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Femmes, médias et politique

Femmes, médias et politique

Décryptage

Dans la perspective des prochaines élections genevoises du Conseil d’état en 2023, décadréE propose une série de décryptages sur les représentations des femmes en politique dans les médias.

Deux portraits, un traitement médiatique orienté par le genre

Le choix des mots et des images crée un discours particulier et appuie la narration. Toutefois, la récurrence de biais dans les portraits de femmes crée des inégalités de traitement. Au début de l’été, la Tribune de Genève dessine le portrait de deux maires de communes genevoises. Deux parcours, deux personnalités, deux communes.

Ces portraits ont été choisis pour leurs similitudes : deux portraits de personnes politiques genevoises élues à la fonction de maire, deux publications proches dans le temps. De plus, un effet d’exceptionnalité est mis en avant dans les deux articles.

Comme vous l’aurez deviné, l’une des personnes portraiturées est un homme, maire de Thônex, l’autre une femme, maire du Grand-Saconnex.

Décryptons si des biais sexistes orientent la lecture selon le genre du sujet.

Seules les femmes politiques sont tiraillées entre le travail et la vie privée

La thématique de conciliation des vies n’est quasiment jamais abordée pour les hommes, rappelant bien que le rôle d’assumer les charges domestiques reste assigné aux femmes. Dans la presse suisse, le statut familial des femmes est mentionné presque 3 fois plus que pour les hommes (1). Souvent elles sont renvoyées à leur rôle de mère, d’épouse ou de compagne remettant en question (directement ou indirectement) leur légitimité à travailler à l’extérieur du foyer.

Côté vie privée, nous découvrons que seule celle de la maire est mentionnée : de son compagnon à la difficulté à concilier les vies, des thèmes récurrents dans les portraits de femmes. Voici le tableau de comparaison des mots-clés ou phrases clés décrivant les deux personnalités politiques : la description physique et la mention de la vie privée sont absentes du portrait masculin.

Tableau des mots-clés

Portrait masculin Portrait féminin
Descriptif de la personnalité Avec humilité
Sans plan de carrière
Volonté de s’engager
Volonté de mettre son énergie au service de sa commune
Ambition de « bien faire »
Sans ambition politique
Optimiste
 

Descriptif physique

 

/

 

Discret piercing à l’arcade

 

Vie privée

 

/

 

« Chéri »
En escapade avec son compagnon
Réorganiser son temps de travail, mettre entre parenthèses son activité d’enseignante
Les plages libres pour les loisirs ont diminué

DécadréE recommande d’éviter de mentionner la situation familiale des femmes. Si la mention est nécessaire, les thématiques métiers ou d’expertise professionnelle sont-elles invisibilisées ?

Une expertise professionnelle diluée ou renforcée selon le genre

Autre trace de sexisme ordinaire dans le cadrage médiatique : on décrit les accomplissements des femmes par des verbes de médiation ou avec des auxiliaires au passif, tandis que ceux des hommes sont décrits avec des verbes actifs et offensifs (2). Lorsqu’une femme prend un poste à responsabilité, on focalise sur son genre et non sur ses compétences. Invisibilisées, seuls 28% des personnes mentionnées dans les médias sont des femmes (3).

Par exemple, leur parcours ascensionnel n’est pas décrit de la même manière : d’un côté, il est acteur de ses accomplissements, les verbes utilisés pour décrire son parcours reflétant l’action. De l’autre, sa carrière politique la guide, les verbes utilisés reflétant une passivité. A cela s’ajoute un mentor paternel qui l’inspire, tandis qu’il s’est construit une carrière par sa propre « volonté de s’engager ».

Tableau d’analyse lexical

Portrait masculin Portrait féminin
Adversités Frilosité parentale
Origine familiale modeste
Âge
Genre
Maladie
 

Accomplissements

 

 

Prend les rênes
Gravit les échelons à vitesse grand V
Travaille depuis ses 15 ans
Obtient les dicastères qu’il voulait
Le développement du service sociale, […] de 2 à 6 collaborateurs sous son ère
Finit son master
Ne passe pas une semaine sans rencontrer des gens
Prouve que « même un segundo peut se faire appeler monsieur le maire »

 

Prend la tête
Est devenue maire
A baigné dans la politique depuis l’enfance
Met un pied au Collège
Passer huit mois en Angleterre dans un établissement de culture générale
Sa maîtrise et son talent sont récompensés par un prix au concours national
A décroché son brevet
Compte bien essayer de continuer à caser tout cela dans son agenda

DécadréE recommande de ne pas essentialiser l’expertise des femmes et des hommes et de prendre en compte la pluralité des domaines de compétences. Est-ce que l’article évite les stéréotypes de genre (associer les hommes avec un vocabulaire actif, les femmes avec un vocabulaire passif) ? Est-ce que la féminité est le focus central de l’article interrogeant une femme ?

