit qui amène des sensations agréables (par exemple les tétons), ou par des pressions dans la zone du bas ventre (par exemple en appuyant profondément sur le nombril, etc.)! Car une fois qu’un premier orgasme prostatique a eu lieu, les muscles continuent de se contracter de manière involontaire lors d’autres stimulations, amenant des vagues de plaisir. C’est donc le début d’une extase de plusieurs minutes à plusieurs heures… et contrairement à l’orgasme «pénien» avec éjaculation, il n’y a pas de phase réfractaire, ni la sensation d’avoir été vidé de son énergie. Une sensation de plénitude, d’hyper-connexion, d’haute conscience de soi et du monde est plutôt rapportée…

Pour d’autres récits à ce sujet, je vous conseille ces quelques liens:

  • L’excellent podcast « Les couilles sur le table » qui dédie un épisode aux orgasmes masculins
  • RTL explique ce qu’est un orgasme prostatique
  • Le podcast qui parle de sexualités sur la RTS, c’est « Question Q« , et on y parle aussi de prostate !
  • Si vous adorez la voix et l’humour de Yann Marguet, direction cette vidéo Youtube avec Sexomax et le Point P.

Alors, vous allez vous (y) mettre aussi, histoire que la prostate ne soit pas perçue que sous un angle médical et liée à la maladie? Bonnes découvertes!

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