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Les devoirs scolaires, un medium d’apprentissage qui n’échappe pas au sexisme

Les devoirs scolaires, un medium d’apprentissage qui n’échappe pas au sexisme


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DécadréE s’est penché au mois de juin sur les différentes représentations que des enfants de 7 à 8 ans avaient chaque semaine à la maison dans leurs devoirs et qui contribuent à construire leurs « modèles » de demain.

Oui, parce que les représentations de rôles modèles, role-models comme on les appelle aussi en anglais, sont partout. Sur des médias (1) d’information, comme la presse et le TJ, sur des médias de divertissement, comme les séries et les tournois sportifs, ou sur des médias de promotion, comme les spots publicitaires, les affiches. Mais aussi sur des supports d’apprentissage… comme les devoirs des enfants, pardi !

Aujourd’hui, de nombreuses recherches prouvent que le rôle des modèles tient une place primordiale dans les choix de carrière féminines et que leur médiatisation a un véritable impact positif. Si les écueils sont rarement volontaires, ils se manifestent souvent par la reproduction des représentations sociales attendues selon le genre.

Il est important d’éviter d’essentialiser l’expertise des femmes et de prendre en compte la pluralité des domaines de compétences. Voyons maintenant ensemble quelles sont les représentations proposées par un média d’un autre genre : les devoirs.

Classeur de devoirs ouvert sur des exercices de mathématiques.

Décryptage

Pour y parvenir, l’institut a compté et trié toutes les représentations nichées dans les devoirs d’une classe de 4P Harmos romande sur une période de trois mois environ.

L’institut a choisi de compter les apparitions nominales et pronominales : les pronoms personnels pour les exercices de conjugaison, les personnages des problème de mathématique, des exercices de lecture et de compréhension ainsi que ceux des exercices d’écriture ont été recensés. Les personnages sont soit prénommés, soit nommés par leur fonction sociale et/ou professionnelle.

Puis les représentations ont été classées en deux catégories. Une catégorie « sans rôle modèle » et une catégorie « avec ». Cette séparation nous permet de vérifier, premièrement, le nombre générale de représentations genrées et, deuxièmement, le nombre de représentations pouvant être inspirantes.

  • Exemple 1: papa fonction social d’être parent = rôle modèle
  • Exemple 2: Emma prénom = sans rôle modèle
  • Exemple 3: nous pronom personnel = sans rôle modèle
  • Exemple 4: marchande fonction professionnelle, métier = rôle modèle

Les représentations « avec un rôle modèle » permettent de découvrir des représentations de nos sociétés mais également d’en questionner, voir d’en inspirer de nouvelles.

Les représentations sans rôle modèle

Les prénoms

Les prénoms des personnages sont presque égaux en genre: quatorze prénoms masculins et treize prénoms féminins. Nota bene : aucun prénom épicène n’a été repéré. En d’autres termes, il n’y avait ni de Camille ni de Charlie ou de Sacha, des prénoms portés par des filles et des garçons sans que l’orthographe ou la prononciation ne changent pour signifier le genre de la personne.

Les pronoms

Les pronoms à la 3e personne des exercices de conjugaison sont plutôt féminins: trois pronoms masculins et sept pronoms féminins.

Premier constat, les représentations sans rôle-modèle, soit des personnes dont la fonction n’est pas définies, sont plutôt équilibrées. 20 représentations féminines pour 17 masculines. Ce qui correspond à un taux de 54 % de représentations féminines pour 46% masculines.

Or, voyons maintenant comment les représentations à qui on attribue un rôle-modèle (par exemple, un métier) sont réparties par genre.

Les représentations avec rôle modèle

Les fonctions et les rôles: 17 représentations masculines, douze représentations neutre et dix représentations féminines.

Les métiers

Deux directeurs, un jardinier, un facteur, un boucher, une fois des moniteurs et un auteur. En tout, sept rôle modèles masculins.
Une marchande et une fleuriste. En tout, deux rôles modèles féminins.

Les fonctions sociales

Trois frères, un papi, un homme (!), deux pères, un papa et deux amis. En tout, dix rôles modèles sociaux masculins.
Trois mamans, une mami, une sœur, une mère, une voisine et une grand-mère. Au total, huit rôles modèles sociaux féminins.

À cela s’ajoutent douze fonctions sociales neutres : six enfants, deux parents, un bébé, une personne et deux fois des pirates.

