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L’institut décadréE hors les murs

L’institut décadréE hors les murs


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Colloque international du 4 et 5 avril

Médias et violences sexistes et sexuelles: informer, dénoncer, sensibiliser

Ce 4 avril, décadréE prend part au colloque international en participant à la session sur « la formation et les pratiques journalistiques » en compagnie d’autres chercheurs et chercheuses. L’intervention de Valérie Vuille, directrice et responsable des questions de violences sexistes, présente non seulement le travail de recherche de l’institut mais également les pistes d’actions concrètes basés sur la dialogue, la formation et la sensibilisation des journalistes.

Cette participation contribue également à enrichir l’institut de recherche décadréE des avancées dans le domaine et à internationaliser son réseau.

Quelques informations sur le colloque
Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses disciplines se sont saisies de la question de ces violences mais elles n’ont été que peu appréhendées par les chercheuses et les chercheurs au prisme de leur médiatisation. Ce colloque international rassemble une cinquantaine d’intervenant-es de différents horizons disciplinaires et géographiques autour de cinq thématiques : 1) les conditions de production des contenus médiatiques, 2) les représentations médiatiques des VSS, 3) la circulation médiatique des témoignages, 4) les dispositifs et discours de prévention et de sensibilisation, 5) les émotions et l’engagement dans le travail de recherche.

Plus d’info

Médiatisation des femmes politiques : grande absence ou surreprésentation?

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Un traitement médiatique sans biais de genre, c’est pas aussi simple que ça ne paraît !

Faire le portrait d’une femme en politique ou celui d’un homme sans biais de genre ? C’est possible mais ça demande beaucoup d’attention. En effet, s’il est rare de lire un article ouvertement misogyne, le sexisme ordinaire se cache pourtant dans la narration et le vocabulaire de bon nombre de publications.

Aviez-vous remarqué que les femmes sont toujours des « jeunes femmes », quelque soit leur âge ? Que leur physique est presque toujours décrit, notamment les parties du corps renvoyant à la féminité comme la couleur du rouge-à-lèvre ou la « chevelure ».

L’institut décadréE développe en 2020 des recommandations pour les journalistes sur les représentations des politiques et les étoffes d’année en année, restant attentif aux pratiques actuelles et aux dernières recherches dans le domaine.

A l’approche des élections du canton de Genève mais également de celles de la Confédération, décadréE renforce ses actions de sensibilisation pour des représentations des politiques sans biais de genre ! Présentés sous la forme d’idées reçues, découvrez des préjugés malheureusement renforcés par un traitement médiatique biaisé.

« Les candidates débordent de l’actualité médiatique »

On entend tout le temps parler des femmes en politique et elles débordent de l’actualité, telles un véritable « tsunami ». Est-ce un préjugé ou pas ?

Oui, c’est un préjugé. Seuls 28% des contenus médiatiques en Suisse donnent la parole ou mentionnent des femmes. Ce qui signifie aussi que plus de 70% du contenu est réservé aux hommes. Parfois, on a l’impression qu’elles sont omniprésentes dans la presse et qu’on en parle tout le temps ; les préjugés nous empêche aussi de juger objectivement. Les titres, chapôs et textes en exergue sont aussi responsables de cette idée reçue.

La presse Suisse en 2022 à largement véhiculé cette image de déferlante féminine menaçante pour les hommes politiques. En voici quelques exemples.

DécadréE recommande de chercher la parité. Les femmes politiques sont moins mises en avant sur la scène médiatique. Vérifiez également que vous mettez en concurrence les individus et non les femmes contre les hommes.

« Les femmes en politiques parlent tout le temps de problématiques féminines »

Les problèmes de conciliation des vies sont systématiquement abordés par les candidates. Elles ne parlent que de ça ! Est-ce un préjugé ou pas ?

Oui… c’est un préjugé. Très souvent, les questions de conciliation des vies sont amenées par les journalistes et non par les femmes interviewées. Il en va de même pour les questions interrogeant leur présupposé féminisme.

