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Traitement médiatique des manifestations pour l’égalité de genre

Traitement médiatique des manifestations pour l’égalité de genre


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A l’approche de la Grève féministe du 14 juin 2023, l’institut décadréE propose une série de recommandations sur le traitement médiatique des manifestations pour l’égalité de genre.

Les mouvements de lutte pour l’égalité sont multiples. De l’organisation d’une soirée non mixte à l’appel général d’une grève nationale, ces manifestations proposent d’interpeler l’opinion publique et sont relayées par les médias. Sujets clivants, de nombreux biais non intentionnels peuvent être évités afin d’offrir un éclairage approprié sur les questions d’égalité de genre.

Visibilisation des différentes luttes

Les enjeux et luttes pour l’égalité de genre sont multiples. Évitez d’euphémiser les luttes par un traitement médiatique représentant les gestes et les engagements comme des comportements émotionnels, irrationnels ou infantiles. Par exemple, la question « d’aller trop loin » dans les luttes féministes réapparaît fréquemment et interroge leur rationalité ou leur légitimité.

DécadréE recommande d’éviter de hiérarchiser les luttes. Les formes d’engagement sont multiples. Pensez également à nuancer les sources en évitant les amalgames entre les expertises, prises de position collectives militantes et opinions personnelles.

Donner la parole aux personnes expertes, militantes et/ou concernées

Seuls 24% des personnes interrogées pour leur expertise dans les médias sont des femmes (1). Il arrive que, sous couvert de transmettre une information impartiale, les phénomènes discriminants ne soient pas éclairés correctement et que les contenus médiatiques soulignent et reproduisent une forme de discrimination. Lorsque vous donnez la parole, basez-vous sur des faits : pour leur donner un caractère objectif, demandez à ce qu’ils soient éclairés ou quantifiés et identifiez ensemble les problématiques.

DécardéE recommande d’avoir conscience de l’importance des médias dans la construction des représentations. Ne pas hésiter à discuter avec des personnes expertes, militantes et concernées pour éviter de reproduire des stéréotypes ou de les relayer sans les questionner.

Attention à la mise en récit

Seuls 5% des contenus médias en Suisse remettent en question les stéréotypes (2). A titre d’exemples, l’accès à l’espace public reste un enjeux majeur d’émancipation. Or, l’usage du terme « bisbille » -une querelle pour motif futil- pour parler du droit de manifester ou l’usage de l’adjectif « sauvage » pour aborder une manifestation non autorisée ou interdite porte un jugement sur le bien fondé des luttes. Également, le mot « ségrégation » remplace parfois le mot « non-mixité ».

DécadréE recommande d’utiliser un vocabulaire précis et d’éviter celui des discours hégémoniques, trop souvent porteurs de préjugés.

Conscience des thèmes clivants

Prendre la parole dans les médias est une exposition qui comporte des risques. Certains sujets sont clivants et génèrent quasi systématiquement des nuées de commentaires toxiques et haineux notamment sur les réseaux sociaux. Ils nuisent au débat et banalisent le sexisme ainsi que d’autres formes de discrimination. Les actions pour l’égalité font parti de ces sujets clivants. Les femmes et les personnes minorisées, entre autres LGBTIQ+, sont particulièrement victimes de ces violences.

DécadréE attire l’attention sur la modération des commentaires toxiques, sexistes et de haine autour des questions féministes et LGBTIQ+. La qualité très variable des commentaires vous interpellent aussi ? Le projet Stop Hate Speech propose des outils et conseils pour contrer ces discours.

DécadréE recommande de prendre garde à référer à une personne concernée par le sujet et d'assurer un entretien en toute sécurité. Demandez-vous si l'angle choisi contribue à défier les stéréotypes. Ayez conscience à l’écriture que certains sujets provoquent des réactions violentes de haine et de sexisme.

Images

En 2020 les femmes sont encore largement objectifiées dans les médias et « les images les représentant ne sont incluses que pour attirer l’attention des lecteurs »(3). Il convient donc d’attirer l’attention sur le choix des photographies illustrant les mouvements pour l’égalité de genre et de leurs place dans les articles.

DécadréE recommande de représenter chaque personne sans sexualisation abusive et de prendre conscience de l’impact des images. Les corps, notamment féminins, ne doivent pas être réduits à un faire-valoir ou une aguiche, notamment lors du choix de photographies où ils sont dénudés.

Biais et clichés dans le vocabulaire

Les articles portant sur des femmes contiennent en moyenne plus de mots liés au champ lexical de l’amour et de l’émotion (4). Les militantes sont des « pasionarias » ou alors il est précisé que les manifestantes sont « capables de répondre sans hostilité ». Cette écriture renvoie les femmes à des stéréotypes, tels des êtres passionnés enclins à l’hystérie ou bien encore forcément agressifs et renforce les stéréotypes sexistes.

DécadréE recommande de se demander si vous questionnez spontanément les femmes sur leur présupposé féminisme ou si ce sont-elles qui abordent ces thématiques. Attention à ne pas essentialiser les militant-e-xs et les allié-e-xs par un vocabulaire sexiste.

Usage de l’écriture inclusive

Les collectifs et mouvements pour l’égalité de genre sont attentifs à visibiliser les questions d’identité de genre ainsi que les personnes concernées. Il est important de reprendre leurs formulations inclusives et le langage non genré lors de la reprise de leurs communications officielles. L’institut a développé en partenariat avec la Fédération Genevoise des Associations LGBT un livret en libre accès de recommandations à l’attention des journalistes pour le traitement des questions LGBTIQ+.

Télécharger le livret ➞

DécadréE recommande de ne pas nominaliser et d’utiliser le terme « personnes » avant les adjectifs trans*/non-binaires/intersexes par exemple. Demandez aux personnes concernées comment il faut les genrer et respectez leurs limites, comme par exemple l’anonymat.

Ces recommandations ont été élaborées avec la participation des Collectifs romands de la Grève féministe.

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