Vers un traitement inclusif des victimes de violence en couple
Auteurice Valérie Vuille, 5 mai 2017Illustrateurice
Anciennement Solidarité Femmes Genève, l’association qui s’est spécialisée dans le traitement des victimes de violence conjugale a changé de nom cette année et s’appelle désormais AVVEC ( Aide aux Victimes de Violence En Couple). DécadréE revient avec Elise Jacqueson Maroni, responsable communication et recherche de fonds de l’association, sur ce changement et sur les nouvelles perspectives qu’il offre.
DécadréE : Solidarité Femmes se nomme maintenant AVVEC (Aide aux Victimes de Violence en Couple). Pourquoi ce changement?
AVVEC : Solidarité Femmes est née il y a tout juste 40 ans. À l’époque, le contexte et les combats étaient différents. Nous avons ressenti le besoin de prendre le temps de réfléchir à notre mission. Nous avons alors remarqué qu’au fil des années, nous avions développé une expertise en victimologie et notamment dans la prise en charge des personnes victimes de violence conjugale. Malheureusement, notre nom de reflétait pas cela. Nous avons donc souhaité clarifier et mettre en avant ce dont on s’occupait vraiment : les victimes de violence en couple. Nous avons remplacé le terme de « conjugal » par « couple » pour que nos messages « parlent » à toute sorte de publics.
DécadréE : Vous supprimez le terme « femme » et vous élargissez votre prise en charge à toute sorte de couple avec ce nom. Est-ce que c’était une volonté de votre part d’élargir la définition d’une victime de violence conjugale?
Oui, tout à fait.
Nous allons bien entendu continuer à aider les femmes qui constituent la majeure partie de nos bénéficiaires. Tout comme les enfants, dans le cadre des entretiens mère-enfants dont nous avons fait une spécialité depuis de nombreuses années. Cependant, notre but est désormais d’aider toutes les victimes de violence en couple quel que soit leur sexe, leur genre ou leur orientation sexuelle.
AVVEC s’est toujours positionnée comme pionnière dans le domaine. En 2001, alors qu’on nous proposait d’ouvrir un second foyer pour accueillir les femmes, nous avons décidé d’ouvrir un centre de consultation pour prévenir la crise en amont. Aujourd’hui, s’ouvrir à toutes les catégories de victimes, c’est pour nous encore une manière d’aller de l’avant.
Nous souhaitons aider les femmes, les hommes, les personnes cisgenre ou transgenre, comme les personnes hétérosexuelles, homosexuelles ou bisexuelles. Pour cela, nous avons fait le choix de prendre un chemin particulier et de se détacher un peu des premières revendications féministes, qui ont permis la naissance d’anciennement Solidarité Femmes.
Notre nouveau projet, s’appelle « Ouvrons la porte » et je trouve que cela reflète très bien notre état d’esprit d’aujourd’hui.
DécadréE : Justement, parlons un peu de votre projet. Quelle action allez-vous mettre en place ?
AVVEC : Nous avons construit un projet sur 4 ans, durant lesquelles nous ciblerons un public différent chaque année pour faire connaître nos services. Bien entendu, la porte est aujourd’hui ouverte à tous et toutes mais nous sommes conscientes que ce n’est pas demain que nous ferons plus de 4’000 consultations pour des hommes comme nous le faisons actuellement pour les femmes.
Cette année, nous comptons ainsi cibler les jeunes couples. Les actions de sensibilisation auprès de ces derniers seront pensées et réalisées avec et par les jeunes eux-mêmes. Trois projets sont en cours d’élaboration avec des établissements du post-obligatoire du canton de Genève. Par la suite, nous travaillerons pour nous faire connaître auprès des personnes LGBT et également des hommes hétérosexuels.