Et non, ce n’est pas qu’un préjugé. En 2019, les femmes sont les responsables des tâches domestiques dans 94% des ménages de couples. Il s’agit effectivement de thématiques médiatiques typiquement féminines. Entre autres, parce que les femmes sont aujourd’hui encore tenues de garantir la bonne organisation de la vie privée et familiale.

DécadréE recommande de se demander si vous questionnez spontanément les femmes sur ces thématiques ou si se sont-elles qui les abordent. Demandez-vous si vous aborderiez le thème de l'égalité lors d'un portrait d'homme et si l'angle choisi contribue à défier les stéréotypes. Et si la question est pertinente, est-ce que vous interrogez sa légitimité à candidater à un poste de pouvoir?

« Les candidates ne répondent pas aux médias : elles sont moins nombreuses à accorder une interview »

Quand on mentionne le peu de femmes mentionnées dans les médias, on répond qu’elles ne veulent pas y être. Est-ce un préjugé ou pas ?

Non, ce n’est pas seulement un préjugé. De nombreuses femmes politiques témoignent de résistances internes telles le syndrome de l’imposture et le manque de confiance en soi. La prise de parole dans les médias demande de se sentir légitime. Une mauvaise expérience médiatique est également source de craintes et de refus de s’exposer.

De plus, prendre la parole dans les médias est une exposition qui comporte aussi des risques. Il suffit de lire les commentaires de certains articles pour comprendre les déferlantes de haine que certaines personnes subissent. Les femmes et les personnes minorisées sont particulièrement victimes de ces violences.

DécadréE recommande de prendre garde à référer à une personne concernée par le sujet et d'assurer un entretien en toute sécurité. Prenez du temps et prévenez les personnes à l'avance. Une demande d'interview pour le soir même à plus de chance d'être refusée, notamment pour des raisons de disponibilité.

« Les femmes politiques sont moins aptes à exercer le pourvoir »

Les femmes sont moins nombreuses que les hommes en politique et elles arrivent moins souvent en haut de l’échelle. Si les femmes sont moins présentes en politique, c’est qu’il y a bien une raison! Est-ce un préjugé ou pas?

C’est un préjugé. Un biais récurrent dans le traitement médiatique des femmes et des hommes est la mise en doute de ces premières à exercer le pouvoir. Qui n’a jamais entendu d’une femme en politique qu’elle n’était pas compétente? Cela arrive bien moins souvent pour un homme.

Les médias contribuent à véhiculer cette idée : un vocabulaire infantilisant réduit leurs compétences professionnelles et expertises. Par exemple, 8 fois sur 10, les médias s’attardent sur la jeunesse des femmes, et quel que soit leur âge. La présence d’un mentor masculin ou paternel est également quasi omniprésent dans les portraits féminins.

DécadréE recommande de vérifier que le vocabulaire utilisé n'infantilise pas les carrières féminines. Est-ce que la présence, dans le récit, d'un mentor aurait eu la même importance dans le portrait d'un homme?

POUR ALLER PLUS LOIN

Recommandations décadréE à l’attention des médias
Études décadréE, Genre et politique, représentation dans les médias, mars 2020
Projet Stop Hate Speech
Plateforme des expertes suisses She Knows.ch
GMMP, 6e Projet mondial de monitorage des médias, 2020
Etude Mots-Clés pour SISTA et Mirova Forward, mars 2022

Conseils femmes, médias et politique

Conseils femmes, médias et politique


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Les hommes et les femmes ne sont pas représentées de la même manière par les médias. La faute à qui ?

Et bien, les responsabilités sont partagées. Certes, la presse entretient des biais de genre en reproduisant le sexisme. Mais les femmes font également face à des freins plus nombreux lors de prise de parole, car on leur apprend, par exemple, dès l’enfance à attendre leur tour avant de prendre la parole. Bref, tout un système : des freins individuels, collectifs et systémiques.

L’institut décadréE développe en 2020 des recommandations pour les journalistes sur les représentations des politiques. Parallèlement, des conseils pour les femmes médiatisées et responsables de la communication sont publiés.

