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Genre et politique

Genre et politique


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Publication du rapport 2023

Le rapport 2023 «Genre et politique» décrypte les représentations des politiciennes et des politiciens dans les médias romands. En amont des prochaines élections fédérales, sa publication attire l’attention sur certaines représentations médiatiques genrées persistantes. En effet, plus d’un quart des articles analysés reproduisent des biais de manière problématique dont 71% concernent des portraits de femmes. Pour y remédier, décadréE propose en complément au rapport de nouvelles recommandations à l’attention des médias afin d’accompagner le changement.

L’institut décadréE a suivi les élections genevoises de 2023 du Conseil d’État et du Grand Conseil et a analysé les représentations médiatiques des candidates et des candidats. Dans cette étude, il constate que les journalistes et les médias se préoccupent à ne pas reproduire de sexisme. Celui-là se révèle pourtant à l’analyse. Si les écueils sont rarement volontaires, ils se manifestent souvent par la reproduction des représentations sociales attendues selon le genre. Plus d’un quart des articles analysés reproduisent des biais de manière problématique dont 71% concernent des portraits de femmes.

Les principales observations de ces écueils relèvent que les stéréotypes persistent. Infantilisées, délégitimées et essentialisées, les femmes politiques sont dépeintes en leur défaveur.

  • Un vocabulaire renvoyant les femmes à leur jeunesse questionne leur maturité professionnel.
  • Un lexique conquérant en opposition avec les hommes fait apparaître les candidates comme une menace pour l’équilibre politique.
  • La focalisation sur leur essence féminine renvoie les femmes à des rôles passifs ou contre nature dans les milieux décisionnels.

Si les stéréotypes passent parfois inaperçus tant ils sont ancrés dans nos représentations, décadréE souligne l’importance de la sensibilisation et de la formation. Elles permettent de visibiliser les discriminations de genre et d’en comprendre les enjeux. Aussi la sortie du rapport 2023 est-elle accompagnée d’un livret de recommandations. Ce livret fournit aux journalistes des solutions pratiques proposant la création de nouveaux modèles : il rappelle que les médias peuvent être un formidable outil de déconstruction des stéréotypes de genre.

Ces publications ont été possibles grâce au soutien du Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences du Canton de Genève.

Le rapport 2023  » Genre et politique » sur les représentations dans les médias

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Le livret de recommandations sur les représentations des politiques

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En 2020, l’institut publie son premier rapport « Genre et politique » sur les représentations médiatiques des politiciennes et des politiciens pendant l’élection du Conseil administratif de la Ville de Genève. Cette étude a permis la première édition des recommandations à l’attention des journalistes sur les représentations des femmes dans les médias, aujourd’hui revues et augmentées. La nouvelle édition ainsi que le rapport 2023 «Genre et politique» sont disponibles librement sur le site web de décadréE.

Rendre visibles les sportives

Rendre visibles les sportives


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Rendre visibles les femmes dans les médias consiste aussi à parler des sportives.

Afin de contribuer à la reconnaissance des sportives pro, les médias doivent travailler à problématiser et visibiliser les enjeux d’égalité dans le sport. Les femmes sont d’ailleurs très peu présentes dans les rubriques sportives.

Les différences salariales entre les hommes et les femmes pratiquant un même sport de haut niveau n’est que la pointe de l’iceberg des inégalités relayées par la presse. Beaucoup de sportives doivent lutter pour être reconnues par leur fédération, leurs sponsors ou parfois pour pratiquer un sport. En effet, le développement du sport professionnel féminin est aussi lié aux représentations que la société se forge de ces pratiques. Jugées moins performantes, moins impressionnantes, moins fortes… moins intéressantes. Les médias jouent donc un rôle dans la construction et la reproduction de ces représentations. Alors, si on ne parlent pas d’elles, comment rendre visible les inégalités dans leur pratique sportive?

L’institut décadréE vous propose une série de productions médiatiques récentes qui rend visibles des sportives ainsi que les dédales à parcourir pour leur entière reconnaissance: le cas des lutteuses suisses.

Photographie de Joshua Richter pour le site web de l'association romande de lutte suisse féminine.

« Elles portent la culotte », Le Mag de la rédaction de Sport Dimanche, RTS, 03.09.2023

« Lutte féminine: un combat qui ne se borne pas au rond de sciure », Blog. Musée national suisse, 01.09.2023

« Les lutteuses suisses se battent pour faire valoir leur place », 20 minutes, 10.08.2023

« La lutte suisse, une tradition qui se conjugue progressivement au féminin », L’illustré, 29.07.2023

« Les jeunes lutteuses suisses espèrent gagner en visibilité à l’occasion de la Fête fédérale de lutte féminine qui se tient à Tramelan (BE) », le 19:30, RTS, 24.06.2023

Journée du matrimoine

Journée du matrimoine


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A l’occasion de la Journée du matrimoine organisée par la Ville de Genève, l’institut décadréE est présent à la Collective.

En plein cœur de la ville, la Collective ouvrira ses portes en 2026. Elle sera nichée dans un bâtiment qui, depuis 1885, a successivement été un immeuble de logements, de bureaux, et même un musée.

La visite de cet édifice est l’occasion de revenir sur cette histoire, de présenter les plans du réaménagement à venir ainsi que les objectifs de ce projet collectif ambitieux qui rassemble de nombreuses associations féminines et féministes actives dans la promotion de l’égalité, de la prévention des violences sexistes et de la lutte contre la précarité à Genève.

La Collective est un lieu unique en Europe qui rassemblera dès 2026 des logements, un café, une garderie, une bibliothèque, des prestations directes aux femmes*, des personnes trans et/ou non-binaires , ainsi que des espaces de co-working, des bureaux, un centre culturel.

La Collective est un projet porté par la Fondation Maison des femmes*, créée en 2022, qui a pour ambition de devenir une actrice de référence pour les questions d’égalité, de genre et de droits des femmes.

Site web de la Collective

Venez nous rencontrer le 9 septembre et profitez d’une des 3 visites du bâtiment avec des architectes.

