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Le traitement médiatique de la journée internationale du souvenir trans*

Le traitement médiatique de la journée internationale du souvenir trans*


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Décryptage

La journée internationale du souvenir trans* a lieu chaque année le 20 novembre. Les prémisses de cette journée ont eu lieu pour la première fois en 1999, en mémoire de Rita Hester, tuée le 28 novembre 1998 parce qu’elle était trans. Cette journée commémore les personnes trans décédées suite à des discriminations transphobes et rappelle les violences subies par cette communauté.

Personne qui ne se reconnaît pas, ou pas totalement, dans le genre assigné à la naissance. Ce terme regroupe un grand nombre de réalités, dont:

  • Femme trans*: une femme qui a été assignée au genre masculin à la naissance mais dont le genre est féminin. On parle d’elle au féminin.
  • Homme trans*: un homme qui a été assigné au genre féminin à la naissance mais dont le genre est masculin. On parle de lui au masculin.
  • Personne non-binaire: les personnes non-binaires ne sont ni exclusivement homme, ni exclusivement femme, mais peuvent être entre les deux, un genre au delà du féminin et du masculin, un « mélange » de genres ou aucun genre.

Une personne dont le genre est en adéquation totalement avec le genre assigné à la naissance est une personne cisgenre.

Contexte

Dans plusieurs villes de Suisse, des veillées ont lieu chaque année pour la journée internationale du souvenir trans* (20 novembre).

Pourtant, notre veille médiatique montre assez peu d’articles publiés sur cette actualité. Entre le 1er novembre 2020 et le 24 novembre 2025, dix articles de presse ont été publiés, sur cinq événements différents :

  • un en 2020
  • six en 2022
  • un en 2024
  • deux en 2025.

L’article de 2020 parle de la sortie du livre TRANS* qui met en lumière 46 personnes trans ainsi que leurs parcours. Les six articles de 2022 sont sur une fusillade aux Etats-Unis dans un club qui commémorait justement la journée du souvenir trans. L’article de 2024 fait référence à une veillée pour le souvenir trans à Lausanne. Enfin, les articles de 2025 parlent pour l’un d’une veillée à Fribourg, et pour l’autre de l’organisation d’une “Journée des vies trans et non-binaires” à Genève, faisant suite à la journée du souvenir trans.

Analyse

Tout d’abord, ce corpus nous indique que la journée du souvenir trans* est très peu mise en avant dans les médias romands. La journée en soit n’est pas vue comme une actualité suffisante pour être présentée dans les médias, il en va de même pour les veillées organisées. Deux articles en parlent, dont l’un des deux indiquent clairement la nouveauté et donc l’aspect exceptionnel avec “Première à Fribourg” dans le titre.

Il est à noter que l’année où le plus d’articles a été publié est 2022, en lien avec une fusillade aux Etats-Unis. Ces articles sont signés ATS et/ou AFP, mais ont été repris par plusieurs médias. Un peu plus de la moitié du corpus se concentre donc sur une actualité non locale, et particulièrement violente.

Sur les quatre articles qui s’intéressent à une actualité locale, deux définissent précisément et historiquement ce qu’est la journée du souvenir trans. Cela permet d’ancrer cette actualité à l’internationale, ainsi que de montrer l’aspect sociétal et historique des discriminations transphobes. Un seul des articles sur l’actualité états-unienne donne des détails sur ce qu’est la journée du souvenir trans. Les autres mettent la fusillade de 2022 en parallèle avec un autre attentat dans un club gay d’Orlando en 2016. Néanmoins, les dix articles montrent, étant donné l’angle de la journée, que la transphobie existe et tue.

Les articles sur les actualités locales permettent surtout de mettre en avant des personnes concernées et/ou de donner la parole aux associations expertes LGBTIQ+. Ces représentations incarnées améliorent la connaissance et compréhension des thématiques LGBTIQ+ pour le grand public.

Ainsi, nous remarquons une faible visibilité pour cette journée dans les médias romands. Néanmoins, les articles analysés offrent un traitement médiatique adéquat des questions trans.

Pour en savoir plus sur les questions trans et non-binaires, téléchargez notre fiche thématique.