A l’approche des élections du canton de Genève mais également de celles de la Confédération, décadréE renforce ses actions de sensibilisation pour des représentations des politiques sans biais de genre !

La prise de parole en public

La prise de parole en public et à la presse demande de se sentir légitime et de s’entraîner. Le syndrome de l’imposture est par ailleurs souvent un frein considérable : 7 personnes sur 10 vivent au moins une fois dans leur vie ce phénomène et les femmes sont bien souvent plus concernées.

Les conseils décadréE

  • Participez à des média training
  • Lors des interviews, n’hésitez pas à refuser de répondre à des questions hors sujet
  • Inscrivez-vous aux listes d’expertes

Des questions orientées par le genre ?

Les questions et la manière d’aborder les personnes changent selon le groupe et le genre. En 2020, décadréE analyse les portraits des politiciennes et des politiciens et constate que la mention du statut familial apparaît 8 fois sur 10 pour les portraits de femmes et seulement 3 fois sur 10 pour ceux des hommes.

Les femmes sont souvent questionnées sur des sujets prétendument féminins et le cœur de métier est bien moins abordé. La conciliation des vies, les soucis d’habillement ou la vie affective sont des sujets spontanément abordés par les journalistes, rarement par les femmes interviewées. Ces questions sont exceptionnelles voire absentes des interviews avec des hommes.

Les conseils décadréE

  • Posez un cadre strict, voire refusez de répondre aux questions portant sur la vie privée
  • Réagissez lors d’articles problématiques
  • Prêtez attention à vos propres biais

Les poses photographiques

Comment nous illustrons-nous ? Sans nous en rendre compte, reflétons-nous les normes attendues de la féminité ou cassons-nous les codes ? Le regard de côté, la bouche ouverte, les mains délicatement posées sont autant de signes renvoyant à la douceur et à la féminité.

Une belle photo, c’est bien évidemment flatteur mais qu’est ce que cela raconte aux yeux du public ? Ou plutôt, qu’est-ce que cela ne raconte pas.  Les photographies contribuent à refléter des normes et reproduisent des clichés. Le 6e projet mondial de monitoring des médias rappelle qu’en 2020 les femmes sont encore largement objectifiées dans les médias et que « les images les représentant ne sont incluses que pour attirer l’attention des lecteurs ».

Les conseils décadréE

  • Regardez droit vers l’objectif
  • Prenez une pose assurée représentative de vos responsabilités ou de vos idées
  • N’hésitez pas à refuser des poses que vous jugez inappropriées

Risques d’une exposition médiatique

Prendre la parole dans les médias, s’exprimer sur les réseaux sociaux est une exposition qui comporte aussi des risques. En effet, certaines personnes subissent des campagnes de haine, reçoivent des messages toxiques voire des menaces, parce qu’elles prennent la parole et exposent leurs opinions ou leurs idées. Les femmes et les personnes minorisées sont particulièrement victimes de ces violences.

Les conseils Stop Hate Speech

Si vous êtes victime de discours de haine

  • Parlez-en et trouvez du soutien
  • Ne lisez pas les commentaires
  • Prenez des captures d’écrans des messages haineux en archive

Si vous vous alliez contre le discours de haine

  • Dénoncez les commentaires sexistes et haineux à la modération
  • Contrez les discours de haines en écrivant des commentaires positifs

Pour en savoir plus  : Stop Hate Speech

POUR ALLER PLUS LOIN

Études décadréE, Genre et politique, représentation dans les médias, mars 2020

Recherche-action décadréE, Genre et publicité en Ville de Genève, 2020

Projet Stop Hate Speech

Plateforme des expertes suisses She Knows.ch

GMMP, 6e Projet mondial de monitorage des médias, 2020

Etude Mots-Clés pour SISTA et Mirova Forward, mars 2022

Centre LAVI, centre genevois de consultations pour victimes d’infractions

Un nouveau prix récompense les campagnes de communication inclusives

Un nouveau prix récompense les campagnes de communication inclusives


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Lausanne, le 24 janvier 2023

DécadréE lance le prix de la communication inclusive en partenariat avec la Société romande de relations publiques et KS/CS Communication Suisse. Les inscriptions sont ouvertes dès le 25 janvier et les prix seront remis à la fin du printemps lors d’une cérémonie à Lausanne.