En complément des nombreuses activités prévues dans le bâtiment, l’institut vous propose de découvrir l’exposition « Violence, des mythes à la réalité » autour de la BD « Le Seuil » de Fanny Vella. Parler des violences sexistes, c’est informer, sensibiliser et permettre à chacun et chacune de comprendre les enjeux et d’agir à temps.

Le Lab vous présentera de son côté son projet de capsules vidéos sur l’histoire des féminismes en Suisse romande, autour des archives du magazine féministe l’émiliE!

Le programme

Les associations membres du Réseau femmes* – Aspasie, Aux 6 logis, Camarada, décadréE, Découvrir, F-information, SOS Femmes, Viol-Secours, Voie F et We can Dance iT – organisent une variété d’activités autour de l’égalité et des questions de genre.

A 17h00, l’artiste féministe Catherin Schoeberl commence une performance gravée.
A 18h00, « Cris du corps », performances parlées de l’artiste de slam Klimte et l’artiste Anaïs Virg, organisées par BØWIE Gallery.

L’ensemble du programme de la Journée du Matrimoine sur le site de la Ville de Genève.

Samedi 9 septembre, en continu de 09h00 à 18h00
Visites guidées à 11h00, 14h00 et 16h00 Performances à 17h00 et 18h00 20 Boulevard des Philosophes Participation libre, sans inscription – Maximum 40 personnes par visite

Événement organisé par la Ville de Genève, le Réseau Femmes* et BØWIE GALLERY.

Ensemble pour vous accompagner vers le changement

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Révolutionnez votre communication : illustration, écriture, vidéo, prise de parole. Prenez conscience des enjeux de genre dans les contenus et participez à nos formations selon vos besoins.

Voici notre programme de cet automne.

Institut de recherches et de formations et laboratoire d’idées sur l’égalité dans les médias, décadréE propose des formations dans les domaines de la communication et écriture inclusives ainsi que traitant des thématiques égalité et médias.

L’institut propose également, au travers de son laboratoire, le Lab, des ateliers de réflexion et de création pour se familiariser avec le monde des médias.

DécadréE, à la fois ancré dans la réalité du terrain et attentif aux changements et aux tendances, enrichit ses compétences et ses ressources au travers de son pôle de recherche pour vous proposer des prestations actuelles et de hautes qualités.

ÉCRITURE CRÉATIVE

Ce qui nous fait avancer

Dans le cadre de la Semaine du Bénévolat, le Lab te propose deux ateliers pour mettre en mots ce qui nous pousse à nous engager.

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FORMATION AUX JOURNALISTES

Traitement médiatique de l’asile, du suicide et des violences sexistes

En mettant en perspective trois thématiques d’intérêt public, nous proposons de questionner l’impact des médias, leurs forces et les risques liés à la valorisation toujours plus rapide de l’information.

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EXPRESSION CRÉATIVE

Illustration, inclusivité et création de Zine

L’atelier propose une réflexion autour des visuels inclusifs et des représentations qui nous entourent, la façon dont nous les créons, choisissons et percevons.

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ÉCRITURE INCLUSIVE

Pour toucher un plus large public

Afin de vous familiariser avec la communication inclusive et l’intégrer à vos pratiques professionnelles, nous organisons, un cours conçu spécifiquement pour les métiers de la rédaction et de la communication.

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INITIATION AU PODCAST

Se lancer depuis sa chambre!

L’atelier présente les étapes de la création de podcasts et donne les clés pour pouvoir lancer ses premières créations sonores.

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INITIATION À L’ÉCRITURE JOURNALISTIQUE

Rédiger des articles plus représentatifs et inclusifs!

La formation à l’écriture journalistique explore les règles de base de l’écriture journalistique, mais également la préparation d’un article, le contact avec les intervenant-e-xs ou la vérification.

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PARLER EN CONFIANCE AUX MÉDIAS

Gagnez en assurance face aux médias et prenez votre place avec un message clair et impactant

Que se passe-t-il dans votre tête lorsque vous devez prendre la parole en public ou dans les médias ? Vous est-il déjà arrivé de refuser une intervention par crainte ou convaincue que vous n’étiez pas légitime ? Et si nous travaillons ensemble pour que vous gagnez en assurance ?

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ÉCRITURE INCLUSIVE NON-BINAIRE

Pour une langue qui inclut au-delà de la binarité

Avec une personne experte et concernée, décadréE propose une formation sur l’écriture inclusive non-binaire, pour (re)découvrir comment inclure toute personne au delà de la binarité et mettre en pratique des outils dans la langue.

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ÉCRITURE INCLUSIVE ET ACCESSIBLE

Une langue avec et pour chaque personne

Afin de vous familiariser avec l’écriture non-sexiste et accessible et l’intégrer à vos pratiques professionnelles, nous organisons un cours d’écriture incluant pratique et discussion. Cette formation est réalisée avec Vision positive, partenaire en matière de déficience visuelle.

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Les candidates font-elles peur?

Les candidates font-elles peur?


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Le traitement médiatique des candidates et candidats au Conseil d’Etat genevois

L’institut décadréE a suivi les élections genevoises au Conseil d’État et au Grand Conseil ainsi que la représentation dans les médias des candidates et des candidats. De manière générale, l’institut constate que les journalistes et les médias se préoccupent à ne pas reproduire de sexisme. Celui-ci se révèle pourtant à l’analyse du traitement médiatique des candidates et des candidats. Si les écueils sont rarement volontaires, ils se manifestent souvent par la reproduction des représentations sociales attendues selon le genre.

Est-ce que les candidates font peur? Du moins, les dernières élections qui ont eu lieu en Suisse romande se démarquent par un nombre de candidates plus élevé qu’auparavant. Pour le canton de Vaud, les élections du Grand Conseil de 2022 sont marquées par 39% de candidates, soit 5 points supplémentaires qu’en 2017 (1). A Genève en 2023, 39% de femmes figurent sur les listes de candidatures, pour 36,9% en 2018 (2). Or, si le taux de candidates progresse de quelques points à chaque élection, il est encore loin de la parité. De plus, cette progression est traitée par les médias comme une menace pour l’équilibre politique. Un vocabulaire guerrier ou infantilisant dépeint encore trop souvent les candidates en leur défaveur.

