Menu de l'institut
Menu du LAB

Décryptage – La diffusion médiatique de la décision de la Cour suprême britannique sur le genre

Décryptage – La diffusion médiatique de la décision de la Cour suprême britannique sur le genre


Faire une recherche par thématiques

Décryptage

Suite au relai dans les médias suisses romands de la décision de la Cour suprême britannique sur le genre et sa définition, nous proposons un décryptage pour voir comment les journalistes traitent de cette actualité.

Tout d’abord, nous proposons des définitions des termes utilisés.

Sexe

Le sexe fait référence aux caractéristiques biologiques (gonades, organes génitaux, chromosomes, hormones) qui peuvent être différentes selon les personnes et qui sont traditionnellement regroupées et classées selon deux catégories mâle ou femelle, alors qu’il y a davantage de diversité et de variations que ces deux groupes distincts (cf. les personnes intersexuées).

Genre

Le genre se réfère aux différences socialement construites entre le féminin et le masculin. Elles sont acquises et dépendantes d’une société donnée, dans un temps donné. Lors de la naissance, et selon les caractéristiques sexuelles visibles, chaque enfant sera rangé dans une catégorie, à savoir mâle ou femelle. Selon cette assignation, le genre de la personne sera supposé : femelle → fille/femme ou mâle → garçon/homme. Du genre découle ensuite des normes et attentes sociales distinctes, ce sont les rôles de genre.

Transgenre/trans*/trans : personne qui ne se reconnaît pas, ou pas totalement, dans le genre assigné à la naissance. Ce terme regroupe un grand nombre de réalités, dont :

  • Femme trans* : une femme qui a été assignée au genre masculin à la naissance mais dont le genre est féminin. On parle d’elle au féminin.
  • Homme trans* : un homme qui a été assigné au genre féminin à la naissance mais dont le genre est masculin. On parle de lui au masculin.
  • Personne non-binaire : les personnes non-binaires ne sont ni exclusivement homme, ni exclusivement femme, mais peuvent être entre les deux, un genre au delà du féminin et du masculin, un « mélange » de genres ou aucun genre.

Une personne dont le genre est en adéquation totalement avec le genre assigné à la naissance est une personne cisgenre.

Contexte

En avril 2025, la Cour suprême britannique décide de la primauté du sexe biologique sur le genre dans les espaces non-mixtes. Bien que les répercussions dans les faits ne soient pas encore toutes connues, les premières conclusions montrent que les personnes trans* ne pourront plus utiliser les toilettes de leur genre (cela signifie qu’une femme trans ne pourra plus utiliser les toilettes des femmes), ni les vestiaires, ni les centres d’accueil pour victimes de violences domestiques par exemple.

Avant même la décision rendue, le fait que la Cour suprême britannique allait se pencher sur cette question était présent dans les médias. Cette affaire est médiatisée pour sa portée, son sujet qui fait régulièrement l’actualité (la transidentité), mais également car l’autrice internationalement connue JK Rowling soutient financièrement “For Women Scotland”, un collectif a l’origine du mouvement qui a demandé à la Cour suprême britannique de rendre une décision sur cette question.

Ainsi, la décision de la Cour suprême dit que l’égalité est liée au sexe biologique et non pas au genre. Les médias reprennent ces termes là. Nous proposons de discuter de l’éventuelle confusion que cela peut amener pour le lectorat.

Médiatisation et analyse

La médiatisation en Suisse romande connaît deux moments : le jour de la décision de la cour suprême britannique (et les suivants) où la décision est actée et transmise ; puis à chaque décision de fédération ou institution qui modifie son réglement pour y inclure la décision.

Dans le premier moment, les précédentes décisions juridiques qui ont mené à ce moment sont explicitées (par exemple en Ecosse), le soutien de JK Rowling est cité et la décision est mise en avant majoritairement à travers le discours rapporté direct des juges et des membres de “For Woman Scotland”. Le discours rapport direct confère une importance aux propos. Les personnes et associations trans ont peu la parole, ou avec un discours rapporté indirect.

Dans le deuxième moment, après la décision, et qui continuera encore ces prochaines semaines en fonction des modifications réglementaires (d’associations de sport, d’université, etc.), l’accent est plus mis sur les conséquences. Plus régulièrement des personnes trans et des associations spécialisées s’expriment. Cela est important pour se rendre compte de l’impact réel et quotidien sur des personnes.

Dans plusieurs articles, il y a également des paroles de personnalités politiques ou d’organisations dont les valeurs sont proches de “For Woman Scotland” qui sont rapportées directement. Dans le cadre du discours rapporté direct des organisations, cela amène de la confusion à la lecture, car elles utilisent le terme “hommes” pour désigner les femmes trans. Il n’est donc plus clair de qui il est question.

