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Décryptage – Le traitement médiatique des thérapies dites “de conversion”

Décryptage – Le traitement médiatique des thérapies dites “de conversion”


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Décryptage

L’expression “thérapies de conversion” vient des Etats-Unis d’Amérique dans les années 1950 et fait référence à de multiples pratiques non-scientifiques, censées modifier l’orientation sexuelle/affective ou l’identité de genre des personnes LGBTIQ+, selon les personnes qui les proposent.

 

Le sujet des thérapies dites “de conversion” est plus présent dans les médias suisses depuis quelques mois. Cela est lié à l’actualité politique, avec des interdictions dans certains cantons romands et des discussions à l’échelle nationale, mais également dans d’autres pays européens. Nous proposons un décryptage de ce sujet médiatique dans les médias romands.

La moyenne des 47 sujets médiatiques (article de presse, TV, radio) recensés dans 19 médias romands, entre le 7 février 2024 et le 26 mai 2025, parlant spécifiquement des thérapies dites “de conversion”, est de 0,18. Cela signifie que le traitement médiatique est globalement adéquat.

Néanmoins, nous relevons quelques écueils qui limitent la compréhension des thérapies dites “de conversion” (aussi appelées mesures ou pratiques de conversion) pour le grand public.

Les médias ont tendance à mettre en avant surtout l’orientation sexuelle et affective dans les cas de thérapies dites “de conversion”, négligeant l’identité de genre qui est pourtant également incluse dans les (projets de) lois en Suisse romande. Il est ainsi souvent question de “pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle” ou de “délivrer les homos”. Cela est également le cas pour les personnes concernées qui témoignent dans les médias, la plupart ont subi des pratiques visent à modifier leur orientation sexuelle et affective. Pourtant, le Panel Suisse LGBTIQ+ de 2023 met en avant que 15,5% des personnes non-cisgenres et 9,5% des personnes non-hétérosexuelles ont subi des pratiques visant à modifier leur identité de genre ou leur orientation sexuelles et affective.

D’ailleurs, même si certains témoignages existent, il y en a uniquement 4 dans les 47 sujets médiatiques analysés. Ainsi, en majorité, il manque la parole des personnes concernées dans les médias ce qui permet moins de se rendre compte de la réalité suisse. Il n’y a en outre pas beaucoup plus de personnes expertes dans les médias (6 mentions sur 47), ces dernières étant principalement en lien avec les communiqués de presse des associations nationales.

De plus, lorsque des exemples sont donnés, ils sont centrés pratiquement uniquement sur les milieux religieux. Bien que plusieurs cas et études aient montré qu’il existait des thérapies dites “de conversion” en lien avec la spiritualité, des exemples sont aussi ressortis dans le monde médical. D’ailleurs, la loi valaisanne qui interdit ces pratiques est insérée dans un loi sur la santé. Il convient de les rendre visible car la réalité suisse n’est pas celle des films hollywoodiens et les thérapies dites “de conversion” peuvent être plus subtiles mais toujours interdites.

Ainsi, bien que le sujet soit traité de manière adéquate dans les médias romands, il est important de faire attention à bien mettre en avant l’entier des victimes des thérapies dites “de conversion” et à montrer la pluralité de ces pratiques, pratiquement interdites partout en Suisse romande.

Sélection d’articles analysés pour ce décryptage :

Situations en juin 2025 dans les différents cantons romands : Berne, Neuchâtel,Valais, Vaud : interdiction Genève, Fribourg, Jura : projets de loi en vue d'une interdiction

DécadréE travaille sur le traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+ depuis fin 2020 et fait une veille de 19 médias romands. Nous avons pris des exemples parlant, sans volonté de pointer une rédaction (ou des journalistes) plus qu’une autre. Nous souhaitons montrer les améliorations possibles sur ces questions et nous proposons des outils concrets pour aider les journalistes. Nous proposons par exemple un lexique et un livret de recommandations sur les questions LGBTIQ+.

Télécharger le lexique ➞

Télécharger le livret de recommandations ➞

Le travail de veille médiatique des thématiques LGBTIQ+ de décadréE est soutenu par le Canton du Valais, la ville de Genève et le LGBTI Youth Fund.

Annonce de restructuration à TX Group

Annonce de restructuration à TX Group


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Suite à l’annonce de la restructuration menaçant près de 80 postes à temps plein par l’éditeur TX Group, décadréE fait part de sa désolation et se joint aux inquiétudes.