Articles analysés pour ce décryptage :

DécadréE travaille sur le traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+ depuis fin 2020 et fait une veille de 22 médias romands. Nous avons pris des exemples parlant, sans volonté de pointer une rédaction (ou des journalistes) plus qu’une autre. Nous souhaitons montrer les améliorations possibles sur ces questions et nous proposons des outils concrets pour aider les journalistes. Nous proposons par exemple un lexique et un livret de recommandations sur les questions LGBTIQ+.

Télécharger le lexique ➞

Télécharger le livret de recommandations ➞

Le travail de veille médiatique des thématiques LGBTIQ+ de décadréE est soutenu par l’Office cantonal de l’égalité et de la famille de l’Etat du Valais, la Ville de Genève et le LGBTI Youth Fund.

LA COUVERTURE MÉDIATIQUE DU FESTIVAL LES CRÉATIVES

LA COUVERTURE MÉDIATIQUE DU FESTIVAL LES CRÉATIVES


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Aujourd’hui, de nombreuses recherches prouvent que le rôle des modèles (role-models) tient une place primordiale dans les choix de carrières féminines et que leur médiatisation a un véritable impact positif. Pourtant, les femmes dans les médias ne représentent même pas un tiers des personnes médiatisées (GMMP, 2020)[1]. L’institut décadréE participe ainsi à documenter la recherche sur les représentations genrées et différenciées entre les femmes et les hommes dans les médias, avec des exemples suisses romands. Après des analyses sur les représentations des figures politiques, puis des masculinités dans les portraits de presse, décadréE se penche également sur les représentations des femmes des pages culturelles : le cas du festival Les Créatives.

L’Association « Les Créatives » a pour but principal la promotion des femmes et des minorités de genre dans les milieux culturels et artistiques. Il organise chaque année un festival à Genève et dans sa région et contribue à la mise en documentation des déséquilibres et la mise en lumière de la sous-représentation des femmes et des minorités de genre dans le domaine culturel.

L’institut décadréE a recensé 64 contenus qui font mention du festival Les Créatives pour comprendre comment s’articulent les représentations médiatiques d’une manifestation qui lutte contre l’invisibilisation des femmes artistes dans les programmations culturelles. Les contenus couvrent respectivement la première édition de 2005, les éditions de 2017 et 2018 qui ont été largement relayées par la presse, et l’avant-dernière édition de 2024.

Vers une amélioration des représentations

Dans cette étude, 22% des contenus analysés reproduisent des biais sexistes de manière problématique, c’est-à-dire que plus de quatre biais y sont recensés. Si les écueils sont aujourd’hui rarement volontaires, décadréE remarque d’une part qu’ils concernent essentiellement les portraits de presse et, d’autre part, qu’ils dénotent également d’une forme d’inadéquation et/ou d’ignorance pour les questions d’égalité de la part des journalistes.

En effet, décadréE observe que les biais les plus recensés sont l’usage d’un vocabulaire stéréotypé qui, par exemple, contribue à l’essentialisation des artistes. Puis l’effet mentor, soit l’attribution des mérites professionnels à des hommes, est également récurrent dans les contenus médias. Enfin, les femmes sont largement infantilisées renforçant l’impression qu’elles ne peuvent prétendre à la maturité professionnelle quelle que soit l’avancée de leur carrière.

Concernant l’inadéquation et/ou l’ignorance, il s’agit surtout de l’usage inapproprié de termes ou de remarques sur la légitimité de l’événement, générant parfois un sentiment de mépris à la lecture. Déjà en 2005, un article titre « Toutes en scène pour un vrai festival ». L’usage du terme « vrai » semble questionner la légitimité du festival car seules des femmes y sont programmées. Puis, le premier paragraphe de ce même article insiste sur le fait que ce « festival inédit  [..] n’hésite pas à trahir son genre », comme si un événement sans homme ne peut vraisemblablement pas être envisageable tant la présence de la gent masculine présuppose être l’unique garante de qualité et de légitimité. Autre exemple : en 2018, le terme « sexe » est utilisé en lieu et place de « genre » notamment dans le titre[2]. Pourtant l’article parle bien des inégalités de genre rencontrées dans l’espace public, des discriminations thématisées par le festival.

Au total, 22% des contenus analysés reproduisent des biais sexistes de manière problématiques. En 2024, seuls 15% des contenus reproduisent du sexisme de manière problématique contre 31% en 2017. Si cette analyse permet de mettre en lumière une réelle et significative amélioration du traitement médiatique de l’événement, elle souligne par ailleurs que l’écriture des portraits de presse reproduisent toujours les même réflexes : la focalisation sur la présupposée essence féminine contribuant ainsi à véhiculer des stéréotypes de genre et du sexisme.

