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Soutenez décadréE, offrez-vous un carnet de notes

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En novembre, commandez votre carnet de notes. Les frais de port sont offerts jusqu’au 10 décembre. Une occasion de nous soutenir tout en joignant l’utile à l’agréable.

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Le mot de l'illustratrice
Avec cette illustration, j’ai voulu transmettre une réalité en Suisse : des personnes de tous âges, couleurs de peau, corpulences et j’en passe. À vous de vous imaginer ce que ces familles et groupes d’ami-e-s peuvent bien se dire entre elleux ! Elisabeth M

Femmes, espace public et politique

Femmes, espace public et politique

Décryptage

Dans la perspective des prochaines élections genevoises du Conseil d’état en 2023, décadréE propose une série de décryptages sur les représentations des femmes en politique dans les médias. Ce deuxième décryptage ne se concentre pas sur les biais d’écriture à proprement dit sinon sur l’euphémisation, voire la négation, du sexisme. L’effet ? Le sexisme en devient d’autant plus banalisé. Analysons pour cela le cas de la médiatisation d’une réaction sexiste, soit le refus de la féminisation du nom d’une rue.

Les femmes, grandes absentes de l’espace médiatique public

Les chiffres sont là. Les femmes ne sont mentionnées dans les médias qu’à hauteur de 28%, c’est dire si elles ne monopolisent pas l’espace médiatique. Même pas un article sur trois. Et si on y regarde de plus près, seuls 5% des contenus contribuent à remettre en question les stéréotypes (1).

Pour faire évoluer les idées, pour changer nos manières de penser, nos références doivent aussi évoluer. En d’autres termes, si nous sommes quotidiennement martelé-es de représentations sexistes ou inégalitaires, il est difficile de se remettre en question.

Voilà pourquoi les médias ont un rôle à jouer en défiant les stéréotypes, en traitant de manière égalitaire les personnes sur le papier, ou bien encore en questionnant les manifestations de sexisme.

Timide questionnement de l’absence, le cas de l’espace public

Récemment, Femina consacre un article sur les statues publiques et conclue que non seulement 90% des statues représentent des hommes mais aussi que les rares représentations féminines, bien souvent anonymes ou symboliques, sont dénudées (2).

Quant à nommer les avenues, selon la RTS, seules 5 à 7% des rues honorent des femmes en Suisse romande en 2019 (3). L’année suivante, Le Temps rapporte que « le législatif de la capitale valaisanne a refusé un postulat demandant d’augmenter le nombre de rues portant le nom d’une femme » (4). Conclusion, les femmes sont peu visibilisées sur les édifices des espaces publics et les médias remettent rarement en question cette invisibilisation, bien que l’information soit relayée.

Accès toujours refusé, l’exemple de la rue Julia-CHAMOREL

Tout le monde s’accorderait volontiers aujourd’hui sur le principe d’égalité entre les femmes et les hommes. Alors pourquoi tant de réticence à mettre en valeur des femmes dans les noms de rue ? Des habitant-es de quartiers concernés s’opposent parfois à ces changements de noms. C’est le cas au quartier genevois des Grottes, où la Rue du Midi se nomme désormais Rue Julia-CHAMOREL. La Tribune de Genève accorde au passage une Encre bleue (5) illustrant cette action militante sexiste par des photographies explicites. Malheureusement, sans aucun questionnement des stéréotypes véhiculés par le remplacement du nom de la rue par les opposant-es à la féminisation. Le résultat, l’action sexiste est légitimée.

Nous allons décrypter ce traitement médiatique. Rappelons d’abord que seuls 5% des contenus remettent en question les stéréotypes et que moins d’une rue sur 10 porte le nom d’une femme.

DécardéE recommande d’avoir conscience de l’importance des médias dans la construction des représentations. Ne pas hésitez à discuter avec des personnes expertes pour éviter de reproduire des stéréotypes ou de les relayer sans les questionner.

Lorsqu’elles sont nommées et visibilisées, les femmes sont renvoyées à leur rôle féminin (6). Dans cette manifestation d’opposition au changement de nom, de fausses plaques ont tapissé celles de la rue Julia-CHAMOREL. Sous couvert d’humour –une manifestation de sexisme comme nous le verrons plus bas- les femmes n’ont pas leur place dans la rue. « Katja Strov », « Aretha Connery », « Kim Fonchiez », ou encore « Théa Loueste » peut-on lire dans le billet. Elles sont « journaliste », « chanteuse », « mondialiste » et « politicienne », notant bien qu’elles n’ont rien à faire ni dans ces métiers, ni dans la rue. Dans ce cas, au lieu de leur attribuer des fonctions dites « féminines », elles sont ridiculisées.