Les médias n’accompagnent pas ces termes avec des explications, ce qui peut perdre le lectorat en plus de lui donner des informations incorrectes.

Avec les personnalités politiques, il est parfois précisé “hommes biologiques” après le terme “femmes trans”, ce qui est également inadéquat. Ce que ce terme recouvre n’est pas clair, car chaque être humain est biologique et la définition du sexe dépend de plusieurs caractéristiques biologiques (organes génitaux, chromosomes, hormones, etc).

Il sera plus adéquat de parler des définitions qui parlent de genre (ressenti) et de sexe/genre assigné à la naissance et de potentielles divergences entre les deux.

Enfin, les absences notables dans les médias sont les hommes trans et les personnes non-binaires (un seul article les mentionne), alors que la décision de la Cour suprême britannique semble également les inclure.

Sélection d’articles analysés pour ce décryptage :

  • 2025.08.12, Julie Zaugg, La Liberté (repris le 2025.08.13 par Le Courrier), “Un arrêt de la Cour suprême limite les droits des femmes transgenres” : https://www.laliberte.ch/articles/monde/un-arret-de-la-cour-supreme-limite-les-droits-des-hommes-devenus-femmes-1174858
  • 2025.06.06, Tristan de Bourbon, Tamedia (24Heures / Tribune de Genève), “En Angleterre, le football est devenu le terrain du débat sur les transgenres” : https://www.24heures.ch/angleterre-le-football-terrain-du-debat-sur-les-transgenres-401964292564
  • 2025.05.04, Camille Paix, Le Courrier, “Femmes trans, et maintenant?” : https://lecourrier.ch/2025/05/04/femmes-trans-et-maintenant/
  • 2025.05.01, AFP, blick.ch, “Les femmes transgenres interdites de compétitions féminines en Angleterre” : https://www.blick.ch/fr/sport/definition-de-la-femme-les-femmes-transgenres-interdites-de-competitions-feminines-en-angleterre-id20829085.html
  • 2025.04.30, Ruben Steiger, lematin.ch, “L’Écosse exclut les femmes transgenres des compétitions féminines” : https://www.lematin.ch/story/football-l-ecosse-exclut-les-femmes-transgenres-des-competitions-feminines-103334238
  • 2025.04.27, AFP, lematin.ch, “Nouvelles directives après la décision sur la transidentité” : https://www.lematin.ch/story/royaume-uni-nouvelles-directives-apres-la-decision-sur-la-transidentite-103332490
  • 2025.04.16, ats/svp, watson, “Le Royaume-Uni a pris sa décision sur la définition légale d’une femme” : https://www.watson.ch/fr/international/transgenre/491165039-la-definition-legale-d-une-femme-repose-sur-le-sexe-biologique
  • 2025.04.16, juma avec afp, RTS, “Pour la Cour suprême britannique, la définition d’une femme repose sur le sexe biologique, non le genre” : https://www.rts.ch/info/monde/2025/article/cour-supreme-britannique-femme-definie-par-sexe-biologique-pas-le-genre-28856476.html
  • 2024.04.09, Andrés Allemand Smaller, Tamedia (24Heures / Tribune de Genève), “La première juge transgenre défie les féministes à la J. K. Rowling” : https://www.24heures.ch/royaume-uni-la-1ere-juge-transgenre-defie-des-feministes-378835834692

DécadréE travaille sur le traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+ depuis fin 2020 et fait une veille de 19 médias romands. Nous avons pris des exemples parlant, sans volonté de pointer une rédaction (ou des journalistes) plus qu’une autre. Nous souhaitons montrer les améliorations possibles sur ces questions et nous proposons des outils concrets pour aider les journalistes. Nous proposons par exemple un lexique et un livret de recommandations sur les questions LGBTIQ+.

Télécharger le lexique ➞

Télécharger le livret de recommandations ➞

Le travail de veille médiatique des thématiques LGBTIQ+ de décadréE est soutenu par le Canton du Valais, la ville de Genève et le LGBTI Youth Fund.

Les mesures superprovisionnelles à l’encontre des médias: quelles conséquences?

Les mesures superprovisionnelles à l’encontre des médias: quelles conséquences?


Faire une recherche par thématiques

Décryptage

De plus en plus de médias sont visés par des mesures superprovisionnelles: que signifient ces mesures et quelles en sont les conséquences?

Dans le droit Suisse, les mesures superprovisionnelles sont des décisions provisoires qui visent à protéger une personne ou une entité d’un danger urgent de préjudice difficilement réparable. (art. 265, CPC).

Ces mesures peuvent être ordonnées contre un média si les potentiels préjudices sont jugés graves ou si l’atteinte portée par le média n’est manifestement pas justifiée. (art. 266, CPC).