Du sensationnel au male gaze

Faire attention aux représentations médiatiques des femmes permet de créer de nouveaux modèles. Les médias ont une responsabilité dans la perception et l’évolution des représentations collectives. Dans une perspective réflexive pour créer de nouveaux modèles, la dénonciation de ces écueils contribue à prendre conscience de leur persistance dans nos représentations mais également à constater du chemin parcouru. Voici donc les principaux biais, par thème, qui ont été observés dans l’analyse du traitement médiatique de l’événement.

Essentialisation des compétences

Schématiquement dans les représentations médiatiques, les femmes sont définies au travers d’une potentielle essence féminine. Les adjectifs « douce », « timide » et « passionnée » reviennent à plusieurs reprises.

Infantilisation

Un vocabulaire infantilisant, comme l’usage du prénom, des termes « fille » ou « jeune » -sans caractère objectif- questionne la maturité des femmes et les maintient dans l’adolescence de leur carrière. A cela s’ajoute un effet mentor, soit la mention d’acteur masculin comme un élément indispensable de l’avancée de leur carrière. Elles ne sont pas actrices de leur succès sinon le doivent à des « mentors ».

Décrédibilisation des manifestations pour l’égalité de genre

L’usage de termes inappropriés ou de formulations ironiques renforce un sentiment de mépris et d’ignorance concernant les questions d’égalité et plus spécifiquement de l’invisibilisation des femmes dans les milieux culturels. Ces usages s’additionnent même à trois reprises et reproduisent de la culture du viol.

Sensationnalisme de Cli-Cli

Une quarantaine de contenus est retenue pour l’analyse de 2018, soit trois fois plus qu’en 2017 et qu’en 2024. Plus d’un quart de ce contenu de 2018 thématise le «plaisir féminin», le «clitoris» ou bien encore la «sexualité». Malgré l’invisibilisation médiatique des femmes et la grande absence des femmes dans les programmation des festivals[3], l’édition 2018 du festival bénéficie d’une large médiatisation qu’elle doit certainement à l’effet sensationnaliste du clitoris géant et gonflable appelé « Cli-Cli » qui inaugure l’événement. En d’autres termes, le clitoris s’est porté en étendard jusque dans la presse internationale, en raison de critères érotisants.

Les éditions 2017 et 2018 des Créatives sont marquées par une couverture médiatique conséquente par rapport aux éditions précédentes. Pour rappel du contexte de l’époque, les médias commencent en 2017 à relayer les dénonciations portées par différents mouvements sociaux, l’affaire de la Manada en Espagne, #NousToutes en France et #metoo dans les pays anglophones, qui encouragent la prise de parole des femmes pour dénoncer les agressions sexuelles, les viols et, plus généralement, pour lutter contre la culture du viol. Déjà en 2012, le collectif Slutwalk Suisse, dénonce les violences faites aux femmes, le slutshaming et le victim blaming. À l’image des premiers mouvements de protestations de 2011 au Canada, le collectif organise des marches dans l’espace public. Rapidement, Slutwalk Suisse dénonce également un traitement médiatique biaisé des ses marches, notamment en raison de la focalisation sur les femmes dénudées qui participent aux manifestations.

Or en 2018, le festival des Créatives organise une marche la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, journée qui a lieu le 25 novembre. Ce même jour, d’autres marches contre les violences faites aux femmes sont organisées dans le monde. Le média suisse Le Temps revient sur cette manifestation et la décrypte au regard de l’actualité. Il écrit dans une opinion que « 50 000 personnes ont défilé en France contre les violences faites aux femmes, [qu’]elles étaient plus de 3 000 en Suisse et des milliers ailleurs dans le monde ». Le média fait avant tout le constat que les médias ne relaient que faiblement les dénonciations et les manifestations contre les violences faites aux femmes car ils consacrent la majorité de leur actualité sur celles des Gilets jaunes qui avaient par ailleurs réuni en ce 24 novembre bien moins de participant-es.