DécardéE recommande de ne pas relayer des informations décrédibilisant une partie de la population sans questionner cette même pratique. Parler du sexisme pour décrypter le phénomène et le comprendre est essentiel !

Regrettons que l’humeur n’était pas au questionnement des stéréotypes sexistes véhiculés dans cette encre bleue. Notons aussi que 28% des articles de presse contiennent des éléments excusant les auteurs de violence sexiste (7), qui ont ici le « goût du jeu de mots ». L’humour invoqué dès le chapô excuse une action qui délégitime les femmes :

  1. dans l’espace public, elles n’ont rien à y dire ;
  2. à différentes fonctions sociales, elles sont décrédibilisées professionnellement ;
  3. en qualité d’actrices historiques, elles n’ont pas à recevoir l’honneur de nommer une rue.
DécadréE recommande de faire attention aux biais et aux clichés dans le vocabulaire utilisé. De la répétition de ces mots et de l’association des champs lexicaux naissent des idées et des émotions contribuant à la représentation sexiste des femmes et des hommes. Leur mise en évidence les accentue doublement et rend l’information extraordinaire.

Il arrive que, sous couvert de transmettre une information partiale, les phénomènes discriminants ne soient pas éclairés correctement et que les contenus médiatiques soulignent et reproduisent une forme de discrimination. Les représentations influencent le lectorat, surtout si elles sont répétées. Le sexisme étant largement banalisé dans les discours et les contenus, il est important que les rédactions se forment pour construire une presse plus égalitaire. Enfin, pour en savoir plus sur la rue Julia-CHAMOREL, rendez-vous sur la page qui lui est consacrée.

Découvrir Julia Chamorel

NOTES

(1) GMMP Global Media Monitoring Project 2020, Suisse, Résumé analytique.

(2) « Les statues publiques sont-elles sexistes? », Femina, 13.06.2022

(3) « Dans les rues de Sion, où sont les femmes? », Le Temps, 02.03.2020

(4) « Seules 7,1% des rues portant le nom de personnalités honorent les femmes », RTS, 21.03.2019

(5) « Midi fait de la résistance », Tribune de Genève, 15.10.2022

(6) Études décadréE, Genre et politique, 2020.

(7) Étude décadréE, Traitement médiatique des violences sexistes, rapport 2020.

Violences sexistes de la fiction à la réalité

Violences sexistes de la fiction à la réalité

Exposition

Dans l’histoire de Camille, il n’y a rien de vrai. Pourtant, elle illustre bien mieux la réalité des violences sexistes que certains articles de presse. Pourquoi, Camille, le personnage principal de la BD le Seuil de Fanny Vella permet-il mieux d’aborder la réalité des violences? Quels sont les mythes, les idées reçues qui se cachent dans la presse et circulent dans nos discours?

L’exposition « violences sexistes de la fiction à la réalité » invite à se questionner sur la réalité des violences sexistes pour mieux l’appréhender et la prévenir.

Evénement en partenariat avec La Bise.

Informations pratiques
Du 25 novembre au 10 décembre 2022 Lundi au vendredi, 9h00 à17h00 Der Ort/Le Lieu, Marktgasse 34, Biel/Bienne
Soirée de clôture le 7 décembre 2022 à 18h30 en présence de la Bise et décadréE

Cette exposition est organisée dans le cadre de la campagne biennoise des 16 jours contre les violences faites aux femmes.

Femmes, médias et politique

Femmes, médias et politique

Décryptage

Dans la perspective des prochaines élections genevoises du Conseil d’état en 2023, décadréE propose une série de décryptages sur les représentations des femmes en politique dans les médias.

Deux portraits, un traitement médiatique orienté par le genre

Le choix des mots et des images crée un discours particulier et appuie la narration. Toutefois, la récurrence de biais dans les portraits de femmes crée des inégalités de traitement. Au début de l’été, la Tribune de Genève dessine le portrait de deux maires de communes genevoises. Deux parcours, deux personnalités, deux communes.

Ces portraits ont été choisis pour leurs similitudes : deux portraits de personnes politiques genevoises élues à la fonction de maire, deux publications proches dans le temps. De plus, un effet d’exceptionnalité est mis en avant dans les deux articles.

Comme vous l’aurez deviné, l’une des personnes portraiturées est un homme, maire de Thônex, l’autre une femme, maire du Grand-Saconnex.

Décryptons si des biais sexistes orientent la lecture selon le genre du sujet.