Selon nos observations, de plus en plus de médias sont aujourd’hui visés par de telles mesures. C’est notamment le cas lorsque les médias révèlent des accusations de harcèlement ou d’agressions sexuelles. Dans de tels cas, les articles ou reportages sont censurés le temps que l’affaire soit réglée.

Ces mesures, décrites comme procédures-bâillons, sont dangereuses:

  • ces mesures superprovisionnelles ont pour but de silencier les médias;
  • les médias ne peuvent plus mener à bien leur devoir d’information;
  • le débat public autour des questions de lutte contre les violences sexistes est altéré;
  • les journalistes et les personnes qui témoignent à visage découvert ne bénéficient que peu de protection.

Les médias jouent un rôle essentiel dans la prévention des violences sexistes et sexuelles. Le travail de journaliste est très complexe. Il s’agit en effet de révéler les informations avec le plus d’objectivité possible en préservant à la fois la présomption d’innocence et l’intégrité des victimes, notamment par le recours à l’anonymat.

Or, nous voyons aujourd’hui de plus en plus de victimes témoigner à visage découvert.

Oui, la honte doit changer de camp. Mais, les médias ont la responsabilité et le devoir d’informer les personnes témoignant à visages découvert des risques. Une victime témoignant peut se voir à nouveau confrontée à des situations de violences, insultes, messages, etc. de la part de la personne auteure, ou encore être poursuivie pour diffamation.

Ces situations de plus en plus fréquentes sont inquiétantes pour un traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles adéquat.

DécadréE travaille sur le traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles depuis 2018. Dans le cadre de cette recherche nous avons élaboré un livret de recommandations pour un traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles adéquats. Nous avons également élaboré un livret de recommandations centrées sur la médiation des personnes ayant subi des violences.

Télécharger le livret de recommandations générales ➞

Télécharger le livret de recommandations sur la représentation des personnes ayant subi des violences ➞

4ᵉ édition des assises du projet genre/numérique

4ᵉ édition des assises du projet genre/numérique


Faire une recherche par thématiques

Regards croisés sur genre, média et numérique

Le jeudi 6 novembre aura lieu la quatrième édition des assises du projet genre/numérique qui porteront sur les métiers de l’information et de la communication. DécadréE est partenaire de ce projet.

Nous sommes heureuses d’annoncer que décadréE est partenaire du projet genre/numérique pour l’organisation de la quatrième édition des assises.

Le programme est encore en cours de construction mais nous pouvons déjà vous annoncer la présence de la journaliste Rokhaya Diallo ainsi qu’Erika Schläppi, membre du Comité pour l’Elimination de la Discrimination à l’égard des femmes de l’ONU.

Le projet genre/numérique vise à soutenir la recherche scientifique, les institutions politiques et les initiatives citoyennes pour concevoir un monde numérique plus inclusif.

Les devoirs scolaires, un medium d’apprentissage qui n’échappe pas au sexisme

Les devoirs scolaires, un medium d’apprentissage qui n’échappe pas au sexisme


Faire une recherche par thématiques

DécadréE s’est penché au mois de juin sur les différentes représentations que des enfants de 7 à 8 ans avaient chaque semaine à la maison dans leurs devoirs et qui contribuent à construire leurs « modèles » de demain.

Oui, parce que les représentations de rôles modèles, role-models comme on les appelle aussi en anglais, sont partout. Sur des médias (1) d’information, comme la presse et le TJ, sur des médias de divertissement, comme les séries et les tournois sportifs, ou sur des médias de promotion, comme les spots publicitaires, les affiches. Mais aussi sur des supports d’apprentissage… comme les devoirs des enfants, pardi !

Aujourd’hui, de nombreuses recherches prouvent que le rôle des modèles tient une place primordiale dans les choix de carrière féminines et que leur médiatisation a un véritable impact positif. Si les écueils sont rarement volontaires, ils se manifestent souvent par la reproduction des représentations sociales attendues selon le genre.

Il est important d’éviter d’essentialiser l’expertise des femmes et de prendre en compte la pluralité des domaines de compétences. Voyons maintenant ensemble quelles sont les représentations proposées par un média d’un autre genre : les devoirs.

Classeur de devoirs ouvert sur des exercices de mathématiques.

Décryptage

Pour y parvenir, l’institut a compté et trié toutes les représentations nichées dans les devoirs d’une classe de 4P Harmos romande sur une période de trois mois environ.

L’institut a choisi de compter les apparitions nominales et pronominales : les pronoms personnels pour les exercices de conjugaison, les personnages des problème de mathématique, des exercices de lecture et de compréhension ainsi que ceux des exercices d’écriture ont été recensés. Les personnages sont soit prénommés, soit nommés par leur fonction sociale et/ou professionnelle.