Après le monitorage des élections au Grand Conseil puis celui du Conseil d’État, voici l’analyse textuelle de la couverture des élections du Conseil d’État Genevois. Ce décryptage des portraits des candidat-es boucle le triptyque du monitorage des médias des élections genevoise de 2023. Cette étude est soutenue par le Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences du Canton de Genève.

Lire aussi : Les élections au Grand Conseil genevois et Élection du Conseil d’État genevois

Décryptage

Schématiquement dans les représentations médiatiques, les femmes sont définies par leur corporalité féminine, aussi les décrit-on physiquement beaucoup plus souvent. Les hommes sont définit par leurs actions, leurs expertises et réalisations étant mises en valeur. La publicité a depuis longtemps utilisé ces représentations, la presse aussi reprend ces stéréotypes.

Dans la publicité, les femmes montrent leurs corps, les hommes montrent le produit. (3)

Buvard Gaz / Eau chaude sur mesure (année inconnue)
Chaudières Pacific et Pierre Fix-Masseau (1958-1960)

Dans la presse, les femmes posent pour la photo, les hommes montrent leur travail.

Femina | édition du 29 août 2021
L’illustré | édition du 16 décembre 2020

De plus, la répétition de certains motifs reproduit des stéréotypes. A titre d’exemple, une interview de 2022 d’une journaliste télévisuelle revient sur ses tenues vestimentaires cinq fois dans l’article. Dès le chapô, à la légende d’une photographie puis trois des seize questions publiées, soit presque un cinquième des questions, abordent son apparence vestimentaire. Parler des vêtements de la personne interviewée n’est pas nécessairement sexiste mais l’insistance sur de telles thématiques peut le devenir, considérant que les femmes doivent forcément accorder plus d’importance à leur tenues que les hommes (4).

A cela s’ajoute l’utilisation de champs lexicaux spécifiques selon le genre représenté, qui peuvent également reproduire des stéréotypes. En 2020, décadréE analyse la couverture médiatique des élections du Conseil administratif de la Ville de Genève et constate que « 70% des articles portant sur des femmes contiennent un vocabulaire de l’émotion pouvant aller de la description d’émotions vives, voire incontrôlées « coup de sang », « passionaria », à la description d’émotions liées à l’amour. On parle ainsi de « coup de foudre » avec une région ou « d’épouser » un style, autant d’expressions absentes des articles représentant des hommes ».(5)

L’usage d’un vocabulaire genré, sexiste et dévalorisant est d’autant plus remarquable lorsque ce dernier est repris dans les titres, les mises en exergues et les chapôs. En effet, les passages mis en avant accentuent souvent les stéréotypes et jouent un rôle essentiel dans la reproduction du sexisme. Cette présente analyse permet donc de mettre en lumière les principaux phénomènes de discrimination liée au genre dans les représentations des candidates et des candidats.

Le traitement médiatique des candidates et candidats

Dans l’analyse des élections genevoises de 2023, plusieurs écueils sont retenus. Tout d’abord, le vocabulaire spécifiques au féminin ou au masculin est systématiquement recensé. Ensuite, l’institut de recherche a retenu toutes les citations de l’entourage : en les étudiant, il ressort qu’elles sont aussi fortement orientées par le genre. Enfin, les discriminations liées au genre touchent tout le monde et s’accompagnent d’autres forme de préjugés. Les hommes peuvent en être victimes, notamment s’ils ne correspondent pas aux critères attendus de la masculinité.

Pour réaliser cette analyse, vingt-cinq portraits, parfois suivis ou précédés d’un entretien, ont été décryptés.

Particularités des articles analysés

Vocabulaire orienté par le genre

Une représentation médiatique différenciée selon le genre renvoit les femmes et les hommes à des stéréotypes qui décrédibilisent en particulier les candidates. La distinction entre les hommes et les femmes assigne les personnes à des rôles genrés et les hiérarchise. Socialement, les hommes sont jugés plus nobles que les femmes, plus efficaces ainsi que plus légitimes en politique. C’est pourquoi, il est primordial de comprendre et détecter ces biais lexicaux afin de créer de nouveaux modèles en politique.

En 2020, l’étude de décadréE des représentations des candidat-es politiques dans les médias relève que le vocabulaire choisi diffère selon le genre des personnes portraiturées. Ainsi, 70% des portraits de candidates fait appel à un lexique émotionnel pour 36% des candidats et 50% des femmes sont décrites physiquement pour seulement 27% des portraits d’homme. Les mêmes schémas représentatifs se dessinent en 2023. Voyons de plus près les champs lexicaux les plus présents.

Les candidates sont plus concernées par un lexique infantilisant les renvoyant à une éternelle jeunesse professionnelle ou par la présence d’éléments adjuvants leur carrière. Le lexique infantilisant va même jusqu’à renvoyer une candidate à l’état de nourrisson, utilisant l’expression « biberonnée à la politique » pour parler de sa présence dans les sphères politiques. Par ailleurs, elles sont volontiers décrites comme de « jeunes femmes », leur scolarité étant également mentionnées, même lorsqu’elles ont une longue carrière derrière elles. Le terme « petite » remplace celui de « jeune », si ce second devient inadéquat à la situation. De leur côté, les candidats sont de « jeunes hommes » uniquement parce qu’ils ont moins de 30 ans et la mention de leurs études commence généralement à l’université.

Tant pour les hommes que pour les femmes la description de la « jeunesse » des candidat-es remet en question les compétences et capacités à exercer la fonction politique. Ce motif est largement accentué pour les candidates. La figure du « père » (ou d’autres personnes de l’entourage familial) représente un mentor essentiel ou un élément clé de leur carrière. Le mentor est également un élément narratif des carrière masculine mais bien moins prépondérant et, surtout, bien moins infantilisant.

Si les candidats ont aussi des mentors familiaux, ils sont toujours acteurs de leur carrière tandis qu’elles sont infantilisées.