Seules les femmes politiques sont tiraillées entre le travail et la vie privée

La thématique de conciliation des vies n’est quasiment jamais abordée pour les hommes, rappelant bien que le rôle d’assumer les charges domestiques reste assigné aux femmes. Dans la presse suisse, le statut familial des femmes est mentionné presque 3 fois plus que pour les hommes (1). Souvent elles sont renvoyées à leur rôle de mère, d’épouse ou de compagne remettant en question (directement ou indirectement) leur légitimité à travailler à l’extérieur du foyer.

Côté vie privée, nous découvrons que seule celle de la maire est mentionnée : de son compagnon à la difficulté à concilier les vies, des thèmes récurrents dans les portraits de femmes. Voici le tableau de comparaison des mots-clés ou phrases clés décrivant les deux personnalités politiques : la description physique et la mention de la vie privée sont absentes du portrait masculin.

Tableau des mots-clés

Portrait masculin Portrait féminin
Descriptif de la personnalité Avec humilité
Sans plan de carrière
Volonté de s’engager
Volonté de mettre son énergie au service de sa commune
Ambition de « bien faire »
Sans ambition politique
Optimiste
 

Descriptif physique

 

/

 

Discret piercing à l’arcade

 

Vie privée

 

/

 

« Chéri »
En escapade avec son compagnon
Réorganiser son temps de travail, mettre entre parenthèses son activité d’enseignante
Les plages libres pour les loisirs ont diminué

DécadréE recommande d’éviter de mentionner la situation familiale des femmes. Si la mention est nécessaire, les thématiques métiers ou d’expertise professionnelle sont-elles invisibilisées ?

Une expertise professionnelle diluée ou renforcée selon le genre

Autre trace de sexisme ordinaire dans le cadrage médiatique : on décrit les accomplissements des femmes par des verbes de médiation ou avec des auxiliaires au passif, tandis que ceux des hommes sont décrits avec des verbes actifs et offensifs (2). Lorsqu’une femme prend un poste à responsabilité, on focalise sur son genre et non sur ses compétences. Invisibilisées, seuls 28% des personnes mentionnées dans les médias sont des femmes (3).

Par exemple, leur parcours ascensionnel n’est pas décrit de la même manière : d’un côté, il est acteur de ses accomplissements, les verbes utilisés pour décrire son parcours reflétant l’action. De l’autre, sa carrière politique la guide, les verbes utilisés reflétant une passivité. A cela s’ajoute un mentor paternel qui l’inspire, tandis qu’il s’est construit une carrière par sa propre « volonté de s’engager ».

Tableau d’analyse lexical

Portrait masculin Portrait féminin
Adversités Frilosité parentale
Origine familiale modeste
Âge
Genre
Maladie
 

Accomplissements

 

 

Prend les rênes
Gravit les échelons à vitesse grand V
Travaille depuis ses 15 ans
Obtient les dicastères qu’il voulait
Le développement du service sociale, […] de 2 à 6 collaborateurs sous son ère
Finit son master
Ne passe pas une semaine sans rencontrer des gens
Prouve que « même un segundo peut se faire appeler monsieur le maire »

 

Prend la tête
Est devenue maire
A baigné dans la politique depuis l’enfance
Met un pied au Collège
Passer huit mois en Angleterre dans un établissement de culture générale
Sa maîtrise et son talent sont récompensés par un prix au concours national
A décroché son brevet
Compte bien essayer de continuer à caser tout cela dans son agenda

DécadréE recommande de ne pas essentialiser l’expertise des femmes et des hommes et de prendre en compte la pluralité des domaines de compétences. Est-ce que l’article évite les stéréotypes de genre (associer les hommes avec un vocabulaire actif, les femmes avec un vocabulaire passif) ? Est-ce que la féminité est le focus central de l’article interrogeant une femme ?

Extraordinaire

Le choix des mots, notamment dans les titres, chapôs et mises en exergue des articles, a un impact particulier et guide la lecture. Leur mise en évidence par des superlatifs (le ou la plus jeune), par exemple, ou d’adjectifs numéraux (premier, deuxième…) construit un effet d’exceptionnalité réel ou supposé. Présent dans les deux articles, l’effet d’exceptionnalité ne se focalise pourtant pas de la même manière. L’effet de la maire du Grand-Saconnex souligne surtout son genre (7 occurrences) incluant une fois son âge. Concernant le maire de Thônex, seul son âge est souligné (2 occurrences). Globalement, les deux sont les plus jeunes mais ne jouent pas dans la même catégorie. Il y a la catégorie des maires de Genève et celle des femmes maires de Genève.