Puis les représentations ont été classées en deux catégories. Une catégorie « sans rôle modèle » et une catégorie « avec ». Cette séparation nous permet de vérifier, premièrement, le nombre générale de représentations genrées et, deuxièmement, le nombre de représentations pouvant être inspirantes.

  • Exemple 1: papa fonction social d’être parent = rôle modèle
  • Exemple 2: Emma prénom = sans rôle modèle
  • Exemple 3: nous pronom personnel = sans rôle modèle
  • Exemple 4: marchande fonction professionnelle, métier = rôle modèle

Les représentations « avec un rôle modèle » permettent de découvrir des représentations de nos sociétés mais également d’en questionner, voir d’en inspirer de nouvelles.

Les représentations sans rôle modèle

Les prénoms

Les prénoms des personnages sont presque égaux en genre: quatorze prénoms masculins et treize prénoms féminins. Nota bene : aucun prénom épicène n’a été repéré. En d’autres termes, il n’y avait ni de Camille ni de Charlie ou de Sacha, des prénoms portés par des filles et des garçons sans que l’orthographe ou la prononciation ne changent pour signifier le genre de la personne.

Les pronoms

Les pronoms à la 3e personne des exercices de conjugaison sont plutôt féminins: trois pronoms masculins et sept pronoms féminins.

Premier constat, les représentations sans rôle-modèle, soit des personnes dont la fonction n’est pas définies, sont plutôt équilibrées. 20 représentations féminines pour 17 masculines. Ce qui correspond à un taux de 54 % de représentations féminines pour 46% masculines.

Or, voyons maintenant comment les représentations à qui on attribue un rôle-modèle (par exemple, un métier) sont réparties par genre.

Les représentations avec rôle modèle

Les fonctions et les rôles: 17 représentations masculines, douze représentations neutre et dix représentations féminines.

Les métiers

Deux directeurs, un jardinier, un facteur, un boucher, une fois des moniteurs et un auteur. En tout, sept rôle modèles masculins.
Une marchande et une fleuriste. En tout, deux rôles modèles féminins.

Les fonctions sociales

Trois frères, un papi, un homme (!), deux pères, un papa et deux amis. En tout, dix rôles modèles sociaux masculins.
Trois mamans, une mami, une sœur, une mère, une voisine et une grand-mère. Au total, huit rôles modèles sociaux féminins.

À cela s’ajoutent douze fonctions sociales neutres : six enfants, deux parents, un bébé, une personne et deux fois des pirates.

Pirate est un mot épicène. Logiquement, on ne sait pas si les pirates sont des hommes ou des femmes. Il est pertinent de souligner que lorsque des stéréotypes de genre sont liés à des termes épicènes, les représentations de ces termes les reproduisent cependant. Concernant le terme pirate, si rien dans les textes, accords de genre et descriptions, ne déconstruit les stéréotypes, l’image mentale que l’on se fait des pirates incarne majoritairement des hommes, certainement avec un tricorne, un sabre et une barbe noire, des accessoires qui renforcent leur masculinité.

L’analyse et le recensement des représentations nous permettent de conclure que lorsqu’il s’agit de représentations avec une fonction définie et inspirante, les représentations féminines chutent drastiquement. En effet, la part de représentations féminines correspond plus qu’à 26% tandis que la part masculine, plus stable, correspond à 43%. Les rôles modèles neutres équivalent à 31% des représentations.

De plus, les femmes et filles abondent dans le rôles sociaux et familiaux attendus selon leur genre et sont quasi exclues de fonctions professionnelles. En effet, les représentations des fonctions professionnelles répondent à des codes genrés, des stéréotypes. A l’instar des pirates cités avant, les représentations des métiers de direction sont généralement au masculin. Les représentations de femmes sont plus nombreuses dans les rôles sociaux et familiaux sans pour autant surpasser le nombre de représentation masculine.

On souligne anecdotiquement qu’il y a une représentation dont le rôle est uniquement un marqueur social de genre et qu’il ne désigne aucun autre rôle, familial ou affectif. Il est au masculin et est adulte: c’est un homme.

Déjà en 2018, le Guide pour prévenir les discriminations et les violences de genre édité par le deuxième Observatoire analyse les contenus des manuels scolaires. Il conclue que « la majorité des personnages sont masculins et ont un rôle prépondérant » et ajoute que « ce qui participe à renforcer les stéréotypes de genre dans les supports pédagogiques ne saute pas forcément aux yeux » (2).

Faire attention aux représentations médiatiques des femmes et des filles permet de créer de nouveaux modèles et de contribuer à la construction d’une société égalitaire. Les créateurs et créatrices de contenus, surtout scolaires, ont une responsabilité dans la perception et l’évolution des représentations collectives.