« A l’instar de nombreux autres journaux, Le Temps n’a pas relayé la manifestation en direct. Seul le manifeste du collectif décadréE est paru lundi dans les pages dédiées aux contributions externes.
 A Paris, la marche a rassemblé plus de 12 000 personnes, davantage que les « gilets jaunes », qui, eux, étaient environ 8 000. Pourtant, les journaux télévisés de TF1 et France 2 n’ont consacré qu’une minute de sujet à la mobilisation. »[4]

Le propos de cette opinion dénonce le déséquilibre médiatique de deux luttes, sans les hiérarchiser. Sans non plus opposer les revendications, il permet de mettre en lumière l’invisibilisation des problématiques et des enjeux pour l’égalité, voire une certaine forme de mépris pour les questions féministes.

Ou serait-ce simplement du male gaze ? Un concept de sciences sociales qui désigne la manière dont le regard des hommes cisgenres hétérosexuels s’approprie et sexualise le corps féminin. Si la dénonciation des violences n’a rien de sexuelle, on peut présupposé par ailleurs que l’effet sensationnaliste du Cli-cli repose sur la matérialisation du plaisir féminin : le clitoris. Son format géant joue par ailleurs sur l’effet sensationnaliste repris par les médias.

Si tous les mouvements sociaux font face à des enjeux de classe, ils sont aussi en proie au discours hégémoniques médiatiques[5]. Les mouvements féministes et les luttes pour l’égalité ne sont pas épargnées : elles sont soit ignorées soit sexualisées (male gaze) à l’instar du traitement médiatique des marches des salopes (Slutwalk)[6]. Sans compter que les femmes sont, pendant les deux premières décennies des années 2000, encore largement minoritaires dans les rédactions. Or ce sont elles qui majoritairement remettent en questions les stéréotypes[7], et c’est encore le cas aujourd’hui.

De féminines à féministes

Les éditions 2017 et 2018 sont des années charnières pour le festival : d’une part en raison des actualités nationales et internationale qui amèneront en Suisse les conditions favorables aux manifestations du 14 juin 2019, d’autre part en raison du positionnement du festival qui s’inscrit dans une démarche avouée publiquement féministe. Après avoir été nommé pendant une douzaine d’années le festival, Les Créatives, il s’affiche en 2017 comme Les Créatives, festival national féminin et féministe puis, en 2018, comme Les Créatives, festival pluridisciplinaire féminin + féministe (pour devenir dès 2020 Les Créatives, festival artistique et féministe). Si ces deux éditions de 2017 et 2018 rencontrent une médiatisation conséquente, elles ne sont pas dénuées d’écueils. Les principaux biais sexistes recensés démontrent que les femmes sont toujours essentialisées et que les fondements féministes défendus par le festival sont remis en questions ou décrédibilisés.

Au travers de cette recherche exploratoire, décadréE a analysé un panel d’articles traitant des Créatives en 2017 et 2018, puis l’a comparé avec des articles de 2024 ainsi que deux contenus de 2005, l’année de la première édition du festival.

Cette étude démontre que les portraits des femmes artistes sont toujours essentialisés et que si aujourd’hui la légitimité du festival ne semble plus faire débat par la presse, non seulement il n’en était pas ainsi il y a sept ans mais encore les quelques commentaires laissés sur les plateformes des médias l’année dernière présupposent de la résistance contre la manifestation qui lutte contre le sexisme et les inégalités de représentation dans les milieux culturels.

Déjà lors de la 1ère édition, la presse questionne la légitimité du festival. Comme il se démarque par une programmation exclusivement féminine, un article insiste qu’il s’agit d’« un vrai festival ». En 2017, on nous précise que « les femmes […] possèdent réellement ces qualités » rappelant que la présence du festival ou de telle artiste n’est pas encore acquise. En 2018, c’est une remarque pour le lectorat, au cas où il ne saurait pas qu’« on vise l’inclusion, comme on dit désormais ». Toujours en 2018, dans un article qui revient sur la marche contre les violences organisée par le festival, le parallèle avec l’agression physique de cinq femmes à Genève est qualifié de « nuance » et le harcèlement de rue, de « petites phrases vexatoires ». Concernant la programmation musical, lors d’une interview, une artiste qui se produit au festival faite mention de comportements paternalistes pendant le montage et le démontage. A cela la journaliste réplique que «C’était une sorte de drague, pensez-y la prochaine fois!». Précisons que ces propos perpétuent la culture du viol car ils banalisent voire nient la violence[8].