Un journalisme de qualité demande du temps et des ressources. Les études sur le traitement médiatique des violences sexistes montrent que le contexte de rédaction des articles influencent la qualité des contenus.

L’institut est inquiet face à cette crise que traversent les médias romands, qui menace grandement la qualité et la diversité des contenus médiatiques. Ces décisions économiques de gestion des ressources humaines fragilisent grandement la branche du journalisme et la garantie d’une information de qualité.

Cette annonce de mesure économique suit celles de restructuration de TX Group et de Tamedia en 2023, celle de ESH Médias (Le Nouvelliste, Arcinfo, la Côte, etc.) faite en début 2024, celle de TX Group/Tamedia (24 Heures, La Tribune de Genève, 20 Minutes, mais aussi le Tages Anzeiger, Des Bund et Bilan, etc.) en été 2024 ainsi que celles de de la SRF en hiver 2025 et St-Paul Médias SA au printemps 2025.

Prix de la communication inclusive: des récompenses pour Minds et OQIO, Créatives et 23bis

Prix de la communication inclusive: des récompenses pour Minds et OQIO, Créatives et 23bis


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Lausanne, le 10 juin 2024 – communiqué

 En 2025, le Prix de la communication inclusive a connu sa troisième édition. Cette année, une cinquantaine de personnes des milieux de la communication et de l’égalité se sont retrouvées le 10 juin au Tibits Lausanne, pour une cérémonie de remise des prix suivie d’une table ronde et d’un apéritif. Une soirée idéale pour parler des douze projets présentés, et plus largement de l’évolution des pratiques inclusives dans la communication. 

«Nous avons vu des progrès intéressants dans les projets d’agences qui ont participé aux autres éditions, signe que les pratiques d’améliorent, se réjouit Valérie Vuille, directrice de DécadréE et organisatrice du concours. Le nombre d’inscriptions a presque doublé depuis 2024, ce qui montre un intérêt croissant des milieux de la communication pour des pratiques inclusives.» 

Non à la discrimination algorithmique 

Dans la première catégorie, qui regroupe des campagnes sur le thème de l’égalité, c’est la campagne contre la discrimination algorithmique intitulée Intelligence artificielle avec responsabilité… sans discriminations réalisée par 23bis pour l’ONG AlgorithmWatch qui a été récompensée. Cette action de lobbying donne la parole à des personnalités représentant une multitude de profils, aux origines, genres et handicaps différents. 

«Nous avons récompensé ce projet à la fois pour ses objectifs ambitieux et pour son approche engagée. Cette campagne est complète, incarnée, intersectionnelle et profondément d’actualité», a déclaré Joëlle Moret, Déléguée à l’égalité et à la diversité de la Ville de Lausanne et membre du jury. 

 Des sourires très inclusifs 

La seconde catégorie était ouverte aux campagnes et actions de communication appliquant les bonnes pratiques de l’inclusivité, sans poursuivre spécifiquement un objectif lié aux questions de genre. C’est la campagne Tout commence par un sourire de Adent qui a été distinguée. Destinées à encourager la population à prendre soin de son hygiène bucco-dentaire, les déclinaisons diffusées en affichage, dans les médias classiques et sur les réseaux sociaux mettent en scène des modèles montrant une grande diversité d’âges, d’origines, de genres et de caractéristiques physiques. 

Romain Pittet, coprésident de la SRRP et membre du jury, souligne que «dans un domaine lié autant à la santé qu’à l’esthétique, il serait tentant de suivre des standards de beauté classique. Au contraire, l’agence a choisi de mettre en avant une diversité de modèles et d’apparences, tout en prêtant attention aux formulations utilisées. Le résultat est une campagne inclusive, mais en toute discrétion.» 

«Pleure comme un homme*!» 

Introduit lors de la deuxième édition en 2024, le jury des jeunes décerne lui aussi un prix. Cette année en revanche, il n’a pas fait son choix parmi les projets shortlistés: le jury des jeunes a lui-même identifié des campagnes et actions de communication qu’il a jugées intéressantes sur le plan de l’inclusivité. Le hasard fait bien les choses, puisque cette démarche lui a permis de récompenser la campagne «Pleure comme un homme» de l’association Minds, réalisée par OQIO, qui faisait lui aussi partie des projets shortlistés et soumis au jury principal. 

Douze campagnes shortlistées 

Le jury officiel et le jury des jeunes ont dû faire leur choix parmi douze campagnes réparties entre les deux catégories. 