Nous voulons plus d’égalité et de diversité dans les médias, à commencer par les représentations proposées aussi aux jeunes générations. Pour qu’elles deviennent aussi directrice, jardinière, factrice, bouchère et autrice !

Cette étude est possible grâce au soutien de La Société suisse d’utilité publique (SSUP)

Le matériel pédagogique L’école de l’égalité est disponible sur la plateforme egalite.ch.

Télécharger aussi la brochure du cycle 1, 1ere – 4e année ➞

Le guide pour prévenir les discriminations et les violences de genre dans les écoles primaires édité par le deuxième Observatoire

Télécharger Le ballon de Manon et la corde à sauter de Noé ➞

EN SAVOIR PLUS

(1) Définition de «média» selon le Robert en ligne : Moyen, technique et support de diffusion massive de l’information.

(2) DUCRET Véronique et NANJOUD Bulle, 2018. « Le ballon de Manon et la corde à sauter de Noé », Ed. Le deuxième Observatoire, Chapitre 3, pp. 38-39.

Décryptage – Le traitement médiatique des pratiques dites “de conversion”

Décryptage – Le traitement médiatique des pratiques dites “de conversion”


Faire une recherche par thématiques

Décryptage

L’expression “thérapies de conversion” vient des Etats-Unis d’Amérique dans les années 1950 et fait référence à de multiples pratiques non-scientifiques, censées modifier l’orientation sexuelle/affective ou l’identité de genre des personnes LGBTIQ+, selon les personnes qui les proposent.

 

Le sujet des pratiques dites “de conversion” est plus présent dans les médias suisses depuis quelques mois. Cela est lié à l’actualité politique, avec des interdictions dans certains cantons romands et des discussions à l’échelle nationale, mais également dans d’autres pays européens. Nous proposons un décryptage de ce sujet médiatique dans les médias romands.

La moyenne des 47 sujets médiatiques (article de presse, TV, radio) recensés dans 19 médias romands, entre le 7 février 2024 et le 26 mai 2025, parlant spécifiquement des pratiques dites “de conversion”, est de 0,18. Cela signifie que le traitement médiatique est globalement adéquat.

Néanmoins, nous relevons quelques écueils qui limitent la compréhension des pratiques dites “de conversion” (aussi appelées mesures ou thérapies de conversion) pour le grand public.

Les médias ont tendance à mettre en avant surtout l’orientation sexuelle et affective dans les cas de pratiques dites “de conversion”, négligeant l’identité de genre qui est pourtant également incluse dans les (projets de) lois en Suisse romande. Il est ainsi souvent question de “pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle” ou de “délivrer les homos”. Cela est également le cas pour les personnes concernées qui témoignent dans les médias, la plupart ont subi des pratiques visent à modifier leur orientation sexuelle et affective. Pourtant, le Panel Suisse LGBTIQ+ de 2023 met en avant que 15,5% des personnes non-cisgenres et 9,5% des personnes non-hétérosexuelles ont subi des pratiques visant à modifier leur identité de genre ou leur orientation sexuelles et affective.

D’ailleurs, même si certains témoignages existent, il y en a uniquement 4 dans les 47 sujets médiatiques analysés. Ainsi, en majorité, il manque la parole des personnes concernées dans les médias ce qui permet moins de se rendre compte de la réalité suisse. Il n’y a en outre pas beaucoup plus de personnes expertes dans les médias (6 mentions sur 47), ces dernières étant principalement en lien avec les communiqués de presse des associations nationales.

De plus, lorsque des exemples sont donnés, ils sont centrés pratiquement uniquement sur les milieux religieux. Bien que plusieurs cas et études aient montré qu’il existait des pratiques dites “de conversion” en lien avec la spiritualité, des exemples sont aussi ressortis dans le monde médical. D’ailleurs, la loi valaisanne qui interdit ces pratiques est insérée dans un loi sur la santé. Il convient de les rendre visible car la réalité suisse n’est pas celle des films hollywoodiens et les pratiques dites “de conversion” peuvent être plus subtiles mais toujours interdites.

Ainsi, bien que le sujet soit traité de manière adéquate dans les médias romands, il est important de faire attention à bien mettre en avant l’entier des victimes des pratiques dites “de conversion” et à montrer leur pluralité, car elles sont interdites presque partout en Suisse romande.

Sélection d’articles analysés pour ce décryptage :

Situations en juin 2025 dans les différents cantons romands : Berne, Neuchâtel,Valais, Vaud : interdiction Genève, Fribourg, Jura : projets de loi en vue d'une interdiction

DécadréE travaille sur le traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+ depuis fin 2020 et fait une veille de 19 médias romands. Nous avons pris des exemples parlant, sans volonté de pointer une rédaction (ou des journalistes) plus qu’une autre. Nous souhaitons montrer les améliorations possibles sur ces questions et nous proposons des outils concrets pour aider les journalistes. Nous proposons par exemple un lexique et un livret de recommandations sur les questions LGBTIQ+.