« Egalité, diversité, inclusivité sont des passages obligés en 2023 et le monde de la communication l’a bien compris. D’ailleurs, le public de plus en plus concerné et sensibilisé ne tarde jamais à tagguer une campagne sexiste et discriminante. Mais pour les agences comme pour les entreprises, prendre ce tournant n’est pas toujours chose aisée », déclare Valérie Vuille, directrice de décadréE.

Face à ce constat l’institut décadréE, coporteur du label Way to inclusivity avec Egalyca, a décidé de montrer l’autre visage de la com. Il s’allie à la Société romande de relations publiques et à KS/CS Communication Suisse pour lancer le prix de la communication inclusive. L’objectif : valoriser les organisations et les agences qui prennent le problème à bras le corps.
Ce prix sur postulation récompensera deux productions réalisées dans l’année. La première sera une campagne dont l’objectif principal est de faire la promotion de l’égalité. La seconde ne sera pas sur le thème de l’égalité en tant que tel, mais ne montrera pas de représentations sexistes ou discriminatoires.

Processus d’évaluation

Depuis 2020, l’institut de recherche et de formation et laboratoire d’idée sur l’égalité dans les médias, décadréE, travaille avec des professionnel-les de la communication et de l’égalité sur la thématique de la communication inclusive.

L’institut mis à profit cette expertise pour développer une grille d’analyse de 16 critères permettant de juger de manière neutre et objectif l’inclusivité d’une production. Cet outil permettra à l’équipe de décadréE de contrôler le caractère inclusif des campagnes inscrites.

Elle sélectionnera une dizaine de campagnes qui seront soumises à un jury de cinq personnes représentant décadréE, les associations professionnelles de la communication et des relations publiques, ainsi que des expertes de l’égalité et de l’inclusivité.

Les campagnes participantes doivent avoir été réalisées en Suisse et diffusées en Suisse entre le 1er juillet 2021 et le 31 décembre 2022.

Les inscriptions sont ouvertes du 25 janvier au 1er mars 2022 sur la page du Prix de la communication inclusive

Les prix seront remis lors d’une cérémonie à Lausanne, à la fin du printemps.

Contact
Valérie Vuille, directrice de décadréE
valerie.vuille@decadree.com

Candidates et médias: quels enjeux?

Candidates et médias: quels enjeux?


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Soirée de formation et de réseautage pour les candidates au Grand Conseil 2023

Être une femme ou une personne minorisée demande d’user de stratégies pour être écoutée et
entendue. Les risques de réactions négatives, telles le harcèlement, sont aussi plus élevés pour
les femmes.

Jeudi 16 février 2023
Genève

Un événement sur les enjeux et les freins lorsqu’on s’exprime publiquement proposé par le BPEV et l’Institut décadréE.

Pour en savoir plus et s’inscrire

L’image des femmes en couverture

L’image des femmes en couverture


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Décryptage

Dans la perspective des prochaines élections genevoises du Conseil d’état en 2023, décadréE propose une série de décryptages sur les représentations des femmes en politique dans les médias. Ce troisième décryptage analyse des couvertures photographiques de la presse pour dénicher les biais qui s’y cachent.

Quand les images parlent d’elles-mêmes

Comment nous illustrons-nous ? Et quels sont les biais de représentation dans les photographies ? La couverture de presse a un impact majeur sur les habitudes et les choix du lectorat. Il influence son comportement, comme les publicités, en proposant des images chocs, des titres racoleurs ou des teasers vendeurs.

« Vais-je acheter ce numéro ? » – « Tiens ! Ça parle d’un sujet familier qui m’intéresse » – « Wouha, faut absolument que je vois ça ! ».