Un bon nombre de portraits font par ailleurs allusion au caractère « belliqueux » des candidat-es, prêt-es à guerroyer pour un siège au Conseil d’Etat. Ce champs lexical était déjà présent dans 80% des portraits de candidates en 2020 contre 55% des portraits de candidats. Historiquement, la guerre est plutôt l’apanage des mâles. Dans ces cas de figures, des caractéristiques masculines sont empruntées pour décrire la compétitivité des candidates. Le vocabulaire du combat viril décrit ainsi désormais aussi des candidates. Or, son usage glisse parfois en leur défaveur : virilisées, elles en deviennent contre-natures, voire dangereuses pour l’équilibre politique. Ainsi, la candidate « fonceuse qui fait feu de tout bois » devient progressivement une « tueuse » et une « fossoyeuse ». Une autre est décrite comme la « combattante à l’assaut de l’exécutif ». Plus loin, on dit d’elle qu’elle « a de la peine à négocier ».

Taux de l’usage du vocabualire guerrier selon le genre de la personne.

Les femmes, dangereuses pour l’équilibre politique ? Un leitmotiv souvent repris par la presse quand il s’agit de couvrir des élections. Les femmes deviennent une menace pour les hommes en politique. La presse suisse en 2022 a largement véhiculé cette image de déferlante féminine menaçante pour les (hommes) politiques, les titres illustrant des femmes menaçant « les sièges masculins », allant jusqu’à craindre pour « leur existence politique ». Voici quelques exemples des titres couvrant l’actualité politique en matière d’égalité (6).

Exemple de titres parus lors de la couverture d’actualités politiques en 2022

Faire attention aux biais et aux clichés dans le vocabulaire utilisé. DécadréE recommande d’éviter les biais de genre dans l’écriture et d’utiliser un vocabulaire neutre ainsi que d’éviter de comparer les femmes avec les membres masculins de la famille et de ne pas l’utiliser afin d’interroger leur légitimité à prendre un poste de pouvoir.

Avis de l’entourage politique et professionnel

Afin de donner un caractère objectif, l’ajout d’avis externes permet de nuancer ou d’éclairer la narration des portraits et de sourcer leur parcours. Premier constat : seuls les hommes se passent de ces sources externes. Les journalistes insèrent dans tous les portraits de femmes un ou plusieurs avis. Second constat : si les avis sont bien souvent partagés et nuancés, le savoir-être des candidates est souligné dans 100% des articles, parfois modéré par la mention de leur expérience ou leur performance. A l’inverse, lorsqu’il s’agit de décrire les hommes, certaines sources se contentent d’énumérer leurs accomplissement et leurs réalisations sans un commentaire sur leur attitude.

Taux d’insertion d’avis de l’entourage et types de description

Les femmes sont perçues professionnellement au travers de leurs attitudes, soit leur savoir-être, et non au travers de leurs réalisations, un attribut très masculin. On définit les femmes pour leur nature féminine et non pour ce qu’elles font. Par ailleurs, « être femme » présuppose aussi que les thématiques « féminines » telles la conciliation des vies et l’engagement féministe soient inhérentes à leur nature. En d’autres termes, les questions d’interviews sont elles aussi orientées par le genre de la personne interviewée. Les thématiques « féminines » sont abordées de manière quasi systématique par les journalistes lors d’interview d’une femmes dirigeante ou de pouvoir (7).

Concernant le corpus analysé, sur les quatre entretiens de candidat-es (deux femmes et deux hommes), la thématique féministe est amenée dans deux d’entre eux. Interrogeant une candidate sortante, c’est la journaliste qui amène la thématique. Pour un autre entretien, c’est le candidat qui aborde spontanément dans sa réponse les questions d’égalité.

Si sept articles du corpus reproduisent de manière problématique des clichés sexistes, cinq concernent des portraits de femmes. A l’inverse, quatre articles seulement ne recensent aucune forme de problématique, soit deux portraits de femmes et deux portraits d’hommes. Pour considérer un article problématique parce qu’il reproduit du sexisme, il faut que :

  1. Plus de trois biais soient recensés;
  2. Un ou plusieurs biais soient répétés et soulignés ;
  3. Un biais ou plusieurs biais soient ouvertement sexistes ;
  4. La reprise de propos sexistes ne soit pas argumentée et remise en perspective.

Les biais, leur emplacement et leur récurrence dans les articles sont analysés selon une grille spécifique codée. Une fois recensés, les biais sont à nouveau analysées contextuellement, afin de détecter d’autres intentions narratives. A titre d’exemple, une métaphore vestimentaire revient dans plusieurs articles pour parler de manière figurée de la fonction de magistrat-e. Or, le vêtement n’est pas le même s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Les magistrats portent « le costume » tandis que les magistrates, « l’habit ». Simple coïncidence ou sexisme ordinaire ?

Toujours concernant la description de l’apparence des candidat-es, si elle a lieu, celle du physique des hommes se concentre sur les attributs masculins. Aussi mettra-t-on en avant une cravate, une stature imposante ou une « voix puissante ». Si l’accent descriptif des attributs physiques peut être sexiste ou dévalorisant pour les unes, il ne l’est pas forcément pour les autres, soulignant l’adéquation avec le milieu politique.

Visibiliser des femmes dans tous les domaines. DécadréE recommande de ne pas essentialiser l’expertise des femmes et des hommes et de prendre en compte la pluralité des domaines de compétences. Est-ce que l’article évite les stéréotypes de genre (associer les hommes avec un vocabulaire actif, les femmes avec un vocabulaire passif) ? Est-ce que la féminité est le focus central de l’article interrogeant une femme ?

Sexiste, mais pas que !

Les candidates ne sont pas les seules victimes de discriminations basées sur le genre car les représentations médiatiques genrées touchent aussi les candidats surtout si leur apparence physique ne correspond pas aux masculinités hégémoniques. Les mêmes écueils que pour les portraits de candidates se dressent : focus insistant sur l’apparence et valorisation du savoir-être. Si le sexisme n’épargne personne, en raison de la hiérarchie entre hommes et femmes qu’il crée, il n’est pas du tout valorisant d’être perçu avec les codes féminins pour un homme, notamment dans les milieux politiques. A l’inverse, il peut être gratifiant d’être décrite avec les codes masculins, pour autant qu’ils restent mesurés. D’où certainement l’abondance du langage guerrier pour certaines candidates.