Par ailleurs, qu’elles soient patronnes de grandes entreprises ou entrepreneuses à leurs débuts, les femmes semblent renvoyées à une forme d’« éternelle jeunesse » professionnelle, quel que soit leur âge (4). Rappelons que le physique des femmes est plus souvent décrit et leur tenue commentée, ainsi que le montre le premier tableau. Par les médias, une femme sur deux est décrite physiquement pour moins de 1 sur 3 hommes (5). La description du physique comprend également l’âge, ou plutôt la jeunesse, des portraiturées.

Tableau du champs lexical de la jeunesse

Portrait masculin Portrait féminin
Effet d’exceptionnalité

 

2 mentions : le plus jeune maire (titre et 1er paragraphe) 7 mentions : la première maître ferblantière (2x), la seule maître ferblantière, la plus jeune femme, seule fille sur 30 élèves (2x), la première apprentie
 

Jeunesse

 

 

5 occurrences « jeune- »
6 mentions de l’âge ou comparaison des (in)expériences

 

3 occurrences « jeune- »
6 mentions de l’âge ou comparaison des (in)expériences

 

Mentor

 

Emmené par son ami (aujourd’hui député)

 

L’amour de l’engagement qu’elle partage avec son père
Elle a choisi la même profession
Elle fera comme « papa »

 

La jeunesse, associée à l’inexpérience, est mentionnée deux fois pour la maire du Grand-Saconnex. Concernant le maire de Thônex, l’article titre sur sa jeunesse : associée également à l’inexpérience, elle est mentionnée trois fois. Or, la présence de mentor contribue à créer une sorte d’illégitimité ou d’inexpérience et est présente que chez le portrait féminin.

Lors d’une carrière, la présence de figure fondatrice, inspirante ou adjuvante revient souvent. Presque systématiquement des hommes, la présence de ces figures sont presque indispensables lors de carrière féminine. La personne inspirante pour le maire est à peine évoquée. Pour la maire, il s’agit de la figure paternelle, qui la guide tant en politique que pour son choix professionnel. De plus, la reprise du terme familier issu du langage enfantin « papa » renforce les liens d’autorité à la lecture.

DécadréE recommande d’éviter les biais de genre dans l’écriture et d’utiliser un vocabulaire neutre ainsi que d’éviter de comparer les femmes avec les membres masculin de la famille et de ne pas l’utiliser afin d’interroger leur légitimité à prendre un poste de pouvoir.

Au delà de ces différences, ces stéréotypes sexistes induisent au lectorat une interprétation bien distincte de l’expérience et des compétences selon le genre de la personne portraiturée. Le choix des verbes, des images, des mots traitent différemment les personnes. Les femmes n’étant encore que peu présentes dans les médias, il est important d’éviter ces biais afin que leur parcours ne soit pas invisibilisé au travers de leur prétendue féminité mais bien qu’elles soient légitimes et leur compétence et expérience mises en avant.

NOTES

(1) GMMP Global Media Monitoring Project 2020, Suisse, Résumé analytique.

(2) Étude Mots-Clés pour SISTA x Mirova Forward sur le traitement médiatique des entrepreneuses et dirigeantes, mars 2022.

(3) GMMP, op. cit.

(4) Étude Mots-Clés, op. cit.

(5) Études décadréE, Genre et politique, représentation dans les médias, mars 2020.

Brisons le silence !

Brisons le silence !

7 court-métrage mêlant art et témoignage révèlent la diversité des violences au sein du couple bien souvent invisibles.

Lors de la Journée internationale pour l’élimination des violences sexistes, l’événement Brisons le silence ! propose d’ouvrir le dialogue à travers une série d’interventions de professionnel-les appuyées par les témoignages des vidéos Brisons le silence.

Intervenantes:

Béatrice Cortellini, AVVEC

Megane Lederrey, ODAE romand

Stéphanie de Moerloose, Viol-secours

Modération: Valérie Vuille, décadréE

Vendredi 25 novembre
dès 18h30 RTS, quai Ernest-Ansermet 20 Cinéma Michel Soutter 1205 Genève

Site du projet : www.brisonslesilence.ch

Evénement organisé en partenariat avec les Créatives et Nous production dans le cadre de la Campagne « Objectif zéro sexisme dans ma Ville » de la Ville de Genève, en partenariat avec le service Agenda 21-Ville durable de la Ville de Genève, le Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences du canton de Genève et la RTS.

Donne vie aux publicités !

Donne vie aux publicités !

Mi-novembre te semble morne ? Pas avec décadréE.
Samedi 12 novembre aux 4 Coins à Genève, décadréE organise un brunch et théâtre forum pour déconstruire les stéréotypes sexistes véhiculés par des publicités. Un événement tout public décontracté et ludique, avec possibilité de se restaurer, afin d’animer, rigoler et apprendre avec tes potes pendant le weekend.