Ces photographies, accompagnées de textes, façonnent nos représentations autant qu’elles en sont les produits. Elles contribuent malheureusement aussi à invisibiliser d’autres réalités en reflétant une norme et contribuent à reproduire des clichés (1).

Le désir pour les femmes et l’économie pour les hommes

Commençons le décryptage par le hors-série du magazine Bilan (2), un magazine économique de Suisse romande s’adressant à un lectorat grand public. Tout d’abord, les couvertures 2022 du magazine sont des illustrations graphiques où la photographie a peu de place, ce qui n’est pas le cas de son hors-série Luxe. Les couvertures s’approchent plus de celles des magazines féminins.

Et la presse féminine est connue pour être un relai des stéréotypes : les représentations des femmes qui y sont dépeintes sont principalement belles, blanches et riches. Sur l’image de gauche, il a le regard droit et fait face à l’objectif tandis que sur les images de droite, soit le regard ne se dirige pas vers l’objectif, soit le corps est sensualisé. Cela induit l’idée stéréotypée que les femmes sont des aguiches tandis que les hommes sont valorisés pour leur expertise. A moins qu’il ne s’agisse uniquement d’exciter le regard d’un lectorat présupposé masculin ?

DécadréE recommande de représenter chaque personne sans sexualisation abusive (corps dénudé, position lascive) et de prendre conscience de l’impact des images. Les corps, notamment féminins, n’agissent-ils pas uniquement comme faire-valoir ou comme aguiche ? La photographie met-elle en valeur professionnellement la personne représentée ?

Pour en revenir au magazine économique, les deux numéros de 2022 offrant une place à la photographie stigmatisent également les hommes et les femmes graphiquement.

Quand on regarde à la loupe ces images, sur la couverture de gauche, le trait de crayon bleu ébauche un biberon, un ananas et une couronne sur des portraits féminins, une grue de levage, un symbole de bitcoin et une toque de chef-fe sur les portraits masculins. Sur la couverture de droite, les femmes y sont légendées « stars » ou « investisseuses stars », les hommes, bien plus nombreux et variés, « avocats », « geeks à l’État », « hommes d’affaires », « crypto-anarchistes » ou « pionniers ». De quoi se poser des questions quant au rôle brillant des femmes dans l’économie illustré par Bilan cette année ; un bel exemple de stéréotype de genre en couverture, où les femmes ne sont pas considérées dans les sphères technologiques et économiques.

DécadréE recommande de visibiliser les femmes dans tous les domaines. Lorsqu’elles sont nommées et visibilisées, les femmes sont souvent interrogées dans les domaines perçus comme typiquement féminin. Est-ce que les poses photographiques renvoient les personnes à leurs genre ? Est-ce que les femmes y sont sexualisées ou est-ce qu’elles illustrent leur compétence ou leur métier ?

Le plaisir des yeux

L’illustré(3), hebdomadaire romand, porte très bien son nom car il narre l’actualité en image. Presque toutes les couvertures illustrent des individus et un grand nombre portrait une ou plusieurs personnalités. Ces derniers mois et dans son ensemble, les femmes y sont bien représentées et les couvertures reflètent l’actualité. Mais pas seulement… Le 6e projet mondial de monitoring des médias rappelle qu’en 2020 les femmes sont encore largement objectifiées dans les médias que « les images les représentant ne sont incluses que pour attirer l’attention des lecteurs »(4).

Quand on s’attardent plus longuement sur les images, il est aisé de voir que malheureusement, de nombreux biais y figurent. Déjà en 2020, le rapport de recherche de décadréE sur les représentations genrées des politiques dans les médias dénonçait que les politiciennes étaient ramenées dès les premières lignes au registre de la famille et de l’émotion. « Dans 80% des articles représentant des femmes, on connaît la situation familiale de la politique, contre 36% des articles décrivant des hommes». « Lorsque la situation familiale des hommes est révélée, il s’agit d’une source de valorisation, voire un programme politique »(5).

Et les couvertures de l’Illustré, soulignent-elles les même biais ? Ici oui, renforcées par les titres et légendes, qui changent la lecture de l’image et apportent des informations orientées par le genre.