Télécharger le lexique ➞

Télécharger le livret de recommandations ➞

Le travail de veille médiatique des thématiques LGBTIQ+ de décadréE est soutenu par le Canton du Valais, la ville de Genève et le LGBTI Youth Fund.

Annonce de restructuration à TX Group

Annonce de restructuration à TX Group


Faire une recherche par thématiques

Suite à l’annonce de la restructuration menaçant près de 80 postes à temps plein par l’éditeur TX Group, décadréE fait part de sa désolation et se joint aux inquiétudes.

Un journalisme de qualité demande du temps et des ressources. Les études sur le traitement médiatique des violences sexistes montrent que le contexte de rédaction des articles influencent la qualité des contenus.

L’institut est inquiet face à cette crise que traversent les médias romands, qui menace grandement la qualité et la diversité des contenus médiatiques. Ces décisions économiques de gestion des ressources humaines fragilisent grandement la branche du journalisme et la garantie d’une information de qualité.

Cette annonce de mesure économique suit celles de restructuration de TX Group et de Tamedia en 2023, celle de ESH Médias (Le Nouvelliste, Arcinfo, la Côte, etc.) faite en début 2024, celle de TX Group/Tamedia (24 Heures, La Tribune de Genève, 20 Minutes, mais aussi le Tages Anzeiger, Des Bund et Bilan, etc.) en été 2024 ainsi que celles de de la SRF en hiver 2025 et St-Paul Médias SA au printemps 2025.

Prix de la communication inclusive: des récompenses pour Minds et OQIO, Créatives et 23bis

Prix de la communication inclusive: des récompenses pour Minds et OQIO, Créatives et 23bis


Faire une recherche par thématiques

Lausanne, le 10 juin 2024 – communiqué

 En 2025, le Prix de la communication inclusive a connu sa troisième édition. Cette année, une cinquantaine de personnes des milieux de la communication et de l’égalité se sont retrouvées le 10 juin au Tibits Lausanne, pour une cérémonie de remise des prix suivie d’une table ronde et d’un apéritif. Une soirée idéale pour parler des douze projets présentés, et plus largement de l’évolution des pratiques inclusives dans la communication. 

«Nous avons vu des progrès intéressants dans les projets d’agences qui ont participé aux autres éditions, signe que les pratiques d’améliorent, se réjouit Valérie Vuille, directrice de DécadréE et organisatrice du concours. Le nombre d’inscriptions a presque doublé depuis 2024, ce qui montre un intérêt croissant des milieux de la communication pour des pratiques inclusives.» 

Non à la discrimination algorithmique 

Dans la première catégorie, qui regroupe des campagnes sur le thème de l’égalité, c’est la campagne contre la discrimination algorithmique intitulée Intelligence artificielle avec responsabilité… sans discriminations réalisée par 23bis pour l’ONG AlgorithmWatch qui a été récompensée. Cette action de lobbying donne la parole à des personnalités représentant une multitude de profils, aux origines, genres et handicaps différents. 

«Nous avons récompensé ce projet à la fois pour ses objectifs ambitieux et pour son approche engagée. Cette campagne est complète, incarnée, intersectionnelle et profondément d’actualité», a déclaré Joëlle Moret, Déléguée à l’égalité et à la diversité de la Ville de Lausanne et membre du jury. 

 Des sourires très inclusifs 

La seconde catégorie était ouverte aux campagnes et actions de communication appliquant les bonnes pratiques de l’inclusivité, sans poursuivre spécifiquement un objectif lié aux questions de genre. C’est la campagne Tout commence par un sourire de Adent qui a été distinguée. Destinées à encourager la population à prendre soin de son hygiène bucco-dentaire, les déclinaisons diffusées en affichage, dans les médias classiques et sur les réseaux sociaux mettent en scène des modèles montrant une grande diversité d’âges, d’origines, de genres et de caractéristiques physiques. 

Romain Pittet, coprésident de la SRRP et membre du jury, souligne que «dans un domaine lié autant à la santé qu’à l’esthétique, il serait tentant de suivre des standards de beauté classique. Au contraire, l’agence a choisi de mettre en avant une diversité de modèles et d’apparences, tout en prêtant attention aux formulations utilisées. Le résultat est une campagne inclusive, mais en toute discrétion.» 

«Pleure comme un homme*!» 

Introduit lors de la deuxième édition en 2024, le jury des jeunes décerne lui aussi un prix. Cette année en revanche, il n’a pas fait son choix parmi les projets shortlistés: le jury des jeunes a lui-même identifié des campagnes et actions de communication qu’il a jugées intéressantes sur le plan de l’inclusivité. Le hasard fait bien les choses, puisque cette démarche lui a permis de récompenser la campagne «Pleure comme un homme» de l’association Minds, réalisée par OQIO, qui faisait lui aussi partie des projets shortlistés et soumis au jury principal. 

