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Euphoria, une série «addictive»?

Euphoria, une série «addictive»?

Auteurice Velia Feraccini, 8 avril 2022

Drogue, sexe et fêtes, Euphoria est LA nouvelle série teens du moment, avec une deuxième saison en tension. Alors, on en pense quoi?

Texte par Velia Feraccini, publié le 8.04.2022

Diffusée sur HBO depuis 2019, Euphoria est de retour pour une deuxième saison, toujours plus dramatique. Créée par Sam Levinson et coproduite par le rappeur Drake, la première saison avait été accueillie avec enthousiasme par le public et son actrice principale, Zendaya, avait été primée aux Emmy Awards 2020. Avant de commencer, on vous propose un petit résumé de la première saison. Si vous ne voulez pas être spoilé-e-x-s, c’est le moment de quitter cette page. Vous êtes prévenu-e-x-s! Vous avez déjà vu la saison 1 et vous êtes toujours là?

La bande son d’Euphoria par Labrinth, avec un clip qui révèle un casting pailleté.

Voici un rappel de la saison 1. Rue Benett, jouée par Zendaya, retourne au lycée après une cure de désintoxication, suite à une overdose. À peine sortie, elle se relance immédiatement dans la drogue, rencontre Jules, interprété-x par Hunter Schafer, une actrice trans qui joue le rôle d’une adolescente trans, et les deux jeunes femmes tissent des liens rapidement intenses. Elles évoluent dans un univers où les réseaux sociaux sont omniprésents et où les relations amoureuses vont et viennent au fil des jours. Autour d’elles gravitent de nombreux personnages : Nate Jacobs, un sportif colérique torturé par des complexes sexuels ; sa petite amie Maddy Perez, qui subit ses crises avec une étonnante fierté ; Cassie Howard, une jeune femme poursuivie par sa sexualité; Lexi Howar, la sœur de cette dernière et meilleure amie d’enfance de Rue, ou encore Kat Hernandez, qui découvre sa sexualité par la pornographie. La saison 1 s’achève avec Rue, pleinement retombée dans ses addictions et rongée par ses démons, ne parvenant pas à suivre Jules qui quitte la ville sans elle.

En ce début de deuxième saison, on découvre la plongée aux enfers de Rue. La drogue empoisonne sa vie, ainsi que celles de ses proches qu’elle entraîne avec elle. Alors que Rue était la narratrice de la première saison, cette voix s’efface progressivement, à mesure que son addiction prend le dessus, contaminant le public qui souffre avec l’ actrice principale. On s’éloigne des paillettes et du glamour de la première saison pour tomber dans le vif du sujet, la violence de la drogue et son impact sur l’entourage de la personne addicte. Et ça nous donne la nausée. Lors de sa sortie, Euphoria a provoqué de nombreuses polémiques et a plusieurs fois été accusée de faire l’apologie de la drogue. Cette violence présentée dans la nouvelle saison est en réalité avant tout  dissuasive puisqu’elle présente la laideur du monde de la drogue.

Cette seconde saison développe également des personnages jusqu’alors secondaires, comme le dealer de Rue, Fezco, qui devient le confident de Lexi. Ces deux personnages, que le public ne s’attendait pas à voir réuni-e-s, deviennent un binôme étonnant qui amène une grande respiration à la saison. Le trio formé par Maddy, Nate et Cassie vient étoffer la tension dramatique, amener un lot d’étonnants rebondissements amoureux et prouver qu’Euphoria ne parle pas que de drogue mais  cherche à dresser un tableau complexe de la génération Z.

Du positif… mais pas que?

Les fans ont rugi à la sortie du dernier épisode qui, malgré sa forme étonnante et magique, a laissé le public sur sa faim. Le scénario devient par moments quelque peu redondant, les personnages irritent. Sam Levinson change sans cesse de personnages, à l’image d’Elliot, le nouvel ami de Jules et Rue, qui semble jouer à cache-cache durant toute cette deuxième saison. Plus encore,  Sam Levinson délaisse des personnages forts de la première saison, comme la fameuse Kat à laquelle le public s’était attaché et identifié, ou encore le personnage de Jules qui visibilise la cause trans et pose des questions pertinentes sur le corps et l’identité de genre. Des pans d’intrigues sont initiés mais laissés sans réponse et ce flou ne semble pas toujours maîtrisé. La conclusion du dernier épisode laisse un sentiment d’inachevé et une frustration de devoir attendre une saison trois pendant au moins un an.

Sydney Sweeney, l’actrice de Cassie, reproche sa nuditié constante à Sam Levinson.

Une autre polémique nous fait hésiter à nous lancer dans cette seconde saison : plusieurs actrices d’Euphoria ont révélé que le créateur, Sam Levinson, avait tendance à réclamer des scènes de nu-e-x-s non-nécessaires. Le thème de la sexualité est un élément principal de la série, mais porte-t-il préjudice à ses actrices? On peut également s’interroger sur le motif de l’hypersexualisation des personnages féminins. Dans la première saison, le public avait eu la sensation qu’il s’agissait d’une mise en scène critique de la société de consommation qui érotise les corps féminins, les transforme en objet. Mais, dans cette seconde saison, on peut questionner son utilité, d’autant plus que les personnages dénudés sont tou-te-x-s mineur-e-x-s (bien que leurs actrices soient majeures)? S’agit-il d’une critique de la société ou la série sert-t-elle finalement ces mêmes préjugés qu’elle critique? Par exemple, la série veut dénoncer la réification de Cassie, mais ne fait-elle pas de même avec son actrice?

Malgré ces critiques, Euphoria est une série addictive qui mérite d’être binge-watchée au plus vite, notamment car elle pousse à la réflexion sur notre société et son fonctionnement. Les images, uniquement filmées à l’argentique, sont à couper le souffle, apportant une touche vintage et colorée de teintes acidulées. En plus d’un visuel parfaitement réussi, la bande-son de la série renforce les émotions et apporte une puissance étonnante. Les sujets traités sont d’une importance capitale : l’adolescence y est présentée dans toutes ces tensions, explorant les traumatismes, la sexualité, l’amitié, l’amour, sous des formes multiples et variées. Plus encore, la drogue, un sujet qui a fréquemment été romancé et glamourisé, est traité, dans cette seconde saison, de manière sombre et  réaliste et on applaudit cette intention!

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Zendaya explique l’importance de son personnage.

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