Côté féminin, tantôt on s’appuie sur leur rôle de mère pour Marie Robert et Christa Rigozzi, tantôt on la photographie avec le mari, dans le cadre privé. C’est le cas de Karin Keller-Sutter. Côté masculin, même quand la photographie reprend les codes de la mode, on n’oublie pas l’accessoire métier (le ballon) du footballeur Johan Djourou. L’hommage de la carrière sportive de Roger Federer (60 pages, médaillon doré et mention d’un numéro collector) est visuellement largement mieux honoré à ceux -posthumes- de la reine Elisabeth II (deux numéros mais pas de médaillon ni de mention collector) ou de l’icône médiatique Diana Spencer (20 pages).

Concernant les poses proposées, elles sont également stéréotypées, les hommes tantôt sérieux tantôt souriants sont contextualisés par leur expertise avec aplomb. Le choix des photos des femmes les revoie quasi systématiquement à leur féminité : sensualité capillaire, mains et regards délicats et même une pose érotisée et fantasmée pour Marilyn Monroe.

DécadréE recommande de choisir des photographies où les femmes sont invitées à prendre une pose assurée et représentative de leur responsabilité. Le regard de côté, la bouche ouverte, les mains délicatement posées sont autant de signes renvoyant à la douceur et à la féminité.

Et les femmes politiques ?

Les images, photographies et autres types d’illustration reflètent les même biais que les articles et titres. A cela s’ajoute malheureusement l’effet vendeur recherché par l’illustration d’un corps féminin. Les couvertures sont bien évidemment sujettes à ces biais, aussi lorsqu’il s’agit de visibiliser les femmes politiques.

Quand les médias ne critiquent pas inutilement les tenues, l’âge et les émotions des politiciennes, ils savent parfois être une tribune indispensable de leur carrière.

Et vous, que pensez-vous des couvertures suivantes ? Et pour allez un peu plus loin, n’hésitez pas à faire notre quiz.

NOTES

(1) Recherche-action décadréE, Genre et publicité en Ville de Genève, 2020.

(2) Magazine Bilan.

(3) Magazine l’Illustré.

(4) GMMP, 6e Projet mondial de monitorage des médias, 2020.

(5) Études décadréE, Genre et politique, représentation dans les médias, mars 2020.

Égalité et médias

En route vers l’égalité

Pour encourager un débat équilibré autour des candidatures

L’institut décadréE mène le projet de sensibilisation « En route vers l’égalité » et s’engage pour accompagner la construction d’une presse plus égalitaire.

Le canton de Vaud a élu son nouveau Conseil d’État au printemps 2022. Genève s’apprête à en faire autant en 2023 tandis que le Parlement élit deux nouveaux membres du Conseil fédéral le 7 décembre prochain.

Le projet de décadréE « En route vers l’égalité » propose une prise en charge globale des questions de représentations de genre dans les médias en agissant sur tous les contenus. Des actions de sensibilisation sont ainsi prévues auprès des médias et des journalistes, des candidates et des partis politiques mais aussi auprès du grand public grâce aux décryptages publiés sur notre site web.

Ateliers de sensibilisation à l’attention des candidates

En ayant conscience des biais pouvant être présents dans la presse et en agissant de manière pro-active, vous pouvez avoir un pouvoir d’action !

Dans le cadre du projet « En route vers l’égalité », décadréE vous propose un workshop de sensibilisation d’environ une heure sur les enjeux de prise de parole publique par les femmes.

Vous êtes candidates aux prochaines élections ? Vous allez devoir parler aux médias et nous vous proposons alors des outils concrets.

  •     Comprendre concrètement les biais de genre des médias et y faire face
  •     Connaître les risques d’une prise de parole publique
  •     Dénoncer les commentaires toxiques et discours haineux

Cet atelier est possible avec le soutien du Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences du Canton de Genève.