A cela s’ajoute d’autres discriminations comme l’âgisme ou le classisme, par exemple, souvent entrecroisés. S’il semble raisonnable de questionner l’expérience d’un-e jeune candidat-e pour un poste de magistrat-e, la limite d’âge est cependant appréciée différemment selon le genre, mais également l’origine politique de la personne concernée. Il va de soi que la stratégie de communication des partis et des candidat-es a également un rôle non négligeable à jouer. Aussi la réitération de ces différenciations basées sur le genre réaffirme la présence encore contre-nature des femmes (et des moins de 30 ans) dans les sphères politiques et décisionnelles de l’État sans pour autant que l’article soit problématique en soi.

DécardéE recommande d’avoir conscience de l’importance des médias dans la construction des représentations. Réduire les femmes à leur genre, participe à effacer la diversité des vécus et des parcours et à invisibiliser les compétences de chaque femme. Lors de la description physique, demandez-vous si vous vous attardez sur des attributs soulignant le genre (cravate pour les hommes, couleur du rouge-à-lèvre pour les femmes) et demandez-vous si c’est essentiel au récit ?

Cette étude est possible grâce au soutien du Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences du Canton de Genève.

Lire aussi Les élections au Grand Conseil genevois et Élection du Conseil d’État genevois.

EN SAVOIR PLUS

(1) Les chiffres de l’égalité – Vaud 2022, Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes (BEFH) et Statistique Vaud (StatVD)
(2) « Candidat, dis-moi d’où tu viens! », Tribune de Genève, 16.02.2018
(3) Le Sexisme dans la publicité française, Rapport de l’Observatoire de la publicité sexiste, 2019-2020, janvier 2021, Résistance à l’Agression Publicitaire.
(4) « Hannah Schlaepfer: «J’aimerais créer une émission politique au ton décalé» », L’Illustré, 10.03.2022.
(5) Étude décadréE, Genre et politique, représentation dans les médias, mars 2020.
(6) « Médiatisation des femmes politiques : grande absence ou surreprésentation?« , décadréE, 14.03.2023.
(7) Etude Mots-Clés pour SISTA X Mirova Forward sur Le traitement médiatique des entrepreneuses et dirigeantes, mars 2022.

Recueillir un témoignage

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Le témoignage est un élément essentiel pour transmettre des récits et informer sur les violences. Certaines personnes considèrent, que partager peut être bénéfice. Cela peut être une manière de reprendre une part active dans leur histoire . Cependant, c’est également une chose très délicate.

Témoigner c’est en effet se replonger dans les situations violentes et revivre le traumatisme. C’est aussi mettre en danger son anonymat et risquer de réactiver la violence.

Voici quelques recommandations pour assurer un témoignage adéquat:

Nous conseillons de passer par des professionnel-les qui peuvent en discuter en avance avec les personnes, afin de s’assurer que les meilleures conditions soient réunies.

Au besoin avoir des ressources pour ancrer la personne et des adresses d’aide pour lui transmettre.

Chaque histoire est différente et complexe. Lors de la récolte du témoignage, il est important de prendre le temps pour comprendre et créer un lien de confiance avec la personne témoignant.

Il est important de créer une atmosphère bienveillante, confiante et confidentielle. On peut laisser le choix à la personne du lieu et d’être ou non accompagnée.

Ne pas hésiter à exprimer son intention de «mettre la personne à l’aise », de « lui permettre de se sentir en sécurité » sans pour autant l’infantiliser.

On peut par exemple contacter/rencontrer la personne en amont pour lui expliquer la démarche/le projet et en profiter pour lui demander ce qui d’après elle peut être mis en place pour que le témoignage se passe au mieux.

Dans le cas de témoignage, il est d’autant plus important de ne pas rentrer dans les biais et les mythes entourant les violences sexistes. Il est notamment primordial de ne pas questionner sur le comportement ou le contexte. On ne fera pas non plus de commentaires sur la manière dont la personne relate son récit.

Ne pas hésiter à préciser au début de l’entretien et/ou avant une question délicate que la personne peut choisir de ne pas répondre à une question ou corriger la personne récoltant le témoignage si une formulation / question est problématique.

On peut même demander à la personne les questions dérangeantes, auxquelles elle ne souhaite pas répondre.

Le temps de la prise de conscience est différent pour chaque personne. Il est important de prendre conscience que les mots ont un impact. Il est ainsi important de laisser les personnes poser leurs propres mots sur les violences vécues et de ne pas imposer un vocabulaire. On ne qualifiera jamais une violence sexuelle de viol avant la personne victime ou même un acte de violent avant qu’il ait été défini comme tel par la personne.

Les situations de relecture sont délicates dans les métiers du journalisme dans le cas de récit de violence, nous conseillons cependant fortement de travailler avec les personne victimes. Relater son récit n’est pas un acte anodin, collaborer activement avec les témoins permets de contrôler les informations et de s’assurer de la chronologie et des faits. Il permet aussi à la personne témoin de garder le pouvoir sur son récit.

En télévision et en radio, nous conseillons de trouver des stratégies afin d’éviter le floutage, les voix déformées engendrant un effet anxiogène. Si la victime souhaite rester anonyme, garantir son anonymat en ne divulguant aucune information permettant de la reconnaître ou d’identifier la personne auteure des violences.

Si la personne souhaite témoigner à visage découvert, l’informer des risques. Une victime témoignant peut se voir à nouveau confrontée à des situations de violences, insultes, messages, etc… de la part de la personne auteure, ou encore être poursuivie pour diffamation.

A la fin de l’entretien ou même durant celui-ci, ne pas hésiter à demander à la personne comment elle se sent / s’est sentie. La question permet de savoir si une pause est nécessaire mais permet aussi de ne pas quitter trop brutalement la personne. Elle permet aussi de se rendre compte de l’impact de l’entretien sur chaque personne.

Si témoigner n’est pas chose facile, recueillir un témoignage est également une chose complexe qui peut bouleverser et engendrer une charge émotionnelle importante.

Nous vous recommandons de prêter attention à vous-même. Pensez à étaler les récoltes de témoignages dans la durée. Prenez du temps pour vous et demandez si besoin une supervision.

Communiqué de presse – Résultats de la recherche sur le traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+

Communiqué de presse – Résultats de la recherche sur le traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+


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Communiqué de presse, Genève le 6 juin 2023

Une nouvelle recherche de décadréE, rendue publique le 6 juin 2023, établit un état des lieux sur le traitement médiatique des questions LGBTIQ+ en Suisse romande. Avec une moyenne en notation scolaire de 3 sur 6, les stéréotypes persistent.