Douze campagnes shortlistées 

Le jury officiel et le jury des jeunes ont dû faire leur choix parmi douze campagnes réparties entre les deux catégories. 

Catégorie «Campagnes pour l’égalité» 

  • AlgorithmWatch pour sa campagne contre la discrimination algorithmique. Réalisation: 23bis. 
  • L’Etat de Vaud pour sa campagne Amoureux·ses, réalisée elle aussi par 23bis. 
  • Le Canton du Valais pour sa campagne Contre les discriminations LGBTIQ. Réalisation: kiwi communication Sàrl. 
  • La HETSL pour sa brochure destinée à encourager la participation des filles dans les activités jeunesse. 
  • L’association Minds pour sa campagne Pleure comme un homme. Réalisation: OQIO. 
  • La République et Canton de Genève pour sa campagne Changeons la donne, réalisée par Mosh. 
  • L’Université de Lausanne pour son guide pour une communication inclusive. 

Catégorie «Toutes campagnes» 

  • Adent pour sa campagne Tout commence par un sourire. Réalisation: Creatives. 
  • Groupe E pour sa campagne de marque employeur. 
  • La Ville de Lancy pour sa campagne sur la mode durable. Réalisation: Hamak. 
  • Le label Commune en santé pour son action de notoriété réalisée par LR Communication SA. 
  • Prométerre pour la bande dessinée Cultures. Promotion: Campagnes.com. 

Toutes les actions shortlistées ont passé avec succès la grille d’analyse développée par DécadréE.

Le jury principal réunissait des professionnelles de l’égalité et des représentants des métiers de la communication: 

  • Valérie Vuille, directrice de DécadréE 
  • Joëlle Moret, Déléguée à l’égalité et à la diversité à la Ville de Lausanne 
  • Héloïse Roman, Chargée de projets égalité à la Ville de Genève 
  • Vincent Antonioli, membre du comité et président de la commission régionale Suisse romande de KS/CS Communication Suisse 
  • Romain Pittet, coprésident de la Société romande de relations publiques (SRRP) 

Le jury des jeunes réunissait des personnes de moins de 25 ans qui suivent actuellement une formation dans les domaines de la communication ou des études genre: 

  • Ange Bisso, Étudiant en Master en Journalisme et Communication, orientation Création de contenus et communication d’intérêt général à l’Université de Neuchâtel 
  • Mathilde Bolle, Étudiante en Master en Études genre à l’Université de Genève 
  • Gabrielle Nlom, Étudiante en Master en Études africaines à l’Université de Genève et assistante communication pour la Fondation pour l’égalité de genre
  • Joanie Perrenoud, Étudiante en Master en Journalisme et Communication, orientation Création de contenus et communication d’intérêt général à l’Université de Neuchâtel 
  • Alisson Shepherd, Étudiante en Bachelor en Lettres à l’Université de Neuchâtel (Sciences de l’information et la communication, Sciences du Langage, Sociologie) 
  • Charlène Wicky, Étudiante en Bachelor en Lettres et Sciences Humaines (Sociologie, Sciences de l’Information et de la Communication, Management) à l’Université de Neuchâtel

Contact

Valérie Vuille, directrice de DécadréE
valerie.vuille@decadree.com

Nos partenaires sur ce projet

Presstival – 7 juin 2025

Presstival – 7 juin 2025


Faire une recherche par thématiques

Presstival

Le samedi 7 juin, décadréE sera présent au Presstival, le premier festival de journalisme de Suisse romande.

Nous serons sur place avec un stand afin de présenter nos activités et nos outils. On se réjouit de vous y voir!

Le Presstival, c’est le premier festival dédié au journalisme en Suisse romande. Ses graines ont été plantées par une clique de journalistes ayant passé juste assez de temps dans la profession pour avoir vécu la crise de près, mais qui ne se résolvent pas (encore) à déchanter. 

Recommandations – traitement médiatique de la Marche des fiertés

Recommandations – traitement médiatique de la Marche des fiertés


Faire une recherche par thématiques

Recommandations

A l’approche de la Pride romande du 7 juin 2025 à Genève, l’institut décadréE propose une série de recommandations sur le traitement médiatique des Marches des fiertés, en collaboration avec la Fédération genevoise des associations LGBT.

La Marche des fiertés est un événement annuel, sujet marronier qui rend compliqué son traitement médiatique par les journalistes, au-delà de la simple information factuelle (date/lieu). Nous proposons ici quelques recommandations et en profitons pour rappeler que les structures qui organisent les Marches des fiertés sont composées uniquement de bénévoles.