Catégorie «Campagnes pour l’égalité» 

  • AlgorithmWatch pour sa campagne contre la discrimination algorithmique. Réalisation: 23bis. 
  • L’Etat de Vaud pour sa campagne Amoureux·ses, réalisée elle aussi par 23bis. 
  • Le Canton du Valais pour sa campagne Contre les discriminations LGBTIQ. Réalisation: kiwi communication Sàrl. 
  • La HETSL pour sa brochure destinée à encourager la participation des filles dans les activités jeunesse. 
  • L’association Minds pour sa campagne Pleure comme un homme. Réalisation: OQIO. 
  • La République et Canton de Genève pour sa campagne Changeons la donne, réalisée par Mosh. 
  • L’Université de Lausanne pour son guide pour une communication inclusive. 

Catégorie «Toutes campagnes» 

  • Adent pour sa campagne Tout commence par un sourire. Réalisation: Creatives. 
  • Groupe E pour sa campagne de marque employeur. 
  • La Ville de Lancy pour sa campagne sur la mode durable. Réalisation: Hamak. 
  • Le label Commune en santé pour son action de notoriété réalisée par LR Communication SA. 
  • Prométerre pour la bande dessinée Cultures. Promotion: Campagnes.com. 

Toutes les actions shortlistées ont passé avec succès la grille d’analyse développée par DécadréE.

Le jury principal réunissait des professionnelles de l’égalité et des représentants des métiers de la communication: 

  • Valérie Vuille, directrice de DécadréE 
  • Joëlle Moret, Déléguée à l’égalité et à la diversité à la Ville de Lausanne 
  • Héloïse Roman, Chargée de projets égalité à la Ville de Genève 
  • Vincent Antonioli, membre du comité et président de la commission régionale Suisse romande de KS/CS Communication Suisse 
  • Romain Pittet, coprésident de la Société romande de relations publiques (SRRP) 

Le jury des jeunes réunissait des personnes de moins de 25 ans qui suivent actuellement une formation dans les domaines de la communication ou des études genre: 

  • Ange Bisso, Étudiant en Master en Journalisme et Communication, orientation Création de contenus et communication d’intérêt général à l’Université de Neuchâtel 
  • Mathilde Bolle, Étudiante en Master en Études genre à l’Université de Genève 
  • Gabrielle Nlom, Étudiante en Master en Études africaines à l’Université de Genève et assistante communication pour la Fondation pour l’égalité de genre
  • Joanie Perrenoud, Étudiante en Master en Journalisme et Communication, orientation Création de contenus et communication d’intérêt général à l’Université de Neuchâtel 
  • Alisson Shepherd, Étudiante en Bachelor en Lettres à l’Université de Neuchâtel (Sciences de l’information et la communication, Sciences du Langage, Sociologie) 
  • Charlène Wicky, Étudiante en Bachelor en Lettres et Sciences Humaines (Sociologie, Sciences de l’Information et de la Communication, Management) à l’Université de Neuchâtel

Contact

Valérie Vuille, directrice de DécadréE
valerie.vuille@decadree.com

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Recommandations – traitement médiatique de la Marche des fiertés

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Recommandations

A l’approche de la Pride romande du 7 juin 2025 à Genève, l’institut décadréE propose une série de recommandations sur le traitement médiatique des Marches des fiertés, en collaboration avec la Fédération genevoise des associations LGBT.

La Marche des fiertés est un événement annuel, sujet marronier qui rend compliqué son traitement médiatique par les journalistes, au-delà de la simple information factuelle (date/lieu). Nous proposons ici quelques recommandations et en profitons pour rappeler que les structures qui organisent les Marches des fiertés sont composées uniquement de bénévoles.

1. Parler de la Pride, grâce à l'itinérance géographique ou à un angle particulier

En Suisse romande, une Pride a lieu chaque année dans une ville différente (depuis 2021, une année sur deux elle a lieu à Genève). Cette itinérance géographique permet de contrer l’aspect marronier car chaque canton a ses propres lois et enjeux sur les thématiques LGBTIQ+. Il est également l’occasion de se concentrer sur le vécu des personnes LGBTIQ+ de la région en particulier et sur les enjeux, notamment juridiques, propres à chaque canton. Ainsi, la prévention de l’homophobie et de la transphobie en milieu scolaire est différente selon les cantons, chacun ayant le pouvoir sur la gestion de l’école.