Enfin, toujours en 2024, la qualité des débats sur les plateformes de commentaires rappellent malheureusement que cette légitimité n’est pas acquise. Un commentaire déclare que « l’équipe opérationnelle est composée d’incompétent (e x y z) ». L’usage volontairement erroné de l’écriture inclusive accentue le mépris, le sexisme et l’enbyphobie[9].Un autre commentaire demande rhétoriquement si « les hommes peuvent venir » et un dernier déclare l’événement « sectaire ». Cela n’est pas sans rappeler que malheureusement le traitement médiatique des manifestations pour l’égalité de genre est un sujet clivant. Il génère des commentaires toxiques et haineux qui nuisent aux débats et banalisent le sexisme.

 

Bien que le traitement médiatique de l’événement se soit amélioré au cours des années, l’étude a montré que certains biais de genre persistent tels que l’essentialisation, l’infantilisation et l’attribution des mérites professionnels des femmes à des hommes, en particulier dans les portraits de presse et les interviews. Ces écueils se retrouvent également dans des portraits de différentes rubriques et ne sont pas exclusivement réservés aux portraits culturels.

Cette étude est possible grâce au soutien de La Société suisse d’utilité publique (SSUP)

Ce décryptage est un complément au podcast de Radio Vostok sur l’histoire des Créatives, dans lequel intervient décadréE.

Pour aller plus loin concernant les représentions de genre dans les portraits de presse, nous vous invitons aussi à découvrir la nouvelle étude de décadréE, publiée en octobre 2025, sur les masculinités dans les médias. Elle analyse 235 portraits de presse sous l’angle des masculinités, en regardant le type d’adjectifs et de descriptions majoritairement utilisé. Les résultats montrent quels types de masculinités sont misent en avant par la presse.

 

Aller plus loin :

https://decadree.com/2025/10/09/nouvelles-etudes-comment-les-medias-les-journalistes-et-les-publicitaires-faconnent-les-masculinites/

EN SAVOIR PLUS

[1] WHO MAKES THE NEWS (WMTN) , 2020. Global Media Monitoring Project (GMMP) 2020 Report. Suisse, Résumé analytique.

[2] Le sexe fait référence aux caractéristiques biologiques tandis que le genre se réfère aux différences socialement construites entre le féminin et le masculin. Pour aller plus loin, voir le Lexique LGBTIQ+, outil de formation pour les médias développés par décadréE et la Fédération Genevoise des Associations LGBTIQ+.
En ligne : https://decadree.com/wp-content/uploads/2025/07/Lexique_LGBTIQ_Federation_decadreE_2022.pdf

[3] Encore aujourd’hui, les études démontrent que seulement 17 % des artistes programmé-e-xs sur scène en Suisse sont des femmes en 2025.

ZIMMERMANN Andrea (sous la dir.), 2021. « Les relations de genre dans le secteur culturel suisse. Une analyse qualitative et quantitative axée sur les acteur·trice·s culturel·le·s, les institutions culturelles et les associations », Zentrum Gender Studies, Universität Basel, Bâle.

En ligne : https://genderstudies.philhist.unibas.ch/de/forschung/aktuelle-forschungsprojekte/geschlechterverhaeltnisse-im-schweizer-kulturbetrieb/

[4] REVELLO Sylvia, « #NousToutes : la vague violette déferle dans l’indifférence ». Le Temps, 26 novembre 2018.

[5] TÉVANIAN Pierre et TISSOT Sylvie, 2010. « La langue des médias, pourquoi la critiquer, comment la critiquer ? », Mouvements, 2010/1 n° 61, p. 45-59.

[6] DURRER Sylvie, 2000. « La presse romande est-elle sexiste? Oui! », Bulletin suisse de linguistique appliquée, No 72, Institut de linguistique, Université de Neuchâtel, pp.107-121.

[7] DURRER Sylvie, JUFER Nicole et PAHUD Stéphanie, 2009. « La place des femmes et des hommes dans la presse écrite généraliste de Suisse romande des années 80 à nos jours », Zurich et Genève, Éditions Seismo.

[8] L’étude sur le traitement médiatique des violences sexistes de décadréE de 2023 alerte sur le fait qu’un article toutes les deux semaines perpétue encore la culture du viol.

