Le poids des images
Analyse
Choisir une image pour illustrer un sujet se rapportant aux violences sexistes est souvent un casse-tête. Dans certains cas, il faut faire avec les images présentes dans les bases de données, dans d’autres il faut illustrer l’invisible, la violence psychologique ou économique.
Bien choisir une image est pourtant essentiel. Une image trop réductrice peut biaiser l’imaginaire des lecteurs et lectrices, convoquer de fausses idées et réduire considérablement l’impact d’un article sensibilisant pourtant aux violences.
Mais qu’est-ce qu’est une bonne image de violence ? La réponse n’est ni unique ni simple.
Nous vous proposons ici 3 analyses d’image qui vous permettront d’aiguiser votre regard et vos choix.
#bonnepratique – montrer la violence physique par ces marques
Une image peut choquer sans être sensationnaliste. C’est le cas ici par ce choix de l’Illustrer. Le magazine illustre la violence conjugale par les marques qu’ils restent. Les lunettes cassées, l’atèle au poignet sont des témoignages des violences physiques. Cette démarche permet de marquer et de montrer la récurrence des violences tout en préservant l’anonymat de la victime.
Petit bémol, elle montre uniquement la violence physique et non les autres formes.
#bémol – De la violence économique à la violence physique
Comment montrer l’invisible, comme la violence psychologique ou économique. La démarche est délicate et malheureusement ici Femina tombe dans le piège de la simplicité en choisissant de contourner le problème. Pour illustrer un très bon article sur la violence économique, le magazine choisit de montrer des armes et des personnages se confrontant dans l’édition papier de l’article. Un choix qui tend à réduire la violence conjugale à la violence physique.
#mauvaise pratique – De la violence à l’amour
Un article parle d’emprise, de relation de pouvoir et de violence, il est pourtant illustré par une image humoristique avec un lit rose aux coussins en forme de cœur. Le choix de l’image dans cet article du 24 heures est loin de servir le propos et la sensibilisation aux violences sexistes. Au contraire, cette image mêle violence et amour. Elle minimise, voire romantise le propos et ainsi diffuse de nombreuses idées reçues.