Extraordinaire

Le choix des mots, notamment dans les titres, chapôs et mises en exergue des articles, a un impact particulier et guide la lecture. Leur mise en évidence par des superlatifs (le ou la plus jeune), par exemple, ou d’adjectifs numéraux (premier, deuxième…) construit un effet d’exceptionnalité réel ou supposé. Présent dans les deux articles, l’effet d’exceptionnalité ne se focalise pourtant pas de la même manière. L’effet de la maire du Grand-Saconnex souligne surtout son genre (7 occurrences) incluant une fois son âge. Concernant le maire de Thônex, seul son âge est souligné (2 occurrences). Globalement, les deux sont les plus jeunes mais ne jouent pas dans la même catégorie. Il y a la catégorie des maires de Genève et celle des femmes maires de Genève.

Par ailleurs, qu’elles soient patronnes de grandes entreprises ou entrepreneuses à leurs débuts, les femmes semblent renvoyées à une forme d’« éternelle jeunesse » professionnelle, quel que soit leur âge (4). Rappelons que le physique des femmes est plus souvent décrit et leur tenue commentée, ainsi que le montre le premier tableau. Par les médias, une femme sur deux est décrite physiquement pour moins de 1 sur 3 hommes (5). La description du physique comprend également l’âge, ou plutôt la jeunesse, des portraiturées.

Tableau du champs lexical de la jeunesse

Portrait masculin Portrait féminin
Effet d’exceptionnalité

 

2 mentions : le plus jeune maire (titre et 1er paragraphe) 7 mentions : la première maître ferblantière (2x), la seule maître ferblantière, la plus jeune femme, seule fille sur 30 élèves (2x), la première apprentie
 

Jeunesse

 

 

5 occurrences « jeune- »
6 mentions de l’âge ou comparaison des (in)expériences

 

3 occurrences « jeune- »
6 mentions de l’âge ou comparaison des (in)expériences

 

Mentor

 

Emmené par son ami (aujourd’hui député)

 

L’amour de l’engagement qu’elle partage avec son père
Elle a choisi la même profession
Elle fera comme « papa »

 

La jeunesse, associée à l’inexpérience, est mentionnée deux fois pour la maire du Grand-Saconnex. Concernant le maire de Thônex, l’article titre sur sa jeunesse : associée également à l’inexpérience, elle est mentionnée trois fois. Or, la présence de mentor contribue à créer une sorte d’illégitimité ou d’inexpérience et est présente que chez le portrait féminin.

Lors d’une carrière, la présence de figure fondatrice, inspirante ou adjuvante revient souvent. Presque systématiquement des hommes, la présence de ces figures sont presque indispensables lors de carrière féminine. La personne inspirante pour le maire est à peine évoquée. Pour la maire, il s’agit de la figure paternelle, qui la guide tant en politique que pour son choix professionnel. De plus, la reprise du terme familier issu du langage enfantin « papa » renforce les liens d’autorité à la lecture.

DécadréE recommande d’éviter les biais de genre dans l’écriture et d’utiliser un vocabulaire neutre ainsi que d’éviter de comparer les femmes avec les membres masculin de la famille et de ne pas l’utiliser afin d’interroger leur légitimité à prendre un poste de pouvoir.

Au delà de ces différences, ces stéréotypes sexistes induisent au lectorat une interprétation bien distincte de l’expérience et des compétences selon le genre de la personne portraiturée. Le choix des verbes, des images, des mots traitent différemment les personnes. Les femmes n’étant encore que peu présentes dans les médias, il est important d’éviter ces biais afin que leur parcours ne soit pas invisibilisé au travers de leur prétendue féminité mais bien qu’elles soient légitimes et leur compétence et expérience mises en avant.

NOTES

(1) GMMP Global Media Monitoring Project 2020, Suisse, Résumé analytique.

(2) Étude Mots-Clés pour SISTA x Mirova Forward sur le traitement médiatique des entrepreneuses et dirigeantes, mars 2022.

(3) GMMP, op. cit.

(4) Étude Mots-Clés, op. cit.

(5) Études décadréE, Genre et politique, représentation dans les médias, mars 2020.

Victimes de violences conjugales discréditées dans un article

« Le coup de la Russe » | Les victimes de violences conjugales discréditées dans un article hautement problématique

 

L’article « Le « coup de la Russe », un véritable cauchemar pour les hommes » paru le 13 septembre 2022 dans le Tages Anzeiger puis sur différentes plateformes de Tamedia présente une disposition de la Loi sur les étrangers et l’intégration (LEI) qui vise à protéger les femmes migrantes victimes de violences conjugales comme une « arme féminine en cas de divorce ». L’article en question monte en épingle un cas particulier pour affirmer que « certaines personnes d’origine extra-européenne invoquent des violences domestiques en cas de divorce uniquement pour éviter de se faire expulser. »

Le groupe de travail « Femmes migrantes & violences conjugales » (1) s’associe à l’Observatoire romand du droit d’asile et des étranger·ères, décadréE et Vivre Ensemble pour rappeler que ce type de situation – si elle est avérée, puisque la parole n’est donnée qu’au mari – reste exceptionnelle et ne reflète absolument pas la situation de la majorité des victimes de violences conjugales. Le procédé consistant à utiliser un cas particulier pour discréditer toute une catégorie de victimes est malheureusement classique. Combien de fois ne l’avons-nous pas vu à l’œuvre en matière de viol ou de harcèlement sexuel, lorsque certains invoquent un cas de fausse accusation pour discréditer l’ensemble des femmes qui osent dénoncer ce genre d’actes ?