1. Parler de la Pride, grâce à l'itinérance géographique ou à un angle particulier

En Suisse romande, une Pride a lieu chaque année dans une ville différente (depuis 2021, une année sur deux elle a lieu à Genève). Cette itinérance géographique permet de contrer l’aspect marronier car chaque canton a ses propres lois et enjeux sur les thématiques LGBTIQ+. Il est également l’occasion de se concentrer sur le vécu des personnes LGBTIQ+ de la région en particulier et sur les enjeux, notamment juridiques, propres à chaque canton. Ainsi, la prévention de l’homophobie et de la transphobie en milieu scolaire est différente selon les cantons, chacun ayant le pouvoir sur la gestion de l’école.

De plus, des revendications sont toujours proposées par les organisations. Il est possible d’en choisir une seule et de la creuser, de profiter de la Pride pour voir où en est un sujet LGBTIQ+ désormais ou encore pour s’intéresser aux parcours des bénévoles qui l’organisent.

2. Trouver un bon équilibre entre l’aspect politique/revendicateur et l’aspect festif

Les Prides sont des événements politiques, qui comportent des revendications pour l’égalité. C’est également un moment de visibilité et de joie dans l’espace public pour les personnes LGBTIQ+ et alliées. L’aspect festif des Marches des Fiertés peut permettre de rendre visible l’événement auprès du grand public mais il est important de ne pas occulter les revendications pour montrer que cet événement reste nécessaire aujourd’hui. Cela est également important lors du choix des images, choix qui a un impact sur le grand public avec notamment, pour Genève, une confusion entre la Pride et la Lake Parade. En outre, les personnes LGBTIQ+ n’ont pas toutes le même vécu au sein des « lettres », et particulièrement en termes de droits. Il est intéressant de mettre en lumière des revendications qui ne portent pas que sur les personnes gays ou lesbiennes.

3. Rappeler l’ancrage historique

Les Prides ont lieu en Suisse depuis des dizaines d’années, il est intéressant d’ancrer cet événement dans la durée en montrant les avancées en termes de droits mais aussi ce qu’il reste à mettre en place pour l’égalité. Au-delà de l’événement en soi, c’est une actualité pour parler des thématiques LGBTIQ+. Rappeler l’ancrage historique des Prides, c’est également revenir sur leurs origines, soit un mouvement réactionnaire face à la violence policière, à New York, contre les personnes trans*, les drag queens et la communauté LGBTIQ+.

4. Utiliser les bons mots

Aujourd’hui le terme “Gay Pride” n’est plus utilisé par les organisations de Suisse romande. Il est question uniquement de “Pride” et/ou “Marche des fiertés”. Le terme “Gay Pride” est réducteur et ne permet pas de mettre en avant la diversité des vécus de l’acronyme LGBTIQ+.

Il est aussi important de qualifier correctement les personnes et les différentes réalités que vous aller retrouver sur le terrain ou dans vos sujets. N’hésitez pas à vous renseigner en amont sur le vocabulaire ou les écueils à éviter, par exemple auprès de l’organisation (Geneva Pride pour 2025), de la Fédération romande des associations LGBTIQ+, des faîtières (LOS, TGNS, Pink Cross) ou dans notre lexique ou livret de recommandations.

Nous avons également mis en place des recommandations pour les structures organisatrices, en vue de faciliter les liens avec les médias.

Toutes ces recommandations ont été élaborées et relues avec des membres d’organisation de la Pride romande ainsi qu’une journalistes.

DécadréE recommande de ne pas nominaliser et d’utiliser le terme « personnes » avant les adjectifs trans*/non-binaires/intersexes par exemple. Demandez aux personnes concernées comment il faut les genrer et respectez leurs limites, comme par exemple l’anonymat.

Bastions de l’égalité – 14 juin 2025

Bastions de l’égalité – 14 juin 2025


Faire une recherche par thématiques

Bastions de l’égalité

Le samedi 14 juin, décadréE participe aux Bastions de l’égalité ! Rendez-vous au parc des Bastions à Genève dès 10h.

Nous proposons deux activités et n’hésitez pas à venir nous faire coucou aussi pour discuter et en savoir plus sur nos activités.

De 10h à 13h : Venez jouer à un memory revisité pour discuter des représentations féminines et masculines. Jeu pour tous les âges !
De 10h30 à 13h30 : Projection « Dans les yeux d’Emilie »- Découvrez la web-série du Lab : 5 épisodes de mise en valeur d’archives féministes créés par un groupe de jeunes !

Les Bastions de l’égalité 2025 est un projet co-organisé par le Réseau Femmes* et la Fondation pour l’égalité de genre.

Restez au courant de nos actualités:

S'inscrire à la newsletter

Recevez nos outils contenus media:

S'abonner à la boîte-à-outils