Menu de l'institut
Menu du LAB

L'INSTITUT

Les médias n’ont pas la moyenne dans leur traitement des violences sexistes

Les médias n’ont pas la moyenne dans leur traitement des violences sexistes

3 mois après son lancement, DécadréE sort les premiers chiffres de sa veille des médias romands sur le traitement médiatique des violences sexistes. Avec une moyenne de 0,06 sur une échelle de -1 à 1. En comparant avec une note à l’école, on peut dire que les médias atteignent péniblement un 3 et n’ont pas la moyenne.

Suite à son manifeste sorti en novembre 2018 et dans le cadre de son projet de sensibilisation des journalistes pour un meilleur traitement médiatique des violences sexistes, l’association DécadréE a lancé en Février 2019 une veille médiatique. L’objectif de cette veille est de procéder à un suivi du traitement médiatique des violences sexistes et des journalistes et d’évaluer la situation dans les médias romands de manière détaillée pour proposer des solutions et des outils adéquats. « Notre objectif avec cette veille médiatique est avant tout de comprendre », explique Valérie Vuille, directrice de l’association. « Suite à notre manifeste, nous souhaitons approfondir le débat en proposant une analyse détaillée. Dans une année, nous serons en mesure de révéler la situation du traitement médiatique des violences sexistes en Suisse romande et de cibler les lacunes et les problématiques les plus courantes. »

Des résultats inquiétants

 Des solutions, il en faudra si l’on en croit les premiers résultats de la veille. S’ils sont à prendre avec précaution (seulement 3 mois d’analyse ont été effectués), ils révèlent l’ampleur du problème. Sur 211 articles analysés,  113 contiennent des idées reçues sur les violences faites aux femmes, alors que seulement 32 ont un caractère préventif. Ces chiffres se dégradent encore si l’on regarde uniquement les articles « faits divers » qui représentent 63% des articles analysés. Ainsi, dans 54% des cas, l’article contient soit des éléments problématiques concernant le traitement des violences sexistes et participe à justifier ces violences, soit des éléments problématiques, mais démontre un effort dans le traitement des violences.

De manière générale, on observe pour l’instant que  les critères qui obtiennent peu de points sont ceux qui abordent la question de la description des mécanismes derrière les violences, notamment des mécanismes de pouvoir, mais aussi des mécanismes liés à la mise en place du rapport de domination et de violence. Les critères permettant de donner un caractère préventif et informatif à l’article récoltent également le moins de points, tels que l’utilisation de statistiques mettant en perspective les violences comme un fait de société ou encore la mention directe ou indirecte de ressources d’aide.

« DécadréE lit et surveille la presse depuis sa création et nous savions qu’il y avait des problèmes, mais les chiffres montrent l’ampleur de ce phénomène », explique Valérie Vuille. « Nous sommes maintenant persuadé-es de l’importance de notre travail et de nos formations et nous espérons que ces chiffres feront réagir les rédactions et que nous découvrirons une évaluation positive lors de l’analyse finale en avril 2020. »

Une méthodologie unique pour mesurer l’impact de la culture du viol

 La veille recense quotidiennement les articles traitant des violences sexistes dans 11 médias d’actualité romands, et évalue selon un certain nombre d’indicateurs si un article participe à sensibiliser ou à perpétuer la culture du viol. Cette veille permettra d’analyser l’évolution du traitement médiatique des violences sexistes tout au long du projet.

Les articles recensés sont classifiés selon quatre catégories : 1) si l’article décrit la violence de manière objective et neutre et participe à une démarche de sensibilisation en permettant à des potentielles victimes de s’identifier ou/et en proposant des numéros d’aide ; 2) si l’article décrit la violence de manière objective et neutre ; 3) si l’article contient des éléments problématiques, mais démontre un effort dans le traitement des violences ; 4) si l’article contient des éléments problématiques concernant le traitement des violences sexistes et participe à justifier ces violences.

La veille, un outil de sensibilisation parmi d’autres

La veille fait partie d’un projet de sensibilisation des journalistes pour un meilleur traitement des violences sexistes. Dans ce cadre, l’association a développé un bon nombre d’outils pour changer les pratiques des journalistes et des médias. Parmi ceux-ci: des recommandations basées sur le manifeste de l’association, publié en novembre 2018 et des formations délivrées par les formatrices dans un certain nombre de rédactions.

Ce projet est notamment soutenu par  Agenda 21-Ville durable de la Ville de Genève et Le Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du Canton de Vaud.

Restez au courant de nos actualités:

S'inscrire à la newsletter

Recevez nos outils contenus media:

S'abonner à la boîte-à-outils