De quoi parle-t-on ?

l’art. 50 LEI, une protection pour les femmes victimes de violences conjugales

La disposition légale dont il est question dans l’article précité, l’art. 50, al. 1, ch. b et al. 2 LEI permet de prolonger l’autorisation de séjour de victimes de violences conjugales étrangères lorsqu’il y a rupture de la vie commune en raison de ces violences. L’objectif concret du texte de loi est de permettre aux victimes de quitter le domicile conjugal et d’être protégées, sans courir le risque de perdre leur autorisation de séjour. Notons que le droit prévu à l’art. 50 LEI est uniquement accordé aux époux-ses de ressortissant-es suisses et de titulaires d’un permis C, et n’a donc rien à voir avec une procédure d’asile, ce que suggère l’article en question (2).

Rappelons aussi le contexte général dans laquelle s’insèrent ces dispositions légales. Selon les chiffres de l’Office fédéral des statistiques, les homicides perpétrés dans la sphère domestique représentent un bon tiers de l’ensemble des homicides commis en Suisse. Les homicides ont eu une issue fatale deux fois plus souvent que ceux commis hors du domicile. Les femmes sont victimes d’homicide ou de tentative d’homicide près de quatre fois plus souvent que les hommes ; la proportion de femmes décédées est sept fois plus élevée. En Suisse toujours, entre 2009 et 2016, 599 homicides et tentatives d’homicide ont été enregistrés dans le contexte domestique, soit 75 par année, qui se sont en moyenne soldés par la mort des victimes dans 34 % des cas (3).

Dans la pratique : une application de la loi très restrictive

Le renouvellement d’un permis obtenu par regroupement familial après dissolution de la famille ne va pas de soi. Tout d’abord, parce que la demande est examinée par plusieurs autorités. Elle doit être déposée auprès de l’Office des migrations du canton de résidence. En cas d’acceptation par le canton, le dossier est soumis au Secrétariat d’État aux migrations (SEM) pour approbation. Les demandes rejetées par le canton peuvent faire l’objet d’un recours auprès du tribunal cantonal compétent – et dans certains cas auprès du Tribunal fédéral (TF) –, tandis que les demandes rejetées par le SEM peuvent faire l’objet d’un recours auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF).

En outre, le renouvellement de l’autorisation de séjour prévu à l’art. 50 LEU n’est pas accordé quiconque présenterait quelques égratignures sur le bras, comme ce qui semble ressortir de l’article. En effet, si la loi ne définit pas le degré de gravité de la violence à partir duquel la victime a le droit de rester en Suisse, la jurisprudence du Tribunal fédéral a introduit la notion de violence d’une « certaine intensité » (4) et a établi que les violences conjugales devaient correspondre à des « mauvais traitements systématiques dans le but d’exercer un pouvoir et un contrôle […] » (5).

Dans la pratique, les associations spécialisées constatent que ces critères – relativement vagues – sont évalués de manière très différente selon les autorités migratoires, et appliqués de manière souvent trop restrictive. Les autorités jouissent d’une large marge d’appréciation en la matière et sont insuffisamment formées et sensibilisées à la question des violences conjugales. Pour les victimes, il est souvent très difficile de prouver la violence domestique, car il s’agit dans la plupart des cas de délits commis dans l’intimité. Comme l’illustrent les cas concrets documentés par l’ODAE romand depuis plusieurs années, les exigences en matière de preuve sont souvent trop élevées et il arrive fréquemment que les violences ne soient pas admises comme « suffisamment graves » par les autorités administratives, malgré des attestations de psychologues, médecins et services spécialisés, ou même lorsque la personne a été reconnue comme victime au sens de la LAVI. De plus, toute une série d’actes de violence n’est souvent pas prise en compte, comme les violences psychiques ou les actes commis après la séparation du couple. Ceci contrairement à l’avis du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (6), du Conseil fédéral (7) et de ce que préconise la Convention d’Istanbul (art. 3 CI).

Amina* a obtenu un permis de séjour par mariage. Elle quitte le domicile conjugal à cause des violences de son mari, puis se voit menacée de renvoi. Après trois ans de procédure, le TF la reconnait enfin comme victime de violences conjugales et décide que son permis de séjour doit être renouvelé. Dans le cas d’Amina*, plusieurs documents attestaient des violences conjugales subies. Le SEM et le TAF jugeaient pourtant que l’intensité des violences physiques et psychiques était insuffisante (8).

Le mari de Nour* a un comportement violent, il la frappe, tente de l’étrangler et la menace, mais elle n’ose pas porter plainte. En 2016, alors qu’elle pense partir en vacances au Maroc, il confisque ses papiers et rentre sans elle. À son insu, il lance une procédure de divorce et annonce au SPOP qu’elle a quitté le pays. Lorsqu’elle revient, elle est suivie par un centre pour victimes de violences conjugales et d’autres services spécialisés. Elle demande la prolongation de son permis de séjour, mais le SEM refuse et prononce son renvoi, décision qu’elle conteste au TAF. Suite à un épisode particulièrement violent, elle porte plainte contre son ex-mari. Un jugement du Tribunal de police vaudois le condamne pour lésions corporelles simples qualifiées et injures. Le TAF puis le TF confirment la décision du SEM. Ils mettent en doute les faits invoqués par Nour* et les avis des spécialistes. Les juges estiment qu’elle avait exagéré les agissements de son ex-mari (9).