Les résultats de l’étude de décadréE portent sur l’analyse de 2’940 sujets médiatiques (majoritairement des articles de presse) provenant de 19 rédactions romandes, entre juillet 2021 et novembre 2022.

Environ un article tous les deux jours, soit 8% des sujets, donne une définition inadéquate des thématiques LGBTIQ+, ce qui perpétue certains stéréotypes.

De plus, la parole des personnes LGBTIQ+ est absente de 70,3% des sujets médiatiques. Une absence qui n’est pas compensée par un avis expert, car 76,3% n’en contiennent pas non plus. « Ces données sont importantes car ces absences participent à biaiser les représentations des personnes LGBTIQ+ dans les médias, tout en les invisibilisant, analyse Noémie Schorer, responsable de projet chez décadréE. Ces absences vont également à l’encontre des recommandations. »

L’étude révèle également que la moyenne est différente en fonction des réalités sous-jacentes à l’acronyme LGBTIQ+. Par exemple, les sujets médiatiques sur les orientations sexuelles et/ou affectives ont une meilleure moyenne que ceux sur les identités de genre.

Ainsi, en collaboration avec la Fédération genevoise des associations LGBT, décadréE va continuer son travail de dialogue et de co-construction avec les médias sur les thématiques LGBTIQ+ commencé en 2021. « Nous avons des retours positifs sur les outils mis en place, de la part d’associations LGBTIQ+ et de journalistes, pour continuer à travailler ensemble sur ces questions, conclut Noémie Schorer, responsable de projet chez décadréE. Il y a en effet une responsabilité des médias face à ces représentations qui influencent l’opinion publique. »

 

Liens :

Pour télécharger le rapport et la synthèse

Pour consulter les recommandations

 

Contact :

Noémie Schorer, responsable de projet chez décadréE, noemie.schorer@decadree.com

Traitement médiatique des manifestations pour l’égalité de genre

Traitement médiatique des manifestations pour l’égalité de genre


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Recommandations

A l’approche de la Grève féministe du 14 juin 2023, l’institut décadréE propose une série de recommandations sur le traitement médiatique des manifestations pour l’égalité de genre.

Les mouvements de lutte pour l’égalité sont multiples. De l’organisation d’une soirée non mixte à l’appel général d’une grève nationale, ces manifestations proposent d’interpeler l’opinion publique et sont relayées par les médias. Sujets clivants, de nombreux biais non intentionnels peuvent être évités afin d’offrir un éclairage approprié sur les questions d’égalité de genre.

Visibilisation des différentes luttes

Les enjeux et luttes pour l’égalité de genre sont multiples. Évitez d’euphémiser les luttes par un traitement médiatique représentant les gestes et les engagements comme des comportements émotionnels, irrationnels ou infantiles. Par exemple, la question « d’aller trop loin » dans les luttes féministes réapparaît fréquemment et interroge leur rationalité ou leur légitimité.

DécadréE recommande d’éviter de hiérarchiser les luttes. Les formes d’engagement sont multiples. Pensez également à nuancer les sources en évitant les amalgames entre les expertises, prises de position collectives militantes et opinions personnelles.

Donner la parole aux personnes expertes, militantes et/ou concernées

Seuls 24% des personnes interrogées pour leur expertise dans les médias sont des femmes (1). Il arrive que, sous couvert de transmettre une information impartiale, les phénomènes discriminants ne soient pas éclairés correctement et que les contenus médiatiques soulignent et reproduisent une forme de discrimination. Lorsque vous donnez la parole, basez-vous sur des faits : pour leur donner un caractère objectif, demandez à ce qu’ils soient éclairés ou quantifiés et identifiez ensemble les problématiques.

DécardéE recommande d’avoir conscience de l’importance des médias dans la construction des représentations. Ne pas hésiter à discuter avec des personnes expertes, militantes et concernées pour éviter de reproduire des stéréotypes ou de les relayer sans les questionner.

Attention à la mise en récit

Seuls 5% des contenus médias en Suisse remettent en question les stéréotypes (2). A titre d’exemples, l’accès à l’espace public reste un enjeux majeur d’émancipation. Or, l’usage du terme « bisbille » -une querelle pour motif futil- pour parler du droit de manifester ou l’usage de l’adjectif « sauvage » pour aborder une manifestation non autorisée ou interdite porte un jugement sur le bien fondé des luttes. Également, le mot « ségrégation » remplace parfois le mot « non-mixité ».

DécadréE recommande d’utiliser un vocabulaire précis et d’éviter celui des discours hégémoniques, trop souvent porteurs de préjugés.

Conscience des thèmes clivants

Prendre la parole dans les médias est une exposition qui comporte des risques. Certains sujets sont clivants et génèrent quasi systématiquement des nuées de commentaires toxiques et haineux notamment sur les réseaux sociaux. Ils nuisent au débat et banalisent le sexisme ainsi que d’autres formes de discrimination. Les actions pour l’égalité font parti de ces sujets clivants. Les femmes et les personnes minorisées, entre autres LGBTIQ+, sont particulièrement victimes de ces violences.

DécadréE attire l’attention sur la modération des commentaires toxiques, sexistes et de haine autour des questions féministes et LGBTIQ+. La qualité très variable des commentaires vous interpellent aussi ? Le projet Stop Hate Speech propose des outils et conseils pour contrer ces discours.

DécadréE recommande de prendre garde à référer à une personne concernée par le sujet et d'assurer un entretien en toute sécurité. Demandez-vous si l'angle choisi contribue à défier les stéréotypes. Ayez conscience à l’écriture que certains sujets provoquent des réactions violentes de haine et de sexisme.

Images

En 2020 les femmes sont encore largement objectifiées dans les médias et « les images les représentant ne sont incluses que pour attirer l’attention des lecteurs »(3). Il convient donc d’attirer l’attention sur le choix des photographies illustrant les mouvements pour l’égalité de genre et de leurs place dans les articles.