Atelier sur demande
Environ 1h00 aurelie.hofer@decadree.com

Lunch média

Médiatisation des politiques

Les médias détiennent un rôle prépondérant dans le choix de candidates et candidats. Les élections cantonales genevoises s’organisent et des candidatures pour le conseil fédéral se profilent également.

Comment garder un regard critique sur les enjeux de parité en politique sans reproduire les biais et discriminations de genre ?

Lors de ce lunch média, nous vous proposons de discuter des biais d’écriture mais également des discours toxiques et de haine que subissent certaines femmes politiques.

En collaboration avec Stop hate speech et avec le soutien du Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences du canton de Genève.

En savoir plus

Mardi 7 février 2023
12h30-14h00 On line

Média training

Parler aux médias en confiance

Que se passe-t-il dans votre tête lorsque vous devez prendre la parole  en public ou dans les médias ? Vous est-il déjà arrivé de refuser une intervention par crainte ou convaincue que vous n’étiez pas  légitime ?  Et si nous travaillons ensemble pour que vous gagnez en assurance ?

En savoir plus

Samedis 4 et 18 février 2023
9h00 à 17h00 Genève

Soutenez décadréE, offrez-vous un carnet de notes

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En novembre, commandez votre carnet de notes. Les frais de port sont offerts jusqu’au 10 décembre. Une occasion de nous soutenir tout en joignant l’utile à l’agréable.

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Le mot de l'illustratrice
Avec cette illustration, j’ai voulu transmettre une réalité en Suisse : des personnes de tous âges, couleurs de peau, corpulences et j’en passe. À vous de vous imaginer ce que ces familles et groupes d’ami-e-s peuvent bien se dire entre elleux ! Elisabeth M

Femmes, espace public et politique

Femmes, espace public et politique

Décryptage

Dans la perspective des prochaines élections genevoises du Conseil d’état en 2023, décadréE propose une série de décryptages sur les représentations des femmes en politique dans les médias. Ce deuxième décryptage ne se concentre pas sur les biais d’écriture à proprement dit sinon sur l’euphémisation, voire la négation, du sexisme. L’effet ? Le sexisme en devient d’autant plus banalisé. Analysons pour cela le cas de la médiatisation d’une réaction sexiste, soit le refus de la féminisation du nom d’une rue.

Les femmes, grandes absentes de l’espace médiatique public

Les chiffres sont là. Les femmes ne sont mentionnées dans les médias qu’à hauteur de 28%, c’est dire si elles ne monopolisent pas l’espace médiatique. Même pas un article sur trois. Et si on y regarde de plus près, seuls 5% des contenus contribuent à remettre en question les stéréotypes (1).

Pour faire évoluer les idées, pour changer nos manières de penser, nos références doivent aussi évoluer. En d’autres termes, si nous sommes quotidiennement martelé-es de représentations sexistes ou inégalitaires, il est difficile de se remettre en question.

Voilà pourquoi les médias ont un rôle à jouer en défiant les stéréotypes, en traitant de manière égalitaire les personnes sur le papier, ou bien encore en questionnant les manifestations de sexisme.

Timide questionnement de l’absence, le cas de l’espace public

Récemment, Femina consacre un article sur les statues publiques et conclue que non seulement 90% des statues représentent des hommes mais aussi que les rares représentations féminines, bien souvent anonymes ou symboliques, sont dénudées (2).

Quant à nommer les avenues, selon la RTS, seules 5 à 7% des rues honorent des femmes en Suisse romande en 2019 (3). L’année suivante, Le Temps rapporte que « le législatif de la capitale valaisanne a refusé un postulat demandant d’augmenter le nombre de rues portant le nom d’une femme » (4). Conclusion, les femmes sont peu visibilisées sur les édifices des espaces publics et les médias remettent rarement en question cette invisibilisation, bien que l’information soit relayée.