Une protection rarement utilisée et souvent insuffisante

Il n’existe à ce jour aucune statistique précise sur le nombre de victimes étrangères de violences conjugales dont la prolongation de l’autorisation de séjour a été refusée suite à une demande déposée auprès des autorités cantonales en vertu de l’article 50 LEI. Néanmoins, quelques données ressortent d’une étude du Bureau BASS, mandaté à la suite du postulat 15.3408 de mai 2015 de la conseillère nationale Yvonne Feri (10). Ce qui est sûr, c’est que ce type de protection ne concerne qu’un petit nombre de personnes. Selon le bureau BASS, entre 2014 et 2017, moins de 100 demandes par années ont été déposées auprès du SEM par les cantons. Sur un total de 335 en 4 ans, 48 ont été rejetées, avec comme principal motif l’insuffisance des preuves.

Dans ce contexte, la réalité que nous constatons est bien différente que celle relatée dans l’article du Tages Anzeiger : plutôt qu’« utiliser » l’art. 50 LEI « uniquement pour éviter de se faire expulser », de nombreuses victimes étrangères n’osent pas dénoncer ce qu’elles subissent, et encore moins quitter leur conjoint, par peur de perdre leur permis de séjour et de se faire expulser.

Mieux protéger plutôt que discréditer les victimes de violence

Aussi, il semble impératif d’œuvrer à ce que la protection des femmes migrantes victimes de violences conjugales soit renforcée. Plusieurs comités des Nations Unies se sont d’ailleurs saisis de cette problématique et ont recommandé à la Suisse d’adapter sa pratique, à l’instar du Comité sur l’élimination de la discrimination raciale (CERD). En décembre 2021, ce Comité s’est déclaré préoccupé par « le fait que les dispositions de la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration de 2019 qui établissent le droit des victimes de violence conjugale de demeurer en Suisse ne s’appliquent dans la pratique qu’à partir d’un seuil suffisamment grave ou lorsqu’il existe un caractère systématique de la violence subie, ce qui décourage les victimes étrangères de violence conjugale de porter plainte, par peur de perdre leur permis de séjour, et les laisse sans protection réelle et efficace, contrairement aux victimes de nationalité suisse ». Le CERD a donc recommandé à la Suisse de « veiller à ce que les victimes de violences conjugales puissent demeurer sur le territoire de l’État partie, en vertu de l’article 50 de la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration, sans avoir à surmonter des obstacles de procédure excessifs qui, en pratique, les laisseraient sans protection réelle et effective » (11).

Raphaël Rey et Megane Lederrey, ODAE romand
Eva Kiss et Mariana Duarte, GT « Femmes migrantes & violences conjugales »

Rappels autour de la déontologie du journalisme

Traitement inapproprié du sujet : un article rempli de préjugés sexistes et racistes

La qualité de l’article et le traitement journalistique apporté à la thématique sont ici également à questionner. Selon notre analyse, la journaliste contrevient sur plusieurs aspects à la déontologie de la branche, exposée dans la Directive relative à la déclaration des droits et devoirs du/de la journaliste.

Dans son alinéa 2.3, intitulé « Distinction entre l’information et les appréciations » la directive rappelle que le/la journaliste doit veiller à rendre perceptible pour le public la distinction entre l’information proprement dite – soit l’énoncé des faits- et les appréciations relevant du commentaire ou de la critique.

Dans son alinéa 1.1., « Recherche de vérité » il est explicité : « la recherche de vérité » est au fondement de l’acte d’informer. Elle suppose la prise en compte des données disponibles et accessibles.

  • Le titre ainsi que le chapeau de l’article donnent d’emblée le ton. Cette tonalité est maintenue dans le corps de l’article qui semble écrit pour choquer et non pour informer.
  • Tout au long de l’article, certaines des sources citées portent clairement une position politique dans le dossier. Or, celles-ci ne sont pas contrebalancées, comme le voudrait la neutralité journalistique. Au contraire, la journaliste semble accentuer leur légitimité, comme lorsqu’elle écrit « Cet homme de loi, qui n’a pas la réputation de dramatiser les choses ».

Les sources et les expertises sur la question ne manquent pourtant pas. De nombreuses associations et avocat·es accompagnent les victimes. Leur permettre d’exposer leur point de vue dans un tel article aurait permis de relativiser et de donner toutes les clefs de compréhension au lectorat.

  • À aucun moment la parole n’est accordée à l’ex-épouse dont il est question. C’est ainsi le seul et unique point de vue de l’ex-mari qui est mis en avant tout au long du récit.
  • L’article généralise et affirme sans preuve à plusieurs reprises. La journaliste nie par exemple clairement l’existence des décisions rendues en se substituant à la justice, à l’administration et aux expert·es.