Pirate est un mot épicène. Logiquement, on ne sait pas si les pirates sont des hommes ou des femmes. Il est pertinent de souligner que lorsque des stéréotypes de genre sont liés à des termes épicènes, les représentations de ces termes les reproduisent cependant. Concernant le terme pirate, si rien dans les textes, accords de genre et descriptions, ne déconstruit les stéréotypes, l’image mentale que l’on se fait des pirates incarne majoritairement des hommes, certainement avec un tricorne, un sabre et une barbe noire, des accessoires qui renforcent leur masculinité.

L’analyse et le recensement des représentations nous permettent de conclure que lorsqu’il s’agit de représentations avec une fonction définie et inspirante, les représentations féminines chutent drastiquement. En effet, la part de représentations féminines correspond plus qu’à 26% tandis que la part masculine, plus stable, correspond à 43%. Les rôles modèles neutres équivalent à 31% des représentations.

De plus, les femmes et filles abondent dans le rôles sociaux et familiaux attendus selon leur genre et sont quasi exclues de fonctions professionnelles. En effet, les représentations des fonctions professionnelles répondent à des codes genrés, des stéréotypes. A l’instar des pirates cités avant, les représentations des métiers de direction sont généralement au masculin. Les représentations de femmes sont plus nombreuses dans les rôles sociaux et familiaux sans pour autant surpasser le nombre de représentation masculine.

On souligne anecdotiquement qu’il y a une représentation dont le rôle est uniquement un marqueur social de genre et qu’il ne désigne aucun autre rôle, familial ou affectif. Il est au masculin et est adulte: c’est un homme.

Déjà en 2018, le Guide pour prévenir les discriminations et les violences de genre édité par le deuxième Observatoire analyse le contenus des manuels scolaires. Il conclue que « la majorité des personnages sont masculins et ont un rôle prépondérant » et ajoute que « ce qui participe à renforcer les stéréotypes de genre dans les supports pédagogiques ne saute pas forcément aux yeux » (2).

Faire attention aux représentations médiatiques des femmes et des filles permet de créer de nouveaux modèles et de contribuer à la construction d’une société égalitaire. Les créateurs et créatrices de contenus, surtout scolaires, ont une responsabilité dans la perception et l’évolution des représentations collectives.

Nous voulons plus d’égalité et de diversité dans les médias, à commencer par les représentations proposées aussi aux jeunes générations. Pour qu’elles deviennent aussi directrice, jardinière, factrice, bouchère et autrice !

Cette étude est possible grâce au soutien de La Société suisse d’utilité publique (SSUP)

Le matériel pédagogique L’école de l’égalité est disponible sur la plateforme egalite.ch.

Télécharger aussi la brochure du cycle 1, 1ere – 4e année ➞

Le guide pour prévenir les discriminations et les violences de genre dans les écoles primaires édité par le deuxième Observatoire

Télécharger Le ballon de Manon et la corde à sauter de Noé ➞

EN SAVOIR PLUS

(1) Définition de «média» selon le Robert en ligne : Moyen, technique et support de diffusion massive de l’information.

(2) DUCRET Véronique et NANJOUD Bulle, 2018. « Le ballon de Manon et la corde à sauter de Noé », Ed. Le deuxième Observatoire, Chapitre 3, pp. 38-39.

Décryptage – Le traitement médiatique des pratiques dites “de conversion”

Décryptage – Le traitement médiatique des pratiques dites “de conversion”


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Décryptage

L’expression “thérapies de conversion” vient des Etats-Unis d’Amérique dans les années 1950 et fait référence à de multiples pratiques non-scientifiques, censées modifier l’orientation sexuelle/affective ou l’identité de genre des personnes LGBTIQ+, selon les personnes qui les proposent.

 

Le sujet des pratiques dites “de conversion” est plus présent dans les médias suisses depuis quelques mois. Cela est lié à l’actualité politique, avec des interdictions dans certains cantons romands et des discussions à l’échelle nationale, mais également dans d’autres pays européens. Nous proposons un décryptage de ce sujet médiatique dans les médias romands.

La moyenne des 47 sujets médiatiques (article de presse, TV, radio) recensés dans 19 médias romands, entre le 7 février 2024 et le 26 mai 2025, parlant spécifiquement des pratiques dites “de conversion”, est de 0,18. Cela signifie que le traitement médiatique est globalement adéquat.

Néanmoins, nous relevons quelques écueils qui limitent la compréhension des pratiques dites “de conversion” (aussi appelées mesures ou thérapies de conversion) pour le grand public.