Accès toujours refusé, l’exemple de la rue Julia-CHAMOREL

Tout le monde s’accorderait volontiers aujourd’hui sur le principe d’égalité entre les femmes et les hommes. Alors pourquoi tant de réticence à mettre en valeur des femmes dans les noms de rue ? Des habitant-es de quartiers concernés s’opposent parfois à ces changements de noms. C’est le cas au quartier genevois des Grottes, où la Rue du Midi se nomme désormais Rue Julia-CHAMOREL. La Tribune de Genève accorde au passage une Encre bleue (5) illustrant cette action militante sexiste par des photographies explicites. Malheureusement, sans aucun questionnement des stéréotypes véhiculés par le remplacement du nom de la rue par les opposant-es à la féminisation. Le résultat, l’action sexiste est légitimée.

Nous allons décrypter ce traitement médiatique. Rappelons d’abord que seuls 5% des contenus remettent en question les stéréotypes et que moins d’une rue sur 10 porte le nom d’une femme.

DécardéE recommande d’avoir conscience de l’importance des médias dans la construction des représentations. Ne pas hésitez à discuter avec des personnes expertes pour éviter de reproduire des stéréotypes ou de les relayer sans les questionner.

Lorsqu’elles sont nommées et visibilisées, les femmes sont renvoyées à leur rôle féminin (6). Dans cette manifestation d’opposition au changement de nom, de fausses plaques ont tapissé celles de la rue Julia-CHAMOREL. Sous couvert d’humour –une manifestation de sexisme comme nous le verrons plus bas- les femmes n’ont pas leur place dans la rue. « Katja Strov », « Aretha Connery », « Kim Fonchiez », ou encore « Théa Loueste » peut-on lire dans le billet. Elles sont « journaliste », « chanteuse », « mondialiste » et « politicienne », notant bien qu’elles n’ont rien à faire ni dans ces métiers, ni dans la rue. Dans ce cas, au lieu de leur attribuer des fonctions dites « féminines », elles sont ridiculisées.

DécardéE recommande de ne pas relayer des informations décrédibilisant une partie de la population sans questionner cette même pratique. Parler du sexisme pour décrypter le phénomène et le comprendre est essentiel !

Regrettons que l’humeur n’était pas au questionnement des stéréotypes sexistes véhiculés dans cette encre bleue. Notons aussi que 28% des articles de presse contiennent des éléments excusant les auteurs de violence sexiste (7), qui ont ici le « goût du jeu de mots ». L’humour invoqué dès le chapô excuse une action qui délégitime les femmes :

  1. dans l’espace public, elles n’ont rien à y dire ;
  2. à différentes fonctions sociales, elles sont décrédibilisées professionnellement ;
  3. en qualité d’actrices historiques, elles n’ont pas à recevoir l’honneur de nommer une rue.
DécadréE recommande de faire attention aux biais et aux clichés dans le vocabulaire utilisé. De la répétition de ces mots et de l’association des champs lexicaux naissent des idées et des émotions contribuant à la représentation sexiste des femmes et des hommes. Leur mise en évidence les accentue doublement et rend l’information extraordinaire.

Il arrive que, sous couvert de transmettre une information partiale, les phénomènes discriminants ne soient pas éclairés correctement et que les contenus médiatiques soulignent et reproduisent une forme de discrimination. Les représentations influencent le lectorat, surtout si elles sont répétées. Le sexisme étant largement banalisé dans les discours et les contenus, il est important que les rédactions se forment pour construire une presse plus égalitaire. Enfin, pour en savoir plus sur la rue Julia-CHAMOREL, rendez-vous sur la page qui lui est consacrée.

Découvrir Julia Chamorel

NOTES

(1) GMMP Global Media Monitoring Project 2020, Suisse, Résumé analytique.

(2) « Les statues publiques sont-elles sexistes? », Femina, 13.06.2022

(3) « Dans les rues de Sion, où sont les femmes? », Le Temps, 02.03.2020

(4) « Seules 7,1% des rues portant le nom de personnalités honorent les femmes », RTS, 21.03.2019

(5) « Midi fait de la résistance », Tribune de Genève, 15.10.2022

(6) Études décadréE, Genre et politique, 2020.

(7) Étude décadréE, Traitement médiatique des violences sexistes, rapport 2020.

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