Elles popent sur notre chemin, nos ordinateurs, nos téléphones portables et s’imposent à notre quotidien. Les publicités sont partout et le sexisme y est encore présent. L’institut décadréE te propose un atelier de théâtre forum intitulé « Quand les publicités prennent vie… » pour reprendre une posture active face à des contenus trop souvent problématiques.

Grâce aux intervenantes de décadréE et à une équipe de comédien-ne-x-s, tu pourras questionner les interprétations et les stéréotypes sexistes véhiculés par des publicités vues dans l’espace public à Genève et imaginer de nouveaux scénarios, pour une communication plus inclusive et égalitaire.

En savoir plus

Samedi 12 novembre
11h-14h – Genève Les 4 Coins Rue de Carouge 44 1205 Genève

Programme

Dès 11 heures : brunch  optionnel
(boisson chaude, jus d’orange, tartines sucrées, pain, fromages et jambon – option végétarienne possible)
Prix : 22.00 CHF par personne

12 heures : théâtre-forum
Gratuit

Inscription conseillée auprès de info@decadree.com

Événement organisé dans le cadre de la Campagne « Objectif zéro sexisme dans ma Ville » de la Ville de Genève, en partenariat avec le service Agenda 21-Ville durable de la Ville de Genève.

Victimes de violences conjugales discréditées dans un article

« Le coup de la Russe » | Les victimes de violences conjugales discréditées dans un article hautement problématique

 

L’article « Le « coup de la Russe », un véritable cauchemar pour les hommes » paru le 13 septembre 2022 dans le Tages Anzeiger puis sur différentes plateformes de Tamedia présente une disposition de la Loi sur les étrangers et l’intégration (LEI) qui vise à protéger les femmes migrantes victimes de violences conjugales comme une « arme féminine en cas de divorce ». L’article en question monte en épingle un cas particulier pour affirmer que « certaines personnes d’origine extra-européenne invoquent des violences domestiques en cas de divorce uniquement pour éviter de se faire expulser. »

Le groupe de travail « Femmes migrantes & violences conjugales » (1) s’associe à l’Observatoire romand du droit d’asile et des étranger·ères, décadréE et Vivre Ensemble pour rappeler que ce type de situation – si elle est avérée, puisque la parole n’est donnée qu’au mari – reste exceptionnelle et ne reflète absolument pas la situation de la majorité des victimes de violences conjugales. Le procédé consistant à utiliser un cas particulier pour discréditer toute une catégorie de victimes est malheureusement classique. Combien de fois ne l’avons-nous pas vu à l’œuvre en matière de viol ou de harcèlement sexuel, lorsque certains invoquent un cas de fausse accusation pour discréditer l’ensemble des femmes qui osent dénoncer ce genre d’actes ?

De quoi parle-t-on ?

l’art. 50 LEI, une protection pour les femmes victimes de violences conjugales

La disposition légale dont il est question dans l’article précité, l’art. 50, al. 1, ch. b et al. 2 LEI permet de prolonger l’autorisation de séjour de victimes de violences conjugales étrangères lorsqu’il y a rupture de la vie commune en raison de ces violences. L’objectif concret du texte de loi est de permettre aux victimes de quitter le domicile conjugal et d’être protégées, sans courir le risque de perdre leur autorisation de séjour. Notons que le droit prévu à l’art. 50 LEI est uniquement accordé aux époux-ses de ressortissant-es suisses et de titulaires d’un permis C, et n’a donc rien à voir avec une procédure d’asile, ce que suggère l’article en question (2).

Rappelons aussi le contexte général dans laquelle s’insèrent ces dispositions légales. Selon les chiffres de l’Office fédéral des statistiques, les homicides perpétrés dans la sphère domestique représentent un bon tiers de l’ensemble des homicides commis en Suisse. Les homicides ont eu une issue fatale deux fois plus souvent que ceux commis hors du domicile. Les femmes sont victimes d’homicide ou de tentative d’homicide près de quatre fois plus souvent que les hommes ; la proportion de femmes décédées est sept fois plus élevée. En Suisse toujours, entre 2009 et 2016, 599 homicides et tentatives d’homicide ont été enregistrés dans le contexte domestique, soit 75 par année, qui se sont en moyenne soldés par la mort des victimes dans 34 % des cas (3).

Dans la pratique : une application de la loi très restrictive

Le renouvellement d’un permis obtenu par regroupement familial après dissolution de la famille ne va pas de soi. Tout d’abord, parce que la demande est examinée par plusieurs autorités. Elle doit être déposée auprès de l’Office des migrations du canton de résidence. En cas d’acceptation par le canton, le dossier est soumis au Secrétariat d’État aux migrations (SEM) pour approbation. Les demandes rejetées par le canton peuvent faire l’objet d’un recours auprès du tribunal cantonal compétent – et dans certains cas auprès du Tribunal fédéral (TF) –, tandis que les demandes rejetées par le SEM peuvent faire l’objet d’un recours auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF).