DécadréE recommande de représenter chaque personne sans sexualisation abusive et de prendre conscience de l’impact des images. Les corps, notamment féminins, ne doivent pas être réduits à un faire-valoir ou une aguiche, notamment lors du choix de photographies où ils sont dénudés.

Biais et clichés dans le vocabulaire

Les articles portant sur des femmes contiennent en moyenne plus de mots liés au champ lexical de l’amour et de l’émotion (4). Les militantes sont des « pasionarias » ou alors il est précisé que les manifestantes sont « capables de répondre sans hostilité ». Cette écriture renvoie les femmes à des stéréotypes, tels des êtres passionnés enclins à l’hystérie ou bien encore forcément agressifs et renforce les stéréotypes sexistes.

DécadréE recommande de se demander si vous questionnez spontanément les femmes sur leur présupposé féminisme ou si ce sont-elles qui abordent ces thématiques. Attention à ne pas essentialiser les militant-e-xs et les allié-e-xs par un vocabulaire sexiste.

Usage de l’écriture inclusive

Les collectifs et mouvements pour l’égalité de genre sont attentifs à visibiliser les questions d’identité de genre ainsi que les personnes concernées. Il est important de reprendre leurs formulations inclusives et le langage non genré lors de la reprise de leurs communications officielles. L’institut a développé en partenariat avec la Fédération Genevoise des Associations LGBT un livret en libre accès de recommandations à l’attention des journalistes pour le traitement des questions LGBTIQ+.

Télécharger le livret ➞

DécadréE recommande de ne pas nominaliser et d’utiliser le terme « personnes » avant les adjectifs trans*/non-binaires/intersexes par exemple. Demandez aux personnes concernées comment il faut les genrer et respectez leurs limites, comme par exemple l’anonymat.

Ces recommandations ont été élaborées avec la participation des Collectifs romands de la Grève féministe.

Jeunes & représentations LGBTIQ+ dans les médias : résultats

Jeunes & représentations LGBTIQ+ dans les médias : résultats


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Que pensent les jeunes LGBTIQ+ du traitement médiatique des questions LGBTIQ+ en Suisse romande ?

Du 17 mai au 31 décembre 2022, nous avons questionné les jeunes LGBTIQ+ de Suisse romande (et leurs ami-e-x-s) pour leur demande leur avis sur le traitement médiatique des questions LGBTIQ+.

En vue du 17 mai 2023, nous vous invitons à découvrir leurs réflexions et leurs besoins dans les résultats de notre sondage ci-dessous. Encore un énorme merci à elleux pour leur participation !

Comment avons-nous récolté les résultats du sondage ?

  • Publics cibles visés : jeunes qui s’identifient comme LGBTIQ+, ou qui s’intéressent à ces thématiques
    jusqu’à 25 ans, en Suisse romande (canton de Berne compris)
  • Échantillon : 97 réponses obtenues
  • Réponses à des questions en ligne
  • Diffusion sur les réseaux sociaux et par mail, du 17 mai 2022 à décembre 2022 via les groupes jeunes
    des associations LGBTIQ+ de Suisse romande ou via les associations LGBTIQ+ de Suisse romande
  • 20 questions, tant qualitatives que quantitatives

Ce sont 97 jeunes LGBTIQ+ et leurs ami-e-x-s de toute la Suisse romande qui ont répondu à nos questions.

Comment s’informent les jeunes ?

Les réponses nous indiquent qu’iels ne s’informent pas qu’à travers des médias dits « traditionnels », mais qu’iels entendent « médias » au sens large du terme (Youtube, comptes instagram, sites internets associatifs et militants, podcast, etc.). Par ailleurs, 70 participant-e-x-s nous ont indiqué lire ou regarder des médias spécifiquement LGBTIQ+ (par exemple 360.ch, Komitid, Paint, Revue Well, Well, Well), contre 27 qui ne le font pas.

L’importance des médias sur ces questions…

Les jeunes trouvent en majorité qu’il est important que les médias traitent des thématiques LGBTIQ+ :

  • 72 disent que c’est très important
  • 24 disent que c’est assez important ou important
  • 2 estiment que c’est peu important
  • 1 n’estime pas important du tout

… mais une marge d’amélioration est nécessaire

Iels estiment que les médias ont une marge d’amélioration quant à la manière dont ils traitent de ces questions, et proposent des pistes de solution.

A la question, « Les médias traitent-ils correctement des questions LGBTIQ+ ? »
46 disent que pas tout à fait
32 disent plus ou moins
16 disent pas du tout
3 disent oui

Parmi les points à améliorer, les jeunes formulent des pistes de solutions :

  • Un langage plus approprié et correct, correspondant aux réalités
  • Une visibilité plus grande
  • Davantage laisser la parole aux personnes concernées
  • Voir ou lire des histoires de la « vraie vie », qui « finissent bien », pas qu’en lien avec les discriminations ou les violences, comme « tomber amoureux, avoir des enfants »
  • Plus de diversité dans les histoires racontées
  • En particulier sur les questions trans* et non-binaires : éviter le mégenrage et l’utilisation du « deadname », des sujets moins axés autour d’un débat d’opinions type « pour ou contre », lire ou voir des histoires de parcours de vie positifs
  • Davantage visibiliser les personnes plus vulnérables au sein de la communauté LGBTIQ+ : personnes non-binaires, personnes réfugiées, etc.

Les médias, une aide pour les jeunes LGBTIQ+ ?

Les résultats montrent également que les reportages, articles et histoires dans les médias sur les questions LGBTIQ+ sont importants pour les jeunes LGBTIQ. Même si les sujets médiatiques leur parlent, ils ne semblent pas décisifs dans leur questionnement ou coming out, mais restent importants. En effet, pour 61 des jeunes, les médias ont aidé face à ces questions. L’importance de l’exemplarité du traitement médiatique est donc ici à souligner, de même que le besoin d’identification.