Manquant ainsi de manière grave à la nécessité d’informer et de rendre claire la différence entre le commentaire et l’information, la journaliste accomplit un traitement défaillant de l’information selon notre analyse. À plusieurs endroits, les sources manquent et la journaliste glisse vers le commentaire. Des stéréotypes racistes et sexistes transparaissent alors nettement. On lit ainsi que « Tatjana est Russe et pleine de tempérament », ou encore qu’« il y a déjà eu des hommes africains qui ont accusé leur femme suisse de violence pour obtenir un permis B de cette manière. »

Pourtant, afin d’informer adéquatement, les journalistes doivent se tenir à un devoir de réserve et toujours garder une certaine distance par rapport aux sujets traités, en s’en tenant aux faits avérés, en utilisant un vocabulaire et des formulations neutres ou encore en croisant les sources.

Valérie Vuille, décadréE
Giada de Coulon, Vivre Ensemble

Notes

(1) Ce groupe de travail est composé de diverses organisations actives sur le terrain dans la défense des femmes migrantes victimes de violences conjugales. En font partie : le Centre de Contact Suisses-Immigrés (CCSI), le Centre Suisses-Immigrés Valais (CSI Valais), La Fraternité – service social pour les immigré·es du CSP Vaud et Camarada.

(2) Dans les autres cas de figure – pour les époux∙ses de titulaires de permis B par exemple – c’est l’art. 77 OASA qui s’applique, avec la différence notable qu’il ne s’agit que d’une simple possibilité de faire renouveler le permis et non d’un droit.

(3) OFS « Homicides enregistrés par la police 2009–2016. Dans la sphère domestique et hors de la sphère domestique », janvier 2018.

(4) ATF 136 II 1.

(5) ATF 2C_295/2012 du 5 septembre 2012.

(6) BFEG, « Feuille d’information 1 « Violence domestique : définition, formes et conséquence », septembre 2012.

(7) Conseil Fédéral, « Pratique suivie en matière de droit de séjour des victimes étrangères de violences conjugales », Rapport en réponse au postulat Feri 15.3408 du 5 mai 2015, avril 2018

(8) ODAE romand, « Après trois ans de procédure, le Tribunal fédéral la reconnait comme victime de violences conjugales », cas 355, 09.04.2020.

(9) ODAE romand, « Renvoi d’une survivante de violences conjugales, son mari jugé plus crédible », cas 341, 26.08.2019.

(19) Bureau BASS, « Bericht über die Praxis der Regelung des Aufenthaltsrechts von gewaltbetroffenen ausländischen Personen», rapport, juin 2017.

(11) Observations finales du CERD, 27 décembre 2021, paragraphes 25 b) et 26 c).

Analyse – Le poids des images

Le poids des images

Analyse

 

Choisir une image pour illustrer un sujet se rapportant aux violences sexistes est souvent un casse-tête. Dans certains cas, il faut faire avec les images présentes dans les bases de données, dans d’autres il faut illustrer l’invisible, la violence psychologique ou économique.

Bien choisir une image est pourtant essentiel. Une image trop réductrice peut biaiser l’imaginaire des lecteurs et lectrices, convoquer de fausses idées et réduire considérablement l’impact d’un article sensibilisant pourtant aux violences.

Mais qu’est-ce qu’est une bonne image de violence ? La réponse n’est ni unique ni simple.

Nous vous proposons ici 3 analyses d’image qui vous permettront d’aiguiser votre regard et vos choix.

#bonnepratique – montrer la violence physique par ces marques 

Une image peut choquer sans être sensationnaliste. C’est le cas ici par ce choix de l’Illustrer. Le magazine illustre la violence conjugale par les marques qu’ils restent. Les lunettes cassées, l’atèle au poignet sont des témoignages des violences physiques. Cette démarche permet de marquer et de montrer la récurrence des violences tout en préservant l’anonymat de la victime.

Petit bémol, elle montre uniquement la violence physique et non les autres formes.

Lien vers l’article

 

#bémol  – De la violence économique à la violence physique

Comment montrer l’invisible, comme la violence psychologique ou économique. La démarche est délicate et malheureusement ici Femina tombe dans le piège de la simplicité en choisissant de contourner le problème. Pour illustrer un très bon article sur la violence économique, le magazine choisit de montrer des armes et des personnages se confrontant dans l’édition papier de l’article. Un choix qui tend à réduire la violence conjugale à la violence physique.

Lien vers l’article

 

#mauvaise pratique – De la violence à l’amour

Un article parle d’emprise, de relation de pouvoir et de violence, il est pourtant illustré par une image humoristique avec un lit rose aux coussins en forme de cœur. Le choix de l’image dans cet article du 24 heures est loin de servir le propos et la sensibilisation aux violences sexistes. Au contraire, cette image mêle violence et amour. Elle minimise, voire romantise le propos et ainsi diffuse de nombreuses idées reçues.

Lien vers l’article

 

Antonio Hodgers: Croyez ce que je prétends, pas ce que je fais

Antonio Hodgers: Croyez ce que je prétends, pas ce que je fais


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Avec une interview dans l’Illustrée de la semaine du 20 novembre, le président du Conseil d’Etat genevois croit s’excuser pour des propos discriminants et redorer son image, mais produit en fait de nouvelles discriminations et instrumentalise sa femme et sa paternité. Analyse.