En ligne : https://decadree.com/wp-content/uploads/2023/11/2023_Rapport_ViolenceSexistes_NV-1.pdf

[9] L’enbyphobie désigne la discrimination envers les personnes non-binaires.

Cyberviolence, pression, … : ce que révèle le monitorage des risques sur la sécurité des journalistes en Suisse

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Si la Suisse figure parmi les pays les plus sûrs pour exercer le journalisme, une nouvelle étude commandée par l’Office fédéral de la Communication (OFCOM) et conduite par la Haute école spécialisé des sciences appliquées (ZHAW) révèle une réalité plus contrastée: insultes, attaques numériques et harcèlement touchent une large part de la profession. Dans un contexte inquiétant de restructuration qui s’amplifie, ces révélations sont préoccupantes.

L’étude menée par la ZHAW publiée le 17 novembre 2025 met en évidence une réalité devenue difficile à ignorer: le monde du journalisme est confronté à une montée de la haine, du harcèlement et des pressions juridiques qui touchent une large majorité de personnes de la profession. En 2024, 60 % des journalistes interrogé-es affirment avoir reçu des remarques haineuses ou insultantes dans le cadre de leur travail, et ces attaques s’adressent aussi bien à leurs productions journalistiques qu’à leur identité personnelle ou à leur média.

Onze pour-cent des personnes sondées ont été confrontées à du harcèlement sexuel, principalement verbal mais parfois aussi physique. À cela s’ajoutent les risques numériques: attaques informatiques, tentatives de phishing ou courriels falsifiés, rapportés par 17 % des personnes participant au sondage. Ces violences se déploient surtout dans les espaces numériques publics — réseaux sociaux, sections de commentaires — mais aussi dans des canaux privés comme les messageries ou les e-mails. Les auteurs sont le plus souvent des inconnus.

Les journalistes ne sont pas exposé-es de la même manière. L’étude souligne que les journalistes d’investigation sont particulièrement ciblé-es, qu’il s’agisse de haine, de menaces juridiques ou d’attaques numériques. Le harcèlement sexuel affecte surtout les femmes, les plus jeunes membres de la profession et les personnes qui couvrent des thématiques politiques, sociales ou liées aux minorités.

Les conséquences de ces violences

Ces violences ont un impact direct sur le bien-être des personnes visées. Selon l’étude, le niveau de bien-être psychique des journalistes se situe en dessous de la moyenne de la population active suisse. Les agressions subies augmentent le risque de burn-out. Un chiffre particulièrement alarmant ressort: 68 % des journalistes ont déjà envisagé de quitter la profession. Les inquiétudes portent sur l’insécurité financière, la qualité du journalisme, un manque de reconnaissance ou encore la peur de perdre son emploi.

La ZHAW recommande de renforcer les dispositifs de soutien dans les rédactions, qu’ils soient juridiques, psychologiques ou organisationnels. L’équipe de recherche de l’étude insiste aussi sur la nécessité d’intégrer des modules de prévention dans la formation journalistique et de travailler à une reconnaissance publique plus forte du rôle démocratique du journalisme. L’étude s’inscrit dans le cadre du Plan d’action national pour la sécurité des journalistes, porté par l’OFCOM, qui vise à créer un environnement plus sûr et plus durable pour la profession.

Pour aller plus loin

DécadréE souligne l’importance de cette étude: cet état des lieux inquiète l’institut. Nous souhaitons également ajouter un complément, car cette étude offre peu de précisions sur les proportions de genre des personnes participant à l’étude.

En effet, bien que l’étude affirme que les femmes sont par exemple plus touchées par le harcèlement sexuel ou encore que « [les comportements hostiles visent également les] caractéristiques propres à la personne interrogée (20%; p. ex. ethnie ou genre) », l’étude n’insiste pas sur les difficultés spécifiques auxquelles les femmes ou les personnes racisées peuvent faire face dans leur quotidien de journalistes.

Nous savons que les femmes sont plus confrontées à la haine en ligne et de par ce fait, subissent plus fortement les répercussions de cette cyberviolence. Nous savons également que les journalistes racisé-es sont non-seulement sous-représenté-es en rédaction mais également plus confronté-es à du racisme quotidiennement au sein des rédactions comme dans l’espace public.

L’institut invite ainsi à compléter les résultats de l’étude de la ZHAW avec les réalités vécues par des groupes de personnes stigmatisées et victimes de discriminations au quotidien.