De plus, des revendications sont toujours proposées par les organisations. Il est possible d’en choisir une seule et de la creuser, de profiter de la Pride pour voir où en est un sujet LGBTIQ+ désormais ou encore pour s’intéresser aux parcours des bénévoles qui l’organisent.

2. Trouver un bon équilibre entre l’aspect politique/revendicateur et l’aspect festif

Les Prides sont des événements politiques, qui comportent des revendications pour l’égalité. C’est également un moment de visibilité et de joie dans l’espace public pour les personnes LGBTIQ+ et alliées. L’aspect festif des Marches des Fiertés peut permettre de rendre visible l’événement auprès du grand public mais il est important de ne pas occulter les revendications pour montrer que cet événement reste nécessaire aujourd’hui. Cela est également important lors du choix des images, choix qui a un impact sur le grand public avec notamment, pour Genève, une confusion entre la Pride et la Lake Parade. En outre, les personnes LGBTIQ+ n’ont pas toutes le même vécu au sein des « lettres », et particulièrement en termes de droits. Il est intéressant de mettre en lumière des revendications qui ne portent pas que sur les personnes gays ou lesbiennes.

3. Rappeler l’ancrage historique

Les Prides ont lieu en Suisse depuis des dizaines d’années, il est intéressant d’ancrer cet événement dans la durée en montrant les avancées en termes de droits mais aussi ce qu’il reste à mettre en place pour l’égalité. Au-delà de l’événement en soi, c’est une actualité pour parler des thématiques LGBTIQ+. Rappeler l’ancrage historique des Prides, c’est également revenir sur leurs origines, soit un mouvement réactionnaire face à la violence policière, à New York, contre les personnes trans*, les drag queens et la communauté LGBTIQ+.

4. Utiliser les bons mots

Aujourd’hui le terme “Gay Pride” n’est plus utilisé par les organisations de Suisse romande. Il est question uniquement de “Pride” et/ou “Marche des fiertés”. Le terme “Gay Pride” est réducteur et ne permet pas de mettre en avant la diversité des vécus de l’acronyme LGBTIQ+.

Il est aussi important de qualifier correctement les personnes et les différentes réalités que vous aller retrouver sur le terrain ou dans vos sujets. N’hésitez pas à vous renseigner en amont sur le vocabulaire ou les écueils à éviter, par exemple auprès de l’organisation (Geneva Pride pour 2025), de la Fédération romande des associations LGBTIQ+, des faîtières (LOS, TGNS, Pink Cross) ou dans notre lexique ou livret de recommandations.

Nous avons également mis en place des recommandations pour les structures organisatrices, en vue de faciliter les liens avec les médias.

Toutes ces recommandations ont été élaborées et relues avec des membres d’organisation de la Pride romande ainsi qu’une journalistes.

DécadréE recommande de ne pas nominaliser et d’utiliser le terme « personnes » avant les adjectifs trans*/non-binaires/intersexes par exemple. Demandez aux personnes concernées comment il faut les genrer et respectez leurs limites, comme par exemple l’anonymat.

Victimisation secondaire: ce que le procès Depardieu dit des médias suisses

Victimisation secondaire: ce que le procès Depardieu dit des médias suisses


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Décryptage

En mars 2025, Gérard Depardieu comparaissait à Paris pour agressions sexuelles. Mais au-delà des faits reprochés à l’acteur, c’est un autre phénomène qui s’est imposé à l’audience : la victimisation secondaire. Cette forme de violence institutionnelle s’est manifestée tout au long du procès, notamment à travers la stratégie de défense de l’accusé. Et en Suisse ? Si certains médias ont su questionner ces mécanismes, d’autres sont passés à côté d’une analyse essentielle pour comprendre la violence institutionnelle à l’œuvre.

Mais c’est quoi, la victimisation secondaire ?
La victimisation secondaire, c’est cette deuxième violence que subissent les personnes victimes de violences sexistes ou sexuelles. Elle ne vient pas de l’agresseur, mais des institutions censées les protéger : la police, la justice, les médias.

Elle se manifeste par des remarques ou des procédures qui remettent en cause leur parole, les culpabilisent ou les réduisent à des stéréotypes. C’est quand on demande à une plaignante pourquoi elle a attendu pour porter plainte, ce qu’elle portait ce jour-là, ou si elle a résisté. C’est aussi quand on la fait passer pour instable, manipulatrice ou intéressée.

Ce phénomène est reconnu par des instances comme la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), mais il reste peu connu du grand public. Pourtant, il est central pour comprendre pourquoi tant de victimes renoncent à porter plainte — ou se rétractent après avoir parlé.