Dans les kiosques, la Une de l’Illustré ne passe pas inaperçue. Antonio Hodgers, président du Conseil d’Etat genevois, y pose avec sa femme enceinte. Passer cette première image qui questionne, on se rend compte de l’ampleur de la problématique : des images utilisées, au discours, jusqu’à la construction de la pensée et les mots choisis, la Une et les 6 pages d’interview sont exemplaires d’une stratégie discriminante entre instrumentalisation et victimisation.

Il faut d’abord souligner les photographies. Elles captent le regard, nous frappent et diffusent une image bien choisie, une image lisse, correspondant parfaitement aux normes de la société. Mais ce n’est pas le manque de subversion de l’image, qu’il s’agit de questionner ici, mais sa cohérence en tant que telle. Choisir de se mettre en avant avec sa femme enceinte pour répondre à des accusations de discriminations relève d’une instrumentalisation flagrante du corps de la femme et de la cause féminine. La construction même de l’image est stéréotypée : la femme ne regarde pas la caméra, elle a le regard baissé, la main sur son ventre. Plus encore, quelques pages plus loin, on retrouve la photo coupée, ne laissant voir plus que le ventre de la femme enceinte. Comme dans de nombreuses publicités, le corps est déshumanisé, objetisé.  Pourquoi d’ailleurs mettre tend en avant cette maternité future pour un article portant sur le discours discriminant de monsieur Hodgers ? Il aurait pu décider de poser à son bureau, dans un parc à côté d’un arbre ou en Valais. Le fait même d’avoir décidé de poser avec sa femme pour répondre à des accusations de discriminations sur plusieurs thématiques est symptomatique d’une stratégie d’instrumentalisation.

Mais l’image n’est que le haut de l’iceberg. Dans son discours monsieur Hodgers prétend être féministe, écologiste et lutter contre les discriminations. Pourtant il catégorise et use de stéréotypes à maintes reprises. Lorsqu’il dit « J’oublie parfois que Genève, c’est déjà un peu la France », il généralise et catégorise les Genevois-es ou lorsqu’il dit « Aujourd’hui, je me dis que les journalistes cèdent trop souvent au réflexe corporatiste ». Catégoriser les personnes, les mettre dans les cases est la première phase qui amène à la discrimination. Stéréotyper, généraliser, est la deuxième étape de ce processus. Monsieur Hodgers, là encore use de nombreux stéréotypes, lorsque par exemple il retourne ses dires à l’encontre de la journaliste du Temps, Laure Lugnon, en les requalifiant pour des hommes et en utilisant le foot : « il est amoureux de Maudet, comme un ado fan de foot est amoureux de Messi ». Un adolescent ne peut-il pas être fan de Justin Bieber. Cela remet-il à ce point sa masculinité en question que cet exemple n’est pas viable pour un homme ? La dernière étape de ce processus est le fait de poser des actes sur ces préjugées. Or, en tant que personnalité d’Etat, Antonio Hodgers a une responsabilité d’exemplarité. Ces propos, dans une telle interview, sont problématiques et relèvent d’une discrimination en soi. Les mots sont des actes, d’autant plus lorsqu’ils sont prononcés par une personnalité publique.

L’utilisation de l’argumentaire de l’humour est en effet une pirouette classique contre le discours féministe, dénonçant les propos sexistes et discriminants : « Je l’ai donnée sur elle sous la forme d’une boutade, dans le cadre d’une émission humoristique ». Les mots restent des mots, les insultes restent des insultes et les stéréotypes restent des stéréotypes. D’autant plus que Monsieur Hodgers n’est pas un humoriste,  mais un politique qui doit peser ses mots. A 4 jours de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il est important de souligner que les blagues sexistes, ou tous propos discriminants, sont à la base du continuum des violences faites aux femmes. En assumant de tel propos par le bais de l’humour, le politique participe à ce continuum et à ce système qui fait qu’un féminicide a lieu toutes les deux semaines en Suisse. Il est important de mettre en évidence que les violences faites aux femmes sont le fruit non pas seulement d’actes individuels, mais d’un système qui justifie, invisibilise et permet les violences. Il suffit d’aller en page 43 du même magazine, pour prendre l’ampleur de ce système. Or Monsieur Hodgers, qui se dit pourtant féministe, ne semble pas en avoir conscience puisqu’à aucun moment ce niveau apparait dans l’interview. Ces excuses restent au niveau individuel « J’ai peut-être blessé des gens ». Bien sûr que ces propos ont eu un impact individuel, mais ils ont eu un impact beaucoup plus grand sur la construction de la société en générale, tout comme cette interview.

L’article dit ainsi tout et démontre le contraire. Cet interview et les propos, qu’Antonio Hodgers a tenu ces derniers mois, sont de vraies discriminations à l’encontre des femmes, mais aussi des hommes et de toute la population, qui sont catégorisés dans des rôles de genre stéréotypés. Il reproche à ses détracteurs et détractrices d’avoir un argumentaire bancal et de rester dans l’émotion. Mais que fait-il lorsqu’il prétend avoir « le sang chaud » ? Justifier son engagement en mettant en évidence les personnes qui l’entourent, comme sa mère, sa femme, son ami valaisan, est-il une manière de garantir son engagement contre les discriminations alors que la construction même de ses phrases dit le contraire ?