Réponses à la question : « Est-ce que les reportages ou les histoires présentés par les médias sur les personnes LGBTIQ+ te parlent ? »

  • 36 disent un peu
  • 31 disent pas mal
  • 20 disent beaucoup
  • 5 disent totalement
  • 5 disent pas du tout

Réponses à la question « Est-ce que les reportages ou histoires te permettent de t’y identifier ? »

  • 35 disent un peu
  • 29 disent pas mal
  • 14 disent beaucoup
  • 7 disent complètement
  • 8 disent pas du tout
  • 4 disent que la question ne s’applique pas (jeune non-LGBTIQ+ directement)

Réponses à la question « Est-ce que les médias au sens large t’ont aidé-e-x dans ton questionnement ou ton coming-out ? »

  • 37 disent un peu
  • 24 disent totalement
  • 29 disent pas du tout
  • 7 disent que la question ne s’applique pas

 

Quel est le profil des jeunes qui ont répondu au sondage ?

Âge

Identification liée à l’identité de genre

Identification liée à l’orientation sexuelle et/ou affective

Ce sondage a été fait dans le cadre du programme média de décadréE et plus spécifiquement pour son projet de sensibilisation des journalistes au traitement médiatique des thématiques LGBTIQ+, en collaboration avec la Fédération genevoise des associations LGBT.

Élection du Conseil d’État genevois

Élection du Conseil d’État genevois


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L’arbre qui cache la forêt

L’institut décadréE a suivi les élections ainsi que la visibilité dans les médias des candidates. Au premier tour, l’équipe de recherche avait analysé les enjeux de médiatisations des candidates par partis et les avait comparés aux résultats… provisoires.

Si les résultats des élections du Conseil d’État sont indéniablement une avancée pour l’égalité -quatre femmes élues sur sept sièges- grâce aussi à une couverture médiatique des candidates très satisfaisantes, il reste que les enjeux politiques de visibilité des figures des partis baissent le nombre de femmes siégeant au Grand Conseil. Explications d’un paradoxe.

Retours médiatiques des élections

En préambule, il faut rappeler que les enjeux d’égalité en politique sont systémiques et ne reposent pas seulement sur l’électorat, les partis ou les médias. Tous détiennent une part de responsabilité face à ces enjeux. Au lendemain des résultats, puis les jours suivant, de nombreux médias constatent que jamais auparavant le Conseil d’État n’avait été aussi féminin. Oui, c’est un fait et il faut en parler. Suite aux élections de 2022, cinq femmes siègent au Conseil d’État vaudois. Cette année, le genevois en accueille quatre. Toutefois, concernant le traitement médiatique des femmes élues, l’écueil principal à éviter est la sursignification de l’effet d’exceptionnalité qui peut rapidement glisser vers des procès en illégitimité (1). Rappelons qu’a Genève, cela fait 63 ans que les femmes ont le droit de vote et d’éligibilité. Seules onze ont été élues au Conseil d’État depuis lors.

De plus, de nombreux préjugés rappellent encore qu’elles n’ont pas leur place en politique. Parmi les préjugés véhiculés les plus flagrants, les commentaires sexistes sur les forums de discussion des médias et sur les réseaux sociaux en sont un bon exemple. En marge des actualités politiques suisses de ces derniers mois, on lit que les femmes sont des “ménagères” et devraient “rester à la cuisine” ou bien encore que “femme politique” n’est pas “un travail”. Ces propos sexistes bien trop souvent banalisés nuisent au débat et participent à la discrimination.

Prendre la parole dans les médias, s’exprimer sur les réseaux sociaux est une exposition qui comporte aussi des risques. Les femmes et les personnes minorisées sont particulièrement victimes de ces violences. Les conseils de décadréE

Une belle visibilité médiatique des candidates au Conseil d’État

Tandis qu’au premier tour, 35 % des candidat-es étaient des femmes, elles sont 42 % au second, soit cinq femmes parmi les douze candidat-es. Les médias ont œuvré en faveur de la représentation de la diversité, veillant à ce qu’elles soient visibles. Au premier tour, 43 % des portraits, interviews et capsules vidéos présentent une candidate. Au second, leur apparition bondit à 62,5 %. Au final, quatre des cinq candidates encore en lice sont élues. Mais comment la visibilité des candidates peut-elle alors faire reculer la présence des femmes en politique ?

Nombre de femmes candidates au Conseil d’État par étape

Sources : site web du Canton de Genève, pages du Grand Conseil de Genève et des résultats des élections

Taux de représentation des femmes dans les médias

Source : Étude décadréE 2023.

Le paradoxe

Mise à jour le 10.07.2023
Rendre visible les candidates n’invisibilise pas les candidats. D’une part, les femmes sont sous-médiatisées car elle représentent 28 % des personnes mentionnées dans les médias suisses. D’une autre, elles sont également sous-représentées en politique, 32 % des sièges au Grand Conseil genevois de 2018 à 2023 sont occupés par des femmes. Or, 36 % de femmes sont élues en mars 2023. Mais il y a un mais. Malgré une médiatisation des femmes en grande progression lors de ces élections, la politique de visibilisation des candidates et des candidat par les partis a aussi un rôle à jouer.

Vous souvenez-vous des listes des candidat-es au Grand Conseil ? Les listes sont couronnées par les grandes figures des partis, certaines étaient, par exemple, également en lice pour le Conseil d’État. Et quand il s’agit de femmes, comme elles sont minoritaires (39 % de femmes figuraient sur les listes pour le Grand Conseil), les viennent-ensuite sont principalement des hommes. Le Grand Conseil de 2023 perd donc ces grandes figures féminines élues au Conseil d’Etat ou Conseil national, remplacées par des hommes à une exception près. Aussi,  siégent au Grand Conseil 2023-2028 31 femmes, soit un résultat en dessous du dernier mandat.

Pour récolter ces résultats, décadréE a décortiqué l’ensemble des portraits et interviews des candidates et candidats au Conseil d’État des principaux médias régionaux soit Le Temps, Le Courrier, La Tribune de Genève et Léman Bleu. Au total, 78 contributions ont été retenues et un échantillon est analysé au niveau des représentations discursives, lexicales et des effets de cadrage.  A lire ici.

Cette étude est possible grâce au soutien du Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences du Canton de Genève.

Lire aussi Les élections au Grand Conseil genevois

EN SAVOIR PLUS

(1) Etude Mots-Clés pour SISTA X Mirova Forward sur le traitement médiatique des entrepreneuses et dirigeantes, mars 2022.

Pour aller plus loin sur le concept d’exceptionnalité

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