DécadréE recrute: rejoignez notre comité!

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Institut de recherche et de formation, et laboratoire d’idées sur l’égalité dans les médias, décadréE recherche des

membres de comité
(bénévolat)

DécadréE propose des outils, des formations et un accompagnement destinés aux professionnel-les des médias et de la communication. DécadréE s’engage pour la construction de médias plus égalitaires à travers différents projets de formation, de sensibilisation et de recherche. L’association œuvre aussi pour un changement de paradigme dans la communication linguistique et visuelle.

DécadréE est une association à but non lucratif fonctionnant en gouvernance partagée, composée d’une équipe salariée (5 personnes actuellement), d’un comité bénévole et d’une assemblée générale. Pour son comité, décadréE recherche actuellement de nouvelles personnes.

  • Vous portez un intérêt aux enjeux d’égalité, aux luttes féministes, à la presse et aux médias?
  • Vous avez de l’intérêt pour le monde associatif et/ou les formes de gouvernances horizontales et les valeurs qui y sont liées (engagement bénévole, solidarité, soin du collectif, intérêt public)?
  • Vous souhaitez vous engager dans une association et avez un peu de temps à y consacrer?
  • Vous avez des compétences financières ou comptables (poste de trésorerie à pourvoir), juridiques ou dans le domaine des ressources humaines? (Ces compétences sont actuellement une priorité pour l’association, mais toutes autres compétences sont également bienvenues).

Nous serions très heureux-ses de vous compter parmi nous!

Un engagement au sein du comité de décadréE comprend notamment: 1 réunion de comité de 1h30 tous les 2 mois (en présentiel, à Genève), 1 retraite d’une journée par an, 1 assemblée générale par an, 1 entretien annuel en binôme avec un-e-x membre de l’équipe, la possibilité de participer aux événements de décadréE, ainsi que d’autres rencontres, discussions ou tâches en fonction des besoins et des disponibilités.

Si cette fonction vous intéresse, vous pouvez nous écrire à comite@decadree.com en vous présentant en quelques lignes, et nous adresser vos éventuelles demandes de précision. Si vous le souhaitez, vous pouvez également joindre un CV.

Nous nous réjouissons de vous lire!

Traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+ : des progrès, mais encore trop d’invisibilité

Traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+ : des progrès, mais encore trop d’invisibilité


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Recherche 2025

Entre juillet 2024 et juin 2025, décadréE a analysé 1’302 sujets médiatiques issus de 22 médias romands (presse écrite, télévision et radio) afin d’évaluer le traitement des thématiques LGBTIQ+.

Résultat : une amélioration globale du traitement médiatique, mais des lacunes persistantes en matière de représentations.

Des avancées encourageantes
La moyenne générale de l’analyse, calculée sur 14 critères codés entre -1 et 1, atteint 0,21, en hausse par rapport à la recherche précédente (effectuée en 2021-2022 et avec une moyenne de 0,06). Les sujets médiatiques clairement problématiques ont diminué, signe d’un traitement médiatique amélioré.

Trop peu de voix LGBTIQ+
Les personnes LGBTIQ+ sont absentes dans près de 7 sujets médiatiques sur 10, et leur parole directe n’apparaît que dans un article sur quatre. Les voix expertes sont également peu présentes. Cette faible représentation limite la compréhension des réalités vécues pour le grand public et empêche des représentations diversifiées.

Des biais persistants sur les questions trans
Les titres, chapôs et images sont globalement peu sensationnalistes, à l’exception notable des sujets portant sur les questions trans. Ceux-ci concentrent la quasi-totalité des biais négatifs observés, entretenant des représentations stéréotypées.

L’intersexuation, toujours absente
L’intersexuation demeure quasi invisible : seuls 10 sujets, soit moins de 1 % de la veille, abordent cette thématique, qui obtient la plus mauvaise moyenne de l’analyse. Cela témoigne d’un manque de connaissance et de sensibilisation au sein des rédactions.

Cette recherche a été effectuée dans le cadre du projet de sensibilisation des médias aux thématiques LGBTIQ+, co-porté avec la Fédération genevoise des associations LGBTIQ+. Il reçoit le soutien de la Ville de Genève, de l’Office cantonal de l’égalité et de la famille de l’Etat du Valais ainsi que de fondations privées.

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