Les médias ont tendance à mettre en avant surtout l’orientation sexuelle et affective dans les cas de pratiques dites “de conversion”, négligeant l’identité de genre qui est pourtant également incluse dans les (projets de) lois en Suisse romande. Il est ainsi souvent question de “pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle” ou de “délivrer les homos”. Cela est également le cas pour les personnes concernées qui témoignent dans les médias, la plupart ont subi des pratiques visent à modifier leur orientation sexuelle et affective. Pourtant, le Panel Suisse LGBTIQ+ de 2023 met en avant que 15,5% des personnes non-cisgenres et 9,5% des personnes non-hétérosexuelles ont subi des pratiques visant à modifier leur identité de genre ou leur orientation sexuelles et affective.

D’ailleurs, même si certains témoignages existent, il y en a uniquement 4 dans les 47 sujets médiatiques analysés. Ainsi, en majorité, il manque la parole des personnes concernées dans les médias ce qui permet moins de se rendre compte de la réalité suisse. Il n’y a en outre pas beaucoup plus de personnes expertes dans les médias (6 mentions sur 47), ces dernières étant principalement en lien avec les communiqués de presse des associations nationales.

De plus, lorsque des exemples sont donnés, ils sont centrés pratiquement uniquement sur les milieux religieux. Bien que plusieurs cas et études aient montré qu’il existait des pratiques dites “de conversion” en lien avec la spiritualité, des exemples sont aussi ressortis dans le monde médical. D’ailleurs, la loi valaisanne qui interdit ces pratiques est insérée dans un loi sur la santé. Il convient de les rendre visible car la réalité suisse n’est pas celle des films hollywoodiens et les pratiques dites “de conversion” peuvent être plus subtiles mais toujours interdites.

Ainsi, bien que le sujet soit traité de manière adéquate dans les médias romands, il est important de faire attention à bien mettre en avant l’entier des victimes des pratiques dites “de conversion” et à montrer leur pluralité, car elles sont interdites presque partout en Suisse romande.

Sélection d’articles analysés pour ce décryptage :

Situations en juin 2025 dans les différents cantons romands : Berne, Neuchâtel,Valais, Vaud : interdiction Genève, Fribourg, Jura : projets de loi en vue d'une interdiction

DécadréE travaille sur le traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+ depuis fin 2020 et fait une veille de 19 médias romands. Nous avons pris des exemples parlant, sans volonté de pointer une rédaction (ou des journalistes) plus qu’une autre. Nous souhaitons montrer les améliorations possibles sur ces questions et nous proposons des outils concrets pour aider les journalistes. Nous proposons par exemple un lexique et un livret de recommandations sur les questions LGBTIQ+.

Télécharger le lexique ➞

Télécharger le livret de recommandations ➞

Le travail de veille médiatique des thématiques LGBTIQ+ de décadréE est soutenu par le Canton du Valais, la ville de Genève et le LGBTI Youth Fund.

Prix de la communication inclusive: des récompenses pour Minds et OQIO, Créatives et 23bis

Prix de la communication inclusive: des récompenses pour Minds et OQIO, Créatives et 23bis


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Lausanne, le 10 juin 2024 – communiqué

 En 2025, le Prix de la communication inclusive a connu sa troisième édition. Cette année, une cinquantaine de personnes des milieux de la communication et de l’égalité se sont retrouvées le 10 juin au Tibits Lausanne, pour une cérémonie de remise des prix suivie d’une table ronde et d’un apéritif. Une soirée idéale pour parler des douze projets présentés, et plus largement de l’évolution des pratiques inclusives dans la communication. 

«Nous avons vu des progrès intéressants dans les projets d’agences qui ont participé aux autres éditions, signe que les pratiques d’améliorent, se réjouit Valérie Vuille, directrice de DécadréE et organisatrice du concours. Le nombre d’inscriptions a presque doublé depuis 2024, ce qui montre un intérêt croissant des milieux de la communication pour des pratiques inclusives.» 

Non à la discrimination algorithmique 

Dans la première catégorie, qui regroupe des campagnes sur le thème de l’égalité, c’est la campagne contre la discrimination algorithmique intitulée Intelligence artificielle avec responsabilité… sans discriminations réalisée par 23bis pour l’ONG AlgorithmWatch qui a été récompensée. Cette action de lobbying donne la parole à des personnalités représentant une multitude de profils, aux origines, genres et handicaps différents. 

«Nous avons récompensé ce projet à la fois pour ses objectifs ambitieux et pour son approche engagée. Cette campagne est complète, incarnée, intersectionnelle et profondément d’actualité», a déclaré Joëlle Moret, Déléguée à l’égalité et à la diversité de la Ville de Lausanne et membre du jury. 