Pour finir, la stratégie de communication en elle-même est une instrumentalisation de la cause des femmes et de la paternité. D’un côté, il sur-valorise son engagement en tant que père et de l’autre, il se victimise en tant qu’homme et en tant que politicien. Deux stratégies qui montrent que Monsieur Hodgers n’a aucunement déconstruit le système dans lequel il vit et qu’au contraire il profite pleinement de tous ses privilèges. Son implication pour les tâches ménagères est « un engagement ». Il devrait pourtant être naturel pour l’homme féministe qu’il prétend être ? Eduquer un enfant et notamment s’occuper d’un nouveau-né est une tâche ardue qui demande un investissement total. De nombreuses femmes, laissée seule après la naissance de leur enfant, alors que leur corps est épuisé par la grossesse et le post-partum, font un burn-out maternel. Pourtant Antonio Hodgers se réjouit de « pouponner », si on lui laisse cette chance bien sûr. Son engagement politique semble passer avant sa paternité. « J’ai répondu que je laisse la porte entrouverte (…) c’est une candidate qu’il faut. Cela me permettrait de pouponner sereinement. » D’un autre côté, alors qu’il valorise sa paternité, il se pose lui-même en victime et renie ainsi complétement la gravité de ses propos et sa responsabilité : « Je suis constamment sous le feu de la critique et c’est dur. »

L’interview est ainsi à maintes reprises symptomatique de stratégies de victimisation et d’instrumentalisation. Elle montre en tous points que Monsieur Hodgers n’a à aucun moment pris la mesure de ses propos, qu’il ne s’excuse pas et pire encore elle produit en elle-même une nouvelle discrimination.

Retour sur l’affaire Adèle Haenel

Retour sur l’affaire Adèle Haenel


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Révélée la semaine passée par Médiapart, l’affaire Adèle Haenel est un cas exemplaire. Médiapart parvient à révéler les mécanismes d’emprise derrière les violences et les phénomènes systémiques qui les soutiennent. Le tout avec un travail d’enquête journalistique et l’écoute du témoignage d’Adèle Haenel.

Le 3 novembre 2019, Médiapart sort un dossier complet basé sur le témoignage de la comédienne Adèle Haenel à l’encontre du réalisateur Christophe Ruchia. L’accusatrice dénonce des faits de harcèlement sexuel et d’attouchements alors qu’elle était mineure survenus pendant et après le tournage du film « Les Diables ». Les accusations, mais aussi l’enquête de Médiapart ont un fort retentissement. On parle d’un #metoo français avec de nouvelles dénonciations et des appels à soutenir les comédiennes.

À l’inverse de nombreuses affaires dénoncées ces dernières années, la révélation des accusations de la comédienne a été pensée et préparée. Elles sont intervenues après une enquête questionnant les dénonciations et permettant de mettre les faits en perspective.

Ce qu’il faut tout d’abord souligner c’est le travail d’enquête qui a été mené. Médiapart ne s’est pas contenté de faire un article mettant en opposition la version du réalisateur et celle de la comédienne. La journaliste Marine Turchi a enquêté durant 7 mois. 36 personnes ont été interrogées. Témoignages complétés par des documents, lettres, photos, journal. Dans ces recommandations, DécadréE invite les journalistes à enquêter sur les affaires de violences sexistes afin de mettre en évidence les faits. En prenant le temps de l’enquête, la journaliste parvient sans prendre position à révéler les faits. Elle diffuse ainsi tant la version du réalisateur, que de la comédienne, ainsi que des personnes sur le tournage confirmant ou infirmant avoir eu le sentiment d’un malaise.

Prendre le temps de cette enquête, c’est aller à l’encontre de la temporalité actuelle qui veut que l’on publie une révélation dès qu’elle apparait. Au contraire, c’est retrouver la temporalité des révélations et des violences. En effet, Adèle Haenel raconte ses diverses tentatives pour sortir du silence, ses doutes, ses peurs, sa honte. Des années s’écoulent avant que la comédienne ne se sente prête pour révéler la vérité. Mettre en évidence cette temporalité, c’est respecter ce cheminement. Mais plus encore, en enquêtant l’article respecte également la temporalité des violences. En effet, grâce aux témoignages, le dossier illustre la construction de l’emprise qui se fait petit à petit.