En outre, le renouvellement de l’autorisation de séjour prévu à l’art. 50 LEU n’est pas accordé quiconque présenterait quelques égratignures sur le bras, comme ce qui semble ressortir de l’article. En effet, si la loi ne définit pas le degré de gravité de la violence à partir duquel la victime a le droit de rester en Suisse, la jurisprudence du Tribunal fédéral a introduit la notion de violence d’une « certaine intensité » (4) et a établi que les violences conjugales devaient correspondre à des « mauvais traitements systématiques dans le but d’exercer un pouvoir et un contrôle […] » (5).

Dans la pratique, les associations spécialisées constatent que ces critères – relativement vagues – sont évalués de manière très différente selon les autorités migratoires, et appliqués de manière souvent trop restrictive. Les autorités jouissent d’une large marge d’appréciation en la matière et sont insuffisamment formées et sensibilisées à la question des violences conjugales. Pour les victimes, il est souvent très difficile de prouver la violence domestique, car il s’agit dans la plupart des cas de délits commis dans l’intimité. Comme l’illustrent les cas concrets documentés par l’ODAE romand depuis plusieurs années, les exigences en matière de preuve sont souvent trop élevées et il arrive fréquemment que les violences ne soient pas admises comme « suffisamment graves » par les autorités administratives, malgré des attestations de psychologues, médecins et services spécialisés, ou même lorsque la personne a été reconnue comme victime au sens de la LAVI. De plus, toute une série d’actes de violence n’est souvent pas prise en compte, comme les violences psychiques ou les actes commis après la séparation du couple. Ceci contrairement à l’avis du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (6), du Conseil fédéral (7) et de ce que préconise la Convention d’Istanbul (art. 3 CI).

Amina* a obtenu un permis de séjour par mariage. Elle quitte le domicile conjugal à cause des violences de son mari, puis se voit menacée de renvoi. Après trois ans de procédure, le TF la reconnait enfin comme victime de violences conjugales et décide que son permis de séjour doit être renouvelé. Dans le cas d’Amina*, plusieurs documents attestaient des violences conjugales subies. Le SEM et le TAF jugeaient pourtant que l’intensité des violences physiques et psychiques était insuffisante (8).

Le mari de Nour* a un comportement violent, il la frappe, tente de l’étrangler et la menace, mais elle n’ose pas porter plainte. En 2016, alors qu’elle pense partir en vacances au Maroc, il confisque ses papiers et rentre sans elle. À son insu, il lance une procédure de divorce et annonce au SPOP qu’elle a quitté le pays. Lorsqu’elle revient, elle est suivie par un centre pour victimes de violences conjugales et d’autres services spécialisés. Elle demande la prolongation de son permis de séjour, mais le SEM refuse et prononce son renvoi, décision qu’elle conteste au TAF. Suite à un épisode particulièrement violent, elle porte plainte contre son ex-mari. Un jugement du Tribunal de police vaudois le condamne pour lésions corporelles simples qualifiées et injures. Le TAF puis le TF confirment la décision du SEM. Ils mettent en doute les faits invoqués par Nour* et les avis des spécialistes. Les juges estiment qu’elle avait exagéré les agissements de son ex-mari (9).

Une protection rarement utilisée et souvent insuffisante

Il n’existe à ce jour aucune statistique précise sur le nombre de victimes étrangères de violences conjugales dont la prolongation de l’autorisation de séjour a été refusée suite à une demande déposée auprès des autorités cantonales en vertu de l’article 50 LEI. Néanmoins, quelques données ressortent d’une étude du Bureau BASS, mandaté à la suite du postulat 15.3408 de mai 2015 de la conseillère nationale Yvonne Feri (10). Ce qui est sûr, c’est que ce type de protection ne concerne qu’un petit nombre de personnes. Selon le bureau BASS, entre 2014 et 2017, moins de 100 demandes par années ont été déposées auprès du SEM par les cantons. Sur un total de 335 en 4 ans, 48 ont été rejetées, avec comme principal motif l’insuffisance des preuves.

Dans ce contexte, la réalité que nous constatons est bien différente que celle relatée dans l’article du Tages Anzeiger : plutôt qu’« utiliser » l’art. 50 LEI « uniquement pour éviter de se faire expulser », de nombreuses victimes étrangères n’osent pas dénoncer ce qu’elles subissent, et encore moins quitter leur conjoint, par peur de perdre leur permis de séjour et de se faire expulser.