 Des sourires très inclusifs 

La seconde catégorie était ouverte aux campagnes et actions de communication appliquant les bonnes pratiques de l’inclusivité, sans poursuivre spécifiquement un objectif lié aux questions de genre. C’est la campagne Tout commence par un sourire de Adent qui a été distinguée. Destinées à encourager la population à prendre soin de son hygiène bucco-dentaire, les déclinaisons diffusées en affichage, dans les médias classiques et sur les réseaux sociaux mettent en scène des modèles montrant une grande diversité d’âges, d’origines, de genres et de caractéristiques physiques. 

Romain Pittet, coprésident de la SRRP et membre du jury, souligne que «dans un domaine lié autant à la santé qu’à l’esthétique, il serait tentant de suivre des standards de beauté classique. Au contraire, l’agence a choisi de mettre en avant une diversité de modèles et d’apparences, tout en prêtant attention aux formulations utilisées. Le résultat est une campagne inclusive, mais en toute discrétion.» 

«Pleure comme un homme*!» 

Introduit lors de la deuxième édition en 2024, le jury des jeunes décerne lui aussi un prix. Cette année en revanche, il n’a pas fait son choix parmi les projets shortlistés: le jury des jeunes a lui-même identifié des campagnes et actions de communication qu’il a jugées intéressantes sur le plan de l’inclusivité. Le hasard fait bien les choses, puisque cette démarche lui a permis de récompenser la campagne «Pleure comme un homme» de l’association Minds, réalisée par OQIO, qui faisait lui aussi partie des projets shortlistés et soumis au jury principal. 

Douze campagnes shortlistées 

Le jury officiel et le jury des jeunes ont dû faire leur choix parmi douze campagnes réparties entre les deux catégories. 

Catégorie «Campagnes pour l’égalité» 

  • AlgorithmWatch pour sa campagne contre la discrimination algorithmique. Réalisation: 23bis. 
  • L’Etat de Vaud pour sa campagne Amoureux·ses, réalisée elle aussi par 23bis. 
  • Le Canton du Valais pour sa campagne Contre les discriminations LGBTIQ. Réalisation: kiwi communication Sàrl. 
  • La HETSL pour sa brochure destinée à encourager la participation des filles dans les activités jeunesse. 
  • L’association Minds pour sa campagne Pleure comme un homme. Réalisation: OQIO. 
  • La République et Canton de Genève pour sa campagne Changeons la donne, réalisée par Mosh. 
  • L’Université de Lausanne pour son guide pour une communication inclusive. 

Catégorie «Toutes campagnes» 

  • Adent pour sa campagne Tout commence par un sourire. Réalisation: Creatives. 
  • Groupe E pour sa campagne de marque employeur. 
  • La Ville de Lancy pour sa campagne sur la mode durable. Réalisation: Hamak. 
  • Le label Commune en santé pour son action de notoriété réalisée par LR Communication SA. 
  • Prométerre pour la bande dessinée Cultures. Promotion: Campagnes.com. 

Toutes les actions shortlistées ont passé avec succès la grille d’analyse développée par DécadréE.

Le jury principal réunissait des professionnelles de l’égalité et des représentants des métiers de la communication: 

  • Valérie Vuille, directrice de DécadréE 
  • Joëlle Moret, Déléguée à l’égalité et à la diversité à la Ville de Lausanne 
  • Héloïse Roman, Chargée de projets égalité à la Ville de Genève 
  • Vincent Antonioli, membre du comité et président de la commission régionale Suisse romande de KS/CS Communication Suisse 
  • Romain Pittet, coprésident de la Société romande de relations publiques (SRRP) 

Le jury des jeunes réunissait des personnes de moins de 25 ans qui suivent actuellement une formation dans les domaines de la communication ou des études genre: 

  • Ange Bisso, Étudiant en Master en Journalisme et Communication, orientation Création de contenus et communication d’intérêt général à l’Université de Neuchâtel 
  • Mathilde Bolle, Étudiante en Master en Études genre à l’Université de Genève 
  • Gabrielle Nlom, Étudiante en Master en Études africaines à l’Université de Genève et assistante communication pour la Fondation pour l’égalité de genre
  • Joanie Perrenoud, Étudiante en Master en Journalisme et Communication, orientation Création de contenus et communication d’intérêt général à l’Université de Neuchâtel 
  • Alisson Shepherd, Étudiante en Bachelor en Lettres à l’Université de Neuchâtel (Sciences de l’information et la communication, Sciences du Langage, Sociologie) 
  • Charlène Wicky, Étudiante en Bachelor en Lettres et Sciences Humaines (Sociologie, Sciences de l’Information et de la Communication, Management) à l’Université de Neuchâtel

Contact

Valérie Vuille, directrice de DécadréE
valerie.vuille@decadree.com

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