Le procès Depardieu : la victimisation secondaire comme stratégie judiciaire
Plusieurs médias (1) ont relevé que pendant ce procès de Gérard Depardieu, la défense ne s’est pas limitée à contester les faits : elle a directement ciblé la crédibilité des plaignantes.

En effet, l’avocat Jérémie Assous a multiplié les attaques délégitimant les récits des plaignantes : «menteuses», «hystériques», «vénales». Il a suggéré que les plaignantes exagéraient leurs propos, qu’elles jouaient un rôle, qu’elles cherchaient l’attention. Ce discours relève d’une stratégie assumée de discrédit fondée sur des stéréotypes sexistes.

Les termes utilisés par la défense – «hystériques», «vénales», «menteuses» – ne sont pas neutres. Ils s’inscrivent dans une longue tradition de discours sexistes utilisés pour discréditer la parole des femmes :

➜ «Hystérique» : ce mot vient historiquement du mot grec hystera (utérus). Il a été utilisé pendant des siècles pour faire passer les femmes pour instables, excessives, émotionnellement irrationnelles. Aujourd’hui, il renforce l’idée que les femmes seraient par nature irrationnelles et/ou incontrôlables.
TV5 monde, 29.01.2024, «"En finir avec l'hystérie féminine" ou comment déconstruire un symbole du patriarcat»

➜ «Vénale» : accuser une femme de vouloir «attirer l’attention» ou «chercher de l’argent», c’est insinuer que son témoignage est motivé par intérêt, non par vérité. C’est un stéréotype courant, notamment dans les affaires de violences sexuelles, qui détourne le regard de la violence subie.
L’Humanité, 19 mai 2022, «Violences sexuelles : non, elles ne portent pas plainte pour l’argent»

➜ «Menteuse» active le mythe – infondé – des fausses accusations, alors que celles-ci sont très rares (entre 3 et 10 % des plaintes selon les études les plus larges, souvent moins).

Des associations féministes, des avocates et plusieurs journalistes ont dénoncé ce qu’elles appellent une stratégie de « victimisation secondaire organisée » : une violence qui s’exerce publiquement, dans un cadre institutionnel, et qui pousse les victimes à revivre leur traumatisme.

Entre analyse critique et neutralité journalistique
En Suisse, la couverture du procès Depardieu a différé selon les rédactions. Si les faits ont été largement relayés, la question de la victimisation secondaire n’a pas été relevée dans tous les médias.

Le Matin s’est démarqué avec un article titré «Procès Depardieu : la victimisation secondaire comme stratégie de défense» . Il analyse les propos de la défense et les situe dans une logique de discrédit des plaignantes. Un traitement encore rare dans la presse romande. L’article souligne notamment que “dans une salle d’audience, c’est une stratégie habituelle des  agresseurs d’inverser la culpabilité» (…). Finalement, qui est coupable? Ce sont les victimes. Elles mentent,  elles complotent, elles sont folles»”, illustrant ainsi clairement le phénomène de victimisation secondaire.

D’autres, comme RTS Info, ont opté pour une restitution factuelle des audiences. Ce choix éditorial laisse de côté les mécanismes de violence institutionnelle qui traversent ce type de procès.

Ce décalage souligne un enjeu central : comment mieux nommer les violences systémiques dans le traitement médiatique, et faire ressortir les enjeux spécifiques du traitement judiciaire des violences sexistes et sexuelles.

Des leviers pour mieux couvrir les violences sexistes
Le procès Depardieu l’a montré : la parole des victimes ne se heurte pas qu’au doute, mais aussi à des stratégies de décrédibilisation. La victimisation secondaire est souvent intégrée à la défense et normalisée dans les pratiques. Dans cette dynamique, le traitement médiatique joue un rôle central

Pour y répondre, quelques réflexes simples peuvent renforcer un traitement médiatique plus juste et plus complet:

  • Donner la parole à des expert-e-s de la violence sexiste et sexuelles (militantes, sociologues, psychologues): pour apporter un éclairage structurant, pas seulement émotionnel.

  • Aller au-delà du factuel, en questionnant les rapports de pouvoir à l’œuvre dans le cadre judiciaire.

  • Interroger les mécanismes en jeu: victimisation secondaire, stéréotypes sexistes, violences institutionnelles…
  • Ces outils aident à raconter autrement des réalités complexes, sans minimiser ni simplifier.

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