Mieux protéger plutôt que discréditer les victimes de violence

Aussi, il semble impératif d’œuvrer à ce que la protection des femmes migrantes victimes de violences conjugales soit renforcée. Plusieurs comités des Nations Unies se sont d’ailleurs saisis de cette problématique et ont recommandé à la Suisse d’adapter sa pratique, à l’instar du Comité sur l’élimination de la discrimination raciale (CERD). En décembre 2021, ce Comité s’est déclaré préoccupé par « le fait que les dispositions de la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration de 2019 qui établissent le droit des victimes de violence conjugale de demeurer en Suisse ne s’appliquent dans la pratique qu’à partir d’un seuil suffisamment grave ou lorsqu’il existe un caractère systématique de la violence subie, ce qui décourage les victimes étrangères de violence conjugale de porter plainte, par peur de perdre leur permis de séjour, et les laisse sans protection réelle et efficace, contrairement aux victimes de nationalité suisse ». Le CERD a donc recommandé à la Suisse de « veiller à ce que les victimes de violences conjugales puissent demeurer sur le territoire de l’État partie, en vertu de l’article 50 de la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration, sans avoir à surmonter des obstacles de procédure excessifs qui, en pratique, les laisseraient sans protection réelle et effective » (11).

Raphaël Rey et Megane Lederrey, ODAE romand
Eva Kiss et Mariana Duarte, GT « Femmes migrantes & violences conjugales »

Rappels autour de la déontologie du journalisme

Traitement inapproprié du sujet : un article rempli de préjugés sexistes et racistes

La qualité de l’article et le traitement journalistique apporté à la thématique sont ici également à questionner. Selon notre analyse, la journaliste contrevient sur plusieurs aspects à la déontologie de la branche, exposée dans la Directive relative à la déclaration des droits et devoirs du/de la journaliste.

Dans son alinéa 2.3, intitulé « Distinction entre l’information et les appréciations » la directive rappelle que le/la journaliste doit veiller à rendre perceptible pour le public la distinction entre l’information proprement dite – soit l’énoncé des faits- et les appréciations relevant du commentaire ou de la critique.

Dans son alinéa 1.1., « Recherche de vérité » il est explicité : « la recherche de vérité » est au fondement de l’acte d’informer. Elle suppose la prise en compte des données disponibles et accessibles.

  • Le titre ainsi que le chapeau de l’article donnent d’emblée le ton. Cette tonalité est maintenue dans le corps de l’article qui semble écrit pour choquer et non pour informer.
  • Tout au long de l’article, certaines des sources citées portent clairement une position politique dans le dossier. Or, celles-ci ne sont pas contrebalancées, comme le voudrait la neutralité journalistique. Au contraire, la journaliste semble accentuer leur légitimité, comme lorsqu’elle écrit « Cet homme de loi, qui n’a pas la réputation de dramatiser les choses ».

Les sources et les expertises sur la question ne manquent pourtant pas. De nombreuses associations et avocat·es accompagnent les victimes. Leur permettre d’exposer leur point de vue dans un tel article aurait permis de relativiser et de donner toutes les clefs de compréhension au lectorat.

  • À aucun moment la parole n’est accordée à l’ex-épouse dont il est question. C’est ainsi le seul et unique point de vue de l’ex-mari qui est mis en avant tout au long du récit.
  • L’article généralise et affirme sans preuve à plusieurs reprises. La journaliste nie par exemple clairement l’existence des décisions rendues en se substituant à la justice, à l’administration et aux expert·es.

Manquant ainsi de manière grave à la nécessité d’informer et de rendre claire la différence entre le commentaire et l’information, la journaliste accomplit un traitement défaillant de l’information selon notre analyse. À plusieurs endroits, les sources manquent et la journaliste glisse vers le commentaire. Des stéréotypes racistes et sexistes transparaissent alors nettement. On lit ainsi que « Tatjana est Russe et pleine de tempérament », ou encore qu’« il y a déjà eu des hommes africains qui ont accusé leur femme suisse de violence pour obtenir un permis B de cette manière. »

Pourtant, afin d’informer adéquatement, les journalistes doivent se tenir à un devoir de réserve et toujours garder une certaine distance par rapport aux sujets traités, en s’en tenant aux faits avérés, en utilisant un vocabulaire et des formulations neutres ou encore en croisant les sources.

Valérie Vuille, décadréE
Giada de Coulon, Vivre Ensemble

Notes

(1) Ce groupe de travail est composé de diverses organisations actives sur le terrain dans la défense des femmes migrantes victimes de violences conjugales. En font partie : le Centre de Contact Suisses-Immigrés (CCSI), le Centre Suisses-Immigrés Valais (CSI Valais), La Fraternité – service social pour les immigré·es du CSP Vaud et Camarada.