En attendant 7 mois avant de révéler les faits, Marine Turchi évite ainsi le phénomène du feuilleton et propose un dossier complet qui révèle les violences dans toutes leurs complexités. A partir, d’un fait ponctuel : une révélation, elle reconstruit les phénomènes sociaux qui entourent les violences et les considère ainsi comme un fait de société à part entière. C’est son travail journalistique accompagné du témoignage d’Adèle Haenel qui permet cette reconstruction. En effet, en interrogeant les différents corps de métier présents sur le tournage. La journalistique met en évidence le système de silence et d’omerta qui laisse place aux violences et à l’emprise. En proposant cette analyse, elle permet ainsi de mettre en perspective les faits et de les comprendre comme des phénomènes sociétaux. L’article interroge ainsi déjà le contexte de la production cinématographique, les relations asymétriques, les huis clos et le silence qui le caractérise. C’est notamment grâce à ce travail que l’on peut aujourd’hui espérer que l’affaire Adèle Haenel fera date et qu’elle constitue un évènement dans le cinéma français. L’affaire n’est pas traitée comme un simple fait divers, mais au contraire comme un fait exemplaire du système, dont il provient.

L’enquête, couplée à cette juste mise en perspective des faits et de la temporalité permet de révéler les mécanismes des violences sexistes. Le dossier décrit ainsi avec précision les phénomènes d’emprise et de honte qu’a subis la comédienne. Il met également en évidence les phénomènes de silence et l’atmosphère qui permet les violences. Sans accuser personne, c’est bien le système dans lequel chaque acteur et actrice du tournage se trouve qui est révélé. Chacun et chacune aurait ainsi pu agir et empêcher les faits, comme le montre la culpabilité que beaucoup ressentent. Le phénomène est ainsi complexe, et s’il ne s’agit pas t’excuser l’auteur de violence, qui a toute responsabilité, mais de montrer que la réalité est complexe.

Cette complexité se ressent dans le portrait de l’auteur des violences. La journaliste ne rentre dans aucun mythe de la culture du viol, elle ne charge aucune excuse, ni la consommation d’alcool, ni la prise de drogue, ou la pathologisation n’interviennent pour décrire le réalisateur. Dans une interview en direct la comédienne va encore plus loin : » Les monstres ça n’existe pas, c’est la société, ce sont nos amis, nos pères…on ne veut pas les éliminer, mais les faire changer…mais il faut savoir se regarder ».

Cette enquête est ainsi exemplaire parce qu’elle parvient à faire un travail de fond sur les violences sexistes par le biais d’une révélation. Ceci grâce bien sûr au cheminement d’Adèle Haenel qui parvient avec recul à elle-même révéler ces mécanismes, mais aussi à l’implication de Marine Turchi.

#décryptage : procès pour viol et contraintes du 5 novembre

#décryptage : procès pour viol et contraintes du 5 novembre


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Le 5 novembre se déroulera un procès pour viol, tentatives de viol et contraintes sexuelles à Martigny. 

Nous vous recommandons de prêter attention aux mythes circulant autour des violences sexistes et nous nous permettons ainsi de vous rappeler quelques faits sur les violences sexistes.

1. Les violences sexistes sont présentes dans toutes les sphères de la société. Il n’y a pas de typologie des agresseurs ou des victimes.

2. Les victimes subissent un traumatisme suite aux violences qui peut altérer leur mémoire et la cohérence de leur discours.

3. Le consentement doit être libre et éclairé. Une victime sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue ne peut pas consentir.

4. La responsabilité d’éviter les violences ne doit pas tomber sur la victime mais sur l’agresseur.

Nous vous recommandons ainsi de ne pas déconstruire les mythes autour des violences et de participer à informer.

En cela, nous vous invitons à suivre nos recommandations ci-dessous. N’hésitez pas à faire intervenir une personne expert-es des violences sexistes pour les mettre en perspective, à citer des statistiques sur les violences sexuelles en Suisse ou encore à profiter de cet article pour informer sur les ressources d’aides pour les victimes.

Le voyeurisme est une violence, non un geste indélicat

Le voyeurisme est une violence, non un geste indélicat


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Il nous semble important de revenir sur l’article « La traque sans fin des pervers dans les bassins » du 10 octobre.

Dans son travail quotidien, DécadréE lutte pour un meilleur traitement médiatique des violences sexistes. Il est en effet important de lutter contre les idées reçues qui contribuent à perpétuer les violences et à accuser les victimes en lieu et place des auteurs.

Or pour déconstruire ces mythes, il faut tout d’abord les reconnaître. Non, filmer une personne à son insu n’est pas un « geste indélicat », il s’agit d’un acte qui viole le consentement de la victime. La diffusion des vidéos a des répercussions psychologiques et affecte la vie des victimes.

Les violences sexistes sont le fruit d’un système patriarcal, ancré dans les discours. Elles se produisent dans tous les milieux. Elles sont ainsi courantes, mais cette régularité devrait indigner et non pas amener à minimiser. En assimilant les violences aux incivilités, les institutions les minimisent et omettent leur caractère systémique et les rapports de domination qui les sous-tendent.

Les bains d’Yverdon ont le devoir de protéger les cibles en reconnaissant les violences, en sensibilisant et en proposant un accompagnement et non pas en mettant la responsabilité sur les cibles.

Les médias ont également un rôle à jouer dans cette prise de conscience, notamment en employant les bons termes. Ici, l’auteur des violences n’est pas un pervers, malade et isolé, mais un homme construit dans une société, objétisant le corps des femmes et niant leur consentement, qui utilise ses privilèges pour se satisfaire et asseoir sa domination.

Vuille Valérie, directrice de DécadréE

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