(2) Dans les autres cas de figure – pour les époux∙ses de titulaires de permis B par exemple – c’est l’art. 77 OASA qui s’applique, avec la différence notable qu’il ne s’agit que d’une simple possibilité de faire renouveler le permis et non d’un droit.

(3) OFS « Homicides enregistrés par la police 2009–2016. Dans la sphère domestique et hors de la sphère domestique », janvier 2018.

(4) ATF 136 II 1.

(5) ATF 2C_295/2012 du 5 septembre 2012.

(6) BFEG, « Feuille d’information 1 « Violence domestique : définition, formes et conséquence », septembre 2012.

(7) Conseil Fédéral, « Pratique suivie en matière de droit de séjour des victimes étrangères de violences conjugales », Rapport en réponse au postulat Feri 15.3408 du 5 mai 2015, avril 2018

(8) ODAE romand, « Après trois ans de procédure, le Tribunal fédéral la reconnait comme victime de violences conjugales », cas 355, 09.04.2020.

(9) ODAE romand, « Renvoi d’une survivante de violences conjugales, son mari jugé plus crédible », cas 341, 26.08.2019.

(19) Bureau BASS, « Bericht über die Praxis der Regelung des Aufenthaltsrechts von gewaltbetroffenen ausländischen Personen», rapport, juin 2017.

(11) Observations finales du CERD, 27 décembre 2021, paragraphes 25 b) et 26 c).

Choisir ses mots

Choisir ses mots

Existe-t-il un lobby gay? Comment les partis politiques incluent-ils les minorités LGBTIQ+?

L’émission Vacarme a fait un cycle sur les « minorités » et dans ce cadre-là, s’est intéressée aux personnes LGBTIQ+. La journaliste Miruna Coca-Cozma s’est ainsi invitée à notre formation sur le traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+, donnée en collaboration avec la Fédération genevoise des associations LGBT. Cette formation, à destination des journalistes, a pour but de les sensibiliser, entre autres aux choix des mots, pour un traitement médiatique respectueux et égalitaire. L’autre partie de l’émission interroge Nicolas Walder sur l’ouverture du mariage civil du 1er juillet dernier.

Écoutez le podcast

décadréE dans Médialogues

Les journalistes peuvent mieux traiter les thématiques « LGBTIQ+

Noémie Schorer, responsable de projets, et Milena Michoud, chercheuse pour décadréE étaient présentes ce matin à l’émission Médialogues pour répondre aux questions d’Antoine Droux.

Interview croisée à propos de la recherche 2022 « Les journalistes face au traitement des thématiques LGBTIQ+ »  et de la recherche exploratoire 2020 « Médias et représentations des personnes LGBTIQ+ » menées par l’institut.

Une enquête qui montre surtout que tant les journalistes que les personnes concernées aimeraient de meilleurs contenus médiatiques dans ce domaine.

Les jeunes évaluent nos formations

Les jeunes évaluent nos formations

« Je n’avais pas remarqué auparavant que les femmes étaient autant invisibles dans la presse et les médias. »

Fin avril, nous sommes intervenues au Cycle d’orientation de l’Aubépine pour donner plusieurs ateliers. Nous avons été invitées à l’occasion de la Journée de l’Égalité organisée par l’établissement scolaire.

Nous avons eu le plaisir de réaliser 4 ateliers, sur deux thématiques. Un premier atelier ludique, questionnait le rôle des publicités dans la diffusion des stéréotypes de genre et permettait d’affiner son regard en fonction d’exemples sélectionnés. Le second atelier, sous un format participatif, invitait les jeunes à décrypter le traitement médiatique des femmes dirigeantes et de comprendre les mécanismes d’invisibilisation et de reproduction des stéréotypes dans la presse.

« C’était très intéressant et le fait que vous fassiez en sorte qu’on participe en classe au lieu de juste raconter votre texte, ça change beaucoup. »

« Je savais déjà qu’il existait des inégalités, mais je ne savais pas qu’elles pouvaient être si ouvertement montrées. »

A l’issue de ces interventions, nous avons demandé aux élèves d’évaluer nos ateliers et avons le plaisir de vous faire part de quelques-uns de leurs retours.

« Beaucoup d’enthousiasme! Très bien expliqué. Pourquoi la Suisse a laissé la femme voter si tard ? »

« On a beau parler souvent de ces sujets, les avis ne changent pas beaucoup car c’est très ancré. »

Vous souhaitez que nous intervenions dans votre établissement, n’hésitez pas à nous contacter à